Zapatero fait l’impasse sur la situation à El Ayoun

ALORS QUE LES POSITIONS ALGÉRIENNE ET ESPAGNOLE SONT DÉNONCÉES À MONTRÉAL

Samedi 20 novembre, deux rassemblements des Amis de la cause sahraouie se tiennent, à Paris et Rome. Un peu plus loin de là, à Montréal précisément, une dizaine de personnes tiennent à leur tour un rassemblement mais cette fois-ci devant le consulat général d’Algérie pour dénoncer ce qui est selon eux «le soutien des médias algériens et espagnols au Front Polisario, suite à l’assaut meurtrier donné par les forces armées marocaines contre le camp de la Liberté soldé pour rappel de 34 morts, des centaines d’arrestations et des disparus».

Anoter pour le rassemblement de Montréal qu’il s’est tenu devant le consulat général d’Algérie qui se trouve à quelques mètres du consulat d’Espagne. À souligner ensuite un fait marquant relatif à cette manifestation : non pas par le nombre des personnes ayant pris part mais par les slogans scandés. Ils ont tout simplement appelé l’Algérie à rouvrir les frontières terrestres entre les deux pays, faisant semblant d’ignorer que c’est le Royaume qui a commencé à exiger aux Algériens les visas d’entrée en 1994. C’est dire que les «services marocains », au moment où un embargo médiatique est imposé sur les populations sahraouies, ces mêmes services font dans la manipulation sur les terres canadiennes afin de médiatiser «leurs déboires causés par l’Algérie ».

Pas que ça. Le Maroc joue comme à ses habitudes à l’innocent. Par le biais de son ministre des Affaires étrangères le Royaume a dénoncé samedi la poursuite du recours par le Front Polisario à la désinformation au sujet des violences intervenues lors du démantèlement du Camp de la liberté prés de la capitale sahraouie occupée. Taieb Fassi Fihri, a, dans une déclaration à l’AFP, indiqué que le Maroc dénonce la poursuite du recours par les autres parties (Polisario et Algérie, ndlr) à la désinformation et à l’instrumentalisation. Le ministre a réagit après la publication par le Polisario d’un communiqué où ce dernier « a regretté profondément que la France, membre permanent du Conseil de sécurité et ayant droit au veto, se soit opposée vigoureusement à la volonté manifeste exprimée par les autres membres du Conseil en vue de l’envoi rapide d’une commission internationale d’enquête. Laquelle mission d’enquête exigée pour faire la lumière sur le génocide perpétré par les militaires, policiers et autres gendarmes marocains lundi 8 novembre lors du démantèlement en force du camps de toile de Gdeim Izik.
QUE DES ESPOIRS…
À la clôture du sommet de l’OTAN à Lisbonne, le chef du Gouvernement espagnol, José Luis Rodrigues Zapatero a fait l’impasse sur la situation prévalant ces derniers jours à El Ayoun. Cela n’a pas été du goût des autorités sahraouies. «Le Gouvernement sahraoui regrette profondément que le chef du Gouvernement espagnol, José Luis Rodrigues Zapatero, ait occulté de mentionner la grave situation dans la ville sahraouie occupée, El Ayoun, qui a nécessité une session spéciale du Conseil de sécurité, suite à l’assaut donné par les forces marocaines contre Gdeim Izik, à l’aube du 8 novembre 2010» a souligné le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Oumar, dans un communiqué repris par Sahara presse service SPS. Le chef de l’exécutif sahraoui s’est montré également surpris par le fait que le chef du Gouvernement espagnol n’ait pas réclamé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante et urgente, de lever le siège imposé au territoire sahraoui et de permettre aux observateurs indépendants et aux médias d’y accéder, afin de sauver des vies humaines et de protéger les Sahraouis contre la politique de purification ethnique pratiquée par le Gouvernement marocain. Aussi, a-t-il regretté que José Luis Rodrigues Zapatero n’ait pas mentionné le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, et le respect des droits humains, deux principes de base dont le contournement ne participe nullement à la solution du conflit. Toutefois, Taleb Oumar a enregistré «l’importance du dialogue et des négociations entre les belligérants soulignée par José Luis Rodrigues dans sa conférence de presse, rappelant néanmoins la nécessité de la clarification» dans ce sens, sachant que l’objectif des négociations, qui butte sur l’absence de volonté politique du Gouvernement marocain, consiste à parvenir à une solution durable du conflit qui garantie le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Farid Houali
Le Courrier d’Algérie, 21/11/2010

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