Les régimes dits fermés sont des régimes qui ne laissent aucune issue à la liberté d’expression, qui verrouillent tous les espaces et étouffent dans l’oeuf la moindre revendication et la plus minime des protestations. Les peuples ainsi muselés par l’Etat, via ses institutions de répression, ne retrouvent en fin de compte que la rue pour exprimer leur ras-le-bol. C’est que seule la rue échappe au contrôle de l’Etat et reste la voie la plus sûre malgré la répression de se faire entendre au-delà des frontières. Il y a certes les moyens modernes de communication via Internet: Facebook, Twiter, mais la rue demeure, un symbole d’expression. Si l’Etat possède toutes les forces de répression, les peuples possèdent au moins la rue. En Tunisie, comme en Egypte comme dans d’autres pays ayant connu de grandes manifestations populaires, les régimes sont réputés pour leur verrouillage, les peuples étaient obligés de sortir dans la rue pour crier leur colère.
Les soulèvements populaires ne se font pas sur Internet et ne se forment pas par correspondance. Ces outils permettent la mobilisation mais la rue reste l’unique espace d’expression, justement parce qu’il échappe au contrôle de l’Etat. C’est pourquoi, il appartient à celui qui l’occupe. La preuve si l’Etat fait souvent appel à ses forces de répression pour chasser les citoyens de la rue, c’est dans le but de s’en accaparer. La rue devient donc un enjeu stratégique entre forces de répression et citoyens protestataires.
Dans les cas de la Tunisie et de l’Egypte, l’Etat n’a pas réussi à chasser les citoyens d’où la chute des deux régimes même si en Egypte, la chute n’est pas, tout à fait, avouée. Et c’est pourquoi les Egyptiens maintiennent leur pression en occupant continuellement la rue. Et dans la rue, les différences sociales sont vite évacuées, il n’y a aucune différence entre riches et pauvres, entre travailleurs et chômeurs, entre intellectuels et illettrés. La rue est souvent plus juste que l’Etat, lorsque ce même Etat n’arrive pas à imposer la justice sociale telle qu’elle est vécue par les sociétés démocratiques.
Par BOUHALI Abdellah
Le Carrefour D’algérie,10/02/2011
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