La Russie en quête de marchés et de débouchés

Même les documents officiels axés sur la sécurité militaire soulignent qu’il est clair, aux yeux des autorités russes, que, conformément à une tendance globale, «les intérêts économiques deviennent plus importants par rapport aux intérêts politiques et militaro-politiques». Le «passage rapide à la croissance économique» est conçu par Moscou comme l’une des conditions décisives pour que la Russie puisse «s’assurer une place valable dans le monde», lit-on dans une analyse de la politique extérieure de la Russie post-communiste, publiée par Le Journal de la Paix. 

A ce titre, la politique extérieure de la Russie s’articule autour de deux objectifs majeurs : la sécurité internationale, qui s’apparente dans la pratique russe à la sécurité régionale, c’est-à-dire dans l’espace immédiat de la Russie, et la quête de marchés ext! érieurs pour ses produits miniers et industriels. D’autant plus que l’économie russe dépend essentiellement des exportations de ressources naturelles. Cette dépendance s’explique par l’orientation de l’industrie de l’URSS vers les préoccupations sécuritaires dans un contexte de guerre froide et par la mutation brutale d’une économie centralisée et dirigée versune économie ultralibérale inspirée par les thèses de l’école de Chicago. 

Pendant cette période qui a marqué les années quatre-vingt-dix et caractérisée par l’émergence d’une oligarchie issue du sérail soviétique, notamment le KGB, l’économie russe était régie grâce à des arrangements personnels et des relations individualisées, d’où la domination de certains milieux mafieux. Avec l’arrivée de Poutine au pouvoir, cette situation est remise en question avec une recentralisation de l’Etat et une recherche de relations institutionnalisées entre le décideur public et les entreprises. Sous le règne de Poutine, on a constaté! des velléités sérieuses de remise de l’ordre dans la maison r! usse en luttant contre l’anarchie qui caractérisait l’économie et la faiblesse de la voie de la Russie dans le concert des nations. 

Medvedev, successeur et dauphin de Poutine, puisqu’ils se sont échangé les postes, est resté sur la même lancée de restructuration de l’économie et d’assainissement du marché, avec une offensive sur les marchés internationaux pour offrir de nouveaux débouchés aux produits agricoles, miniers et industriels russes. Au plan géostratégique et géopolitique, la Russie a réussi à rétablir son influence dans son espace immédiat et compte peser sur les décisions régionales et internationales pouvant toucher ses intérêts stratégiques. Cependant, la Russie reste timorée et molle sur les dossiers épineux des droits des peuples à l’autodétermination, en ressassant des positions de principe sans peser de tout son poids sur les décisions du Conseil de sécurité, notamment sur les dossiers palestinien, iranien et sahraoui. A ce propos, on a l’impression que la ! Russie gère un compromis avec l’Occident comme un funambule qui négocie un équilibre précaire : chacun s’occupe de sa zone d’influence.

A. G.
Algérie Info Economie, 7/10/2010

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