Expropriation des terres des algériens par les autorités marocaines Black-out de Rabat sur le litige

Expropriation des terres des algériens par les autorités marocaines
Black-out de Rabat sur le litige

Les Algériens propriétaires de terres agricoles au Maroc ont été dépossédés de leurs biens en vertu du dahir royal du 2 mars 1973. Le royaume chérifien a indemnisé tous les étrangers ayant été spoliés, à l’exception des Algériens. 

Le traitement du problème des Algériens expropriés au Maroc bute sur l’absence de volonté de dialogue à ce sujet chez les autorités marocaines. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah, déplore cette situation. «L’Algérie préfère agir dans un esprit de responsabilité par le canal gouvernemental, mais à l’évidence il y a de très mauvaises dispositions à dialoguer», a-t-il déclaré lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. M. Benatallah réaffirme, dans la foulée, que les ressortissants algériens victimes d’expropriation n’ont «perçu aucune indemnité». «Notre communauté, dans certains pays, devrait jouir des mêmes droits que les autres communautés étrangères. Ce fait n’est pas nouveau et le contentieux dure depuis des décennies», a-t-il noté, sans préciser si des démarches étaient en cours pour défendre les droits des personnes concernées pas le problème. «Le dossier reste ouvert avec les autorités marocaines», a-t-il lancé.

Le nombre de personnes concernées par ce problème est actuellement de 273, qui possédaient près de 20 000 hectares. L’expropriation des Algériens remonte au début des années 1970. Les propriétaires des terres agricoles à Oujda, Guercif, Agadir, Taza, Berkane, Casablanca, Nador et Fès ont tous été dépossédés de leurs biens en vertu du dahir royal du 2 mars 1973. Depuis, leur problème est resté pendant. Pis encore, le royaume chérifien a indemnisé tous les ressortissants étrangers ayant été spoliés, à l’exception des Algériens. Pourquoi le royaume chérifien s’acharne-t-il contre nos ressortissants ? Pourquoi les autorités algériennes ne se sont-elles pas intéressées à leur situation durant toutes ces années ? Elles ont été pourtant alertées par les concernés. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Lors de la visite qui l’a conduit, en août dernier, au Maroc et dans la région de Berkane (à 60 km de Oujda), M. Benatallah avait affirmé que la question des Algériens dépossédés était au centre des préoccupations du gouvernement. «La question des ressortissants algériens établis au Maroc dépossédés de leurs terres agricoles, représentant des centaines d’hectares et non indemnisés, est au centre des préoccupations du gouvernement algérien, d’autant plus qu’à l’inverse, des ressortissants européens dans la même situation ont pu recouvrer leurs droits», avait-il déclaré. Le secrétaire d’Etat s’est dit «disponible à examiner tous les dossiers en suspens, pour peu que le partenaire affiche un tel état d’esprit». Mais il semble que ce n’est plus le cas pour le moment.

Pour rappel, la communauté algérienne établie dans cette région du Maroc compte 7250 ressortissants immatriculés auprès du consulat. Parmi cette communauté, 5500 sont sans emploi et ne comptent que sur le secteur de l’informel, les petits métiers et les tâches à la commission pour subvenir à leurs besoins. Seuls les médecins, les ingénieurs, les pharmaciens et les avocats établis dans ce pays s’en sortent bien.

Madjid Makedhi
El Watan, 28/9/2010

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