Quand Rabat joue sur la détresse de Ghaza

Le Maroc accuse lAlgérie dempêcher le passage dune caravane humanitaire pour Ghaza via ses frontières terrestres.

Le Maroc remet ça! Il revient à la charge pour la réouverture des frontières algéro-marocaines. La nouvelle partition affabulatrice marocaine se joue sur la détresse des enfants de Ghaza. «Les autorités algériennes ont refusé dautoriser le passage dune caravane internationale par les frontières terrestres maroco-algériennes pour briser le blocus sur Ghaza. Lesquelles frontières ont été fermées depuis 1994», a rapporté le site marocain Moheet.com. Cette caisse de résonance du Royaume chérifien joue sur les amalgames. Elle a repris des passages dun article publié dans le journal El Qods El Arabi, paraissant à Londres, pour donner du crédit à ses propos. Pis, elle sest prêtée au jeu des contre-vérités historiques. Laide humanitaire pour Ghaza nest quun prétexte pour atteindre lobjectif politique recherché par le Maroc. Le Makhzen veut la réouverture inconditionnelle des frontières.

Une réouverture qui ferait fi des injustices commises par le Maroc à légard de lAlgérie. Que les choses soient claires: les frontières algéro-marocaines resteront fermées tant que les conditions posées par Alger ne sont pas remplies. Ces conditions concernent les excuses officielles du Maroc pour les accusations portées contre lAlgérie dans les attentats de lhôtel Asni de Marrakech, commis en 1994. A lépoque, les autorités marocaines ont accusé les services algériens dêtre derrière ces attentas qui ont coûté la vie à deux touristes espagnols. Les recherches effectuées par les services du Makhzen ont révélé que les deux terroristes, auteurs de lattentat, navaient aucun lien avec les autorités algériennes. Il sagissait de deux Français dont lun est dorigine marocaine et lautre algérienne. 

La deuxième condition est liée à la restitution des biens aux Algériens résidant au Maroc à lépoque de ces faits. Ces derniers ont été expropriés de leurs propriétés. Pis, les autorités marocaines les ont expulsés manu-militari vers lAlgérie. Les ressortissants algériens ont été victimes dune véritable chasse à lhomme orchestrée par le Makhzen. Aussi, la monarchie a imposé le visa pour tous les Algériens désirant se rendre au Maroc, y compris les étrangers dorigine algérienne. 

Le Royaume chérifien veut se dédouaner de tous ses abus. Ses clairons médiatiques affirment que lAlgerie a fermé ses frontières en réponse au refus de Rabat de délivrer des visas aux Algériens. Seulement, ils font semblant doublier que le Maroc a été le premier à avoir fermé ces mêmes frontières de son côté.

Pour réclamer leur réouverture, Rabat doit reconnaître officiellement ces faits. Aussi, elle doit afficher une volonté politique réelle pour oeuvrer à lassainissement de tous les contentieux avec Alger.

LAlgérie a toujours affiché sa disponibilité à raffermir les relations entre les deux pays. Le message de félicitations adressé par le président de la République Abdelazize Bouteflika au roi Mohammed VI, à loccasion du 11e anniversaire de son intronisation. «Je tiens à réaffirmer ma ferme détermination à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères et au service de leur prospérité et progrès», a affirmé le président algérien au souverain marocain. Cest dire que lAlgérie est restée constante dans sa conception de ses relations avec la monarchie. Cette constance fait face à lincohérence des positions marocaines. Après avoir fermé ses frontières en 1994, le Maroc accuse Alger de vouloir les maintenir fermées. Et il joue à la victime dans cette affaire alors quil est victime de ses propres erreurs politico-stratégiques.

Mohamed Sadek LOUCIF
L’Expression, 19/9/2010

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