Gilles de Kerkhove : Les ravisseurs ne sont pas les payeurs

LE COORDONNATEUR DE LA LUTTE ANTITERRORISTE DE LUE CONSIDÈRE QUE LEUROPE EST «DÉSORGANISÉE» FACE AU PAIEMENT OU NON DES RANÇONS

Gilles de Kerkhove, Monsieur antiterrorisme de Bruxelles, a dressé un constat sans appel et sans triche de létat de lUnion dans ce domaine. Bilan amer et alarmant.

De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari

Ses propos sont amers, réalistes, aux antipodes des déclarations lénifiantes connues jusqualors. Très remonté contre les apriori et les approximations concernant la région du Sahel, De Kerkhove a tordu le cou à beaucoup didées préconçues. La Chine dans la région ? «Son implication nest pas particulièrement importante». «Après lassistance technique, allusion sans doute à la théorie américaine post-bushienne, il est temps, martèlera-t-il, de passer à une mobilisation politique de lUE (…)» 

Gilles de Kerkhove, soutenu fortement par Cecilia Ruthstrom-Rvin (Unité de prévention antiterroriste de la Direction de loffice contre la drogue et le crime organisé ONU) estime que «les pays dAfrique de lOuest, notamment le Mali et la Mauritanie, ont fait lobjet dune radicalisation massive ». «La pauvreté, la sécheresse et la crise alimentaire, dira-t-il, nourrissent ce processus (de radicalisation, ndlr)». 

Pendant la séance de réponses aux questions des députés de la sous-commission défense et sécurité, Gilles de Kerkhove a acté les prises de position de Ana Gomes (socialiste), Sabine Lösing (Verts/NGL, DE) concernant le paiement des rançons. Les euro-parlementaires sindignaient de la banalisation de ce recours au chantage des ravisseurs. Notamment le chef des responsables français. La représentante de lONU au colloque a été on ne peut plus ferme. «Les règles de lONU considèrent illégal le versement des rançons.» En définitive, et Gilles de Kerkhove fait bien de la soulever, sur la question de l’antiterrorisme et sur tant dautres encore lUnion européenne narrive pas à accorder ses violons. Ici, on tire à hue et à dia. Au grand bonheur des ravisseurs et des preneurs dotages. Bruxelles reste impuissant à imposer une discipline à ses Etats membres. Dernier exemple en date : les cinq Français dAreva. Paris cherche, désespérément, à négocier pour payer rubis sur longle. 
A. M.

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