Le Maghreb a accueilli les républicains espagnols lors de la Guerre Civile d’Espagne
Le coup d’État déclenché le 18 juillet 1936 par le Général Franco contre le gouvernement républicain espagnol démocratiquement élu le 14 avril 1931 va plonger l’Espagne dans une longue guerre civile de trois ans.
Le 27 février 1939, avant même la fin officielle de la guerre, proclamée le 1er avril 1939, l’Angleterre et la France reconnaissent Franco comme chef du « Gouvernement national ». Ce jour-là, le président de la République espagnole, Manuel Azaña, présente sa démission et s’exile en France. A Carthagène, où est mouillee la flotte républicaine, sous les bombardements quotidiens des aviations italienne et allemande, l’incertitude et l’abattement ne font que croître.
Entre 12000 et 20000 républicains espagnols ont embarqué dans des bateaux sous protection des marines anglaise et française pour quitter l’Espagn et chercher refuge dans un Maghreb qui faisait partie de l’empire colonial français, mais les autorités gauloises les ont déçus, car ils les ont tout d’abord empêchés de débarquer et les ont ensuite traités comme des criminels, incarcérant des femmes et des enfants dans des centres de détention et les hommes dans des camps de concentration soumis au travail forcé. Il y avait une centaine de camps de concentration, dont 70 dans l’actuelle Algérie et les 30 autres, répartis dans les territoires du Maroc et de la Tunisie, ce dernier étant la destination d’une grande partie de la Marine républicaine.
Les républicains contraints de fuir avaient créé différentes associations marquées par des différences idéologiques (socialistes, communistes, anarchistes, etc.), mais conservaient le dénominateur commun de la culture laïque et attendaient la chute de Franco pour rentrer en Espagne.
Les 4000 marins républicains espagnols exilés en Afrique du Nord française, ont fini par s’engager aux côtés des Alliés et participèrent à la libération de la France, elle qui, pourtant, avait été si ingrate envers eux.
Leur rêve s’est évaporé lorsqu’ils ont vu comment les puissances occidentales avaient décidé de maintenir le dictateur au pouvoir à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en dépit de la défaite de ses alliés de l’Axe, Hitler et Mussolini.
Les descendants des républicains espagnols qui ont fui vers l’Afrique du Nord, ont célebré aujourd’hui le 80e anniversaire de ce processus migratoire forcé par la persécution de Franco pour des raisons politiques. Le flux de réfugiés a ensuite parcouru le sens inverse en Méditerranée par lequel transitent désormais les immigrants et les réfugiés fuyant la guerre, la répression et la misère dans leurs pays d’origine africains.
Les exilés espagnols au Maghreb avaient normalisé leur vie là-bas après avoir été détenus dans des camps de concentration très difficiles avec travail forcé jusqu’à l’indépendance du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, une situation qui a contraint la grande majorité à quitter ces pays malgré le fait que leur idéologie progressiste avait soutenu les mouvements anticoloniaux.