(New York, le 26 novembre 2010) – Les forces de sécurité marocaines ont infligé de nombreux passages à tabac et autres mauvais traitements aux personnes détenues à la suite des violences survenues le 8 novembre 2010 à El-Ayoun, capitale du Sahara occidental, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les forces de sécurité ont également attaqué directement des civils, selon une enquête menée par Human Rights Watch. Les autorités marocaines devraient immédiatement mettre fin aux exactions infligées aux détenus, et mener une enquête indépendante à ce sujet.
Dans la matinée du 8 novembre, les forces de sécurité marocaines ont commencé à démanteler le camp de Gdeim Izik, constitué d’environ 6 500 tentes montées début octobre par des Sahraouis en guise de protestation contre les conditions sociales et économiques dans le Sahara occidental, région contrôlée par le Maroc. Cette intervention a déclenché de violents affrontements entre les forces de sécurité marocaines d’une part, et les résidents du camp ainsi que des habitants de la ville voisine d’El-Ayoun d’autre part. Selon les chiffres officiels, onze membres des forces de sécurité et au moins deux civils ont été tués lors de ces violences. De nombreux immeubles – des sièges administratifs mais aussi des résidences privées – ainsi que des véhicules ont été incendiés à El-Ayoun.
« Les forces de sécurité marocaines ont le droit de recourir à une force proportionnelle pour prévenir la violence et protéger les vies humaines, mais rien ne peut justifier le passage à tabac de détenus jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
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La traduction intégrale en français de ce communiqué sera prochainement mise en ligne sur cette page.
Human Rights Watch, 26/11/2010
Sahara Occidental
Rabat au pied du mur
In La Nouvelle République 27-11-2010
Par Karima Bennour
Une résolution a été adoptée par le Parlement européen, mercredi à Strasbourg, après les débats tenus sur l’agression marocaine du camp sahraoui de la liberté de Gdeim Izik.
En session plénière depuis mardi, les députés européens ont inscrit sur leur agenda la question du Sahara Occidental suite aux conséquences dramatiques de l’opération des forces militaires marocaines contre les Sahraouis au camp de la liberté Gdeim Izik.
Ils ont adopté une résolution sur la situation au Sahara occidental qui contient 12 recommandations importantes.
Transmise aux différentes instances européens, et au Conseil de sécurité de l’ONU, elle invite à l’envoi d’une mission d’enquête sur les évènements survenus le 8 novembre dernier à Laâyoune sous occupation marocaine. Le Parlement européen souligne dans sa résolution qu’«il considère que les Nations unies constitueraient l'organisation la plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier les événements, les décès et les disparitions». Une réponse officielle du Parlement européen aux députés marocains qui ont constitué une commission parlementaire d’enquête après avoir applaudi l’opération musclée contre le camp de liberté. Le respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine est l’exigence soulignée par les parlementaire européens dans leur résolution sur le Sahara Occidental. «Considérant que plusieurs milliers de Sahraouis ont quitté leurs villes et installé des tentes dans la banlieue de Laâyoune , édifiant le camp de Gdeim Izik pour protester pacifiquement contre leur situation sociale, politique et économique et contre leurs conditions de vie», souligne-t-on en référence sans le nommer au système colonial marocain. Le Parlement européen met l’accent dans sa résolution sur le blocus médiatico-sécuritaire imposé par Rabat sur les territoires sahraouis occupés. La résolution mentionne que «le dimanche 24 octobre, Nayem El-Garhi, un adolescent sahraoui de 14 ans, a été tué, et cinq autres ont été blessés par les forces militaires marocaines alors qu'ils essayaient de gagner le camp situé dans la banlieue de Laâyoune», soulignant que «les journalistes, les députés des parlements nationaux et régionaux de l'Union européenne et les députés au Parlement européen se sont vus interdire l'accès à Laâyoune et au camp de Gdeim Izik, et que certains d'entre eux ont même été expulsés de la ville». Cette résolution a suscité de vives réactions de Rabat qui considère qu’«elle est synonyme d'hostilité à l’adresse du Maroc», selon le ministre marocaine de la communication. Par ailleurs, l’appel à l’ONU, en vue de mener une enquête sur l’agression marocaine, intervient moins d’une semaine après le veto de Paris quant à l’envoi d’une commission onusienne à Lâayoune. «Après plus de 30 années, le processus de décolonisation du Sahara Occidental demeure inachevé», lit-on dans le document. Un rappel qui se traduira par une action politique de la Commission européenne.