Le mensonge pour diplomatie

M. Taieb Fassi Fihri,le ministre marocain des Affaires étrangères, s’est de nouveau attaqué à notre pays l’accusant de déformer la réalité et de recourir à « la désinformation et à l’instrumentalisation » à propos de l’assaut meurtrier de Gdeim Izik et la sanglante répression d’El-Ayoun. Comme qui dirait « le voleur qui crie au voleur ». Fihri attaque l’Algérie alors qu’elle a fait la carpe et s’est abstenue de dire un seul mot sur une situation que son homologue français Kouchner qualifiait lui-même de « très grave ». Rabat s’est même vanté d’avoir démantelé le camp de Gdeim Izik « en moins d’une heure ». Ce qui laisse imaginer la violence de la charge des militaires marocains quand on sait que le camp était composé de quelque 8 000 tentes abritant 20 000 personnes environ.

Kouchner n’était d’ailleurs pas le seul à trouver grave le drame qui se déroulait à l’abri d’un huis clos des plus hermétiques dans la capitale occupée du Sahara occidental. Il n’y avait que Dieu, les Marocains et les Sahraouis sur place pour savoir ce qui se passait sur les lieux. Rabat ne permettait l’accès à aucun journaliste, à aucun observateur étranger pour se rendre compte de visu de ce qui se passait réellement à Gdeim Izik et dans les artères d’El-Ayoun. Pourquoi boucler la zone et empêcher les gens de s’y rendre s’il n y a rien à cacher ?
Aujourd’hui, Rabat donne sa version des faits et dit que sa marchandise, c’est du Coran et qu’il faut acheter. Mais quel est l’être humain normalement constitué qui serait prêt à croire que les victimes, ce sont les forces marocaines et les bourreaux les civils sahraouis ? Et que ce sont les voyous infiltrés qui sont montés à l’attaque des hélicoptères qui leurs lançaient du jasmin. Pourquoi la France s’est-elle fait lamentable et a empêché qu’on dépêche une commission onusienne sur place pour faire la lumière sur ce qui s’est exactement passé ? Une commission qui aurait pu nous fixer sur le degré atteint dans la sauvagerie pour mater des familles civiles qui, de l’aveu des Marocains eux-mêmes, ne faisaient qu’exprimer pacifiquement des revendications socioéconomiques. Qu’on laisse une telle commission faire son boulot, on saura alors qui déforme la réalité et qui verse dans la désinformation. Mais Rabat voudrait-il que le menteur apparaisse ?
Le Jeune Indépendant, 22/11/2010

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