Crise de la tomate marocaine : arrive en Espagne avec un faux code de traçabilité
Les divergences entre le Maroc et l’Espagne vont bien au-delà du passage de la frontière. Il y a quelques jours a éclaté la soi-disant « crise de la tomate », qui était déjà palpable depuis des années, mais qui s’est maintenant aggravée. La Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos et la Fondation Mundubat ont mis en lumière la mégalopole qui se construit au Sahara occidental. Le gros problème est que des tomates d’origine inconnue arrivent en Espagne. Et pour couronner le tout, les consommateurs ont le droit de connaître l’origine des tomates.
Au milieu du conflit politique, la controverse alimentaire a surgi, qui est décrite dans l’étude « Droits de l’homme et sociétés transnationales au Sahara occidental ». Ce document explique les multiples irrégularités qui ont lieu sur ce territoire. Le rapport détaille que cinq grands groupes commerciaux, dont beaucoup appartiennent à Mohamed VI et au ministre marocain de l’agriculture lui-même, exploitent des terres fertiles dans les territoires occupés du Sahara Occidental. L’une de ces sociétés est Les Domaine Agricoles, une société holding appartenant au roi du Maroc, dont les informations sont classées confidentielles.
De plus, les droits fondamentaux du peuple sahraoui sont violés et ils sont discriminés en matière d’emploi. Dans cette mégapole de tomates, les personnes embauchées sont des Marocains, ils n’embauchent pas de Sahraouis parce qu’ils s’en méfient et parce qu’ils cherchent une main-d’œuvre un peu qualifiée.
LES PRODUITS SAHARAWI NE POUVAIENT PAS ENTRER EN EUROPE
Cependant, l’un des principaux problèmes de cette mégalopole qui touche les consommateurs espagnols et européens est l’opacité de son étiquetage. Comment savoir si le produit que nous consommons provient réellement du Maroc ou du Sahara ? C’est impossible.
« La question de la traçabilité est la chose la plus importante. La première chose que le COAG a dénoncée il y a des années était que, dans le cadre de l’accord d’association, les produits sahraouis ne pouvaient pas entrer parce que l’accord était Maroc-Union européenne. Cela a été poussé à l’extrême avec un procès devant la Haute Cour de justice de l’Union européenne qui nous a donné raison. Elle nous a dit que l’accord était illégal, qu’il ne couvrait que les produits marocains et pas les produits sahraouis. La Commission européenne l’a corrigé en justifiant l’accord, en regardant une annexe et en disant que l’accord couvrait également les produits sahraouis. Finalement, c’est ce que le Maroc voulait », explique Andrés Góngora, responsable du COAG Fruits et Légumes.
Il explique également que « les sociétés qui se sont installées au Sahara sont toutes marocaines et la plupart d’entre elles ont d’autres exploitations à Agadir. Il s’agit d’échanger un produit contre un autre sur le territoire marocain. La Commission devrait y faire pression ».
Ce fait viole le droit du consommateur à connaître l’origine du produit qui arrivera plus tard à son domicile. Ce droit est reconnu par l’Union européenne et pourtant, bien qu’elle en ait connaissance, elle ne fait rien pour y apporter une solution. « La traçabilité est obligatoire pour les producteurs et elle n’est pas faite. Le Maroc en tant qu’état refuse catégoriquement d’avoir un label européen qui dit ‘Origine Sahara Occidental’ parce que cela reviendrait à reconnaître l’état sahraoui et il ne le veut pas », argumente Góngora.
« LA COMMISSION EUROPÉENNE JOUE AVEC NOTRE SANTÉ »
Il est vraiment étonnant que la Commission européenne ne fasse rien pour résoudre le problème de la traçabilité des produits. S’il y a un produit qui génère un problème de santé chez le consommateur, la traçabilité sert à savoir de quelle ferme, de quelle exploitation il provient. Ne pas disposer de ce code est donc une infraction très grave. « Il est impossible de récupérer le code de traçabilité après qu’il ait quitté la production et qu’ils aient mis un faux code dessus. La Commission joue avec le feu, elle joue avec notre propre santé », déclare le directeur du COAG.
Le grand dommage économique de tout cela est l’Espagne et, en particulier, les vergers du Sud. Almeria a été caractérisée pendant des années comme étant le grand producteur de tomates, mais aujourd’hui, le principal fournisseur du pays est le Maroc.
L’Union européenne a-t-elle l’intention d’agir et de défendre l’Espagne ? Le gouvernement espagnol a-t-il l’intention de se lever et de défendre son produit ? Et qu’en est-il des supermarchés ? Vont-ils opter pour le produit national ou pour la tomate importée du Maroc après avoir appris les irrégularités dans sa traçabilité ?
Merca2, 16 juin 2021
Etiquettes : Espagne, Union Européenne, UE, Maroc, tomates, code de traçage, fraude, importation, exportation, fruits, légumes,
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