Enième réunion de Manhasset, toujours la même impasse

A l’heure où a été rédigé ce papier, la quatrième réunion sous l’égide des Nations unies entre le Front Polisario et le Maroc se poursuivait encore à Manhasset (New York). L’on peut toutefois avancer, sans risque d’être contredit, que cette énième rencontre se conclura sans avoir fait avancer d’un iota la recherche de la solution au conflit du Sahara Occidental. Les négociateurs des deux parties feront tout au plus savoir à la fin de leur face-à-face qu’ils ont convenu de ne pas rompre le contact et s’être entendus sur un nouveau «rendez-vous».

 Le processus de Manhasset a suscité quelques espoirs quand il a été enclenché à la demande des Nations unies. Très vite éteints par l’entêtement des Marocains à n’accepter de discussion avec leurs vis-à-vis que du plan d’autonomie qu’ils veulent substituer au principe de l’autodétermination préconisé par la communauté internationale. Substitution rejetée avec la même détermination par le Polisario à chaque rencontre.

 Il apparaît donc clairement que le processus est dans l’impasse. Une situation qui, finalement, arrange les autorités marocaines, dont le calcul est que temps travaillerait en faveur des desseins du Royaume concernant le Sahara Occidental.

 Sauf que le statu quo ainsi à chaque fois prolongé n’est plus acceptable et supportable pour les Sahraouis, peuple et dirigeants. Lesquels ont émis le signal qu’ils n’en veulent plus. Aussi, faut-il que la communauté internationale ne sous-estime pas leur détermination.

 Plusieurs mises en garde ont été lancées par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, avertissant que les Sahraouis réfléchissent de plus en plus sur l’option d’une reprise de la lutte armée contre l’occupant marocain ayant violé tous les engagements qu’il a contractés pour obtenir d’eux la trêve des armes.

 L’intifada populaire à El-Ayoum constitue les prémices avant-coureurs de la volonté des Sahraouis à ne plus rester passifs devant ce que l’occupant marocain croit être un fait accompli au Sahara Occidental, dont tout le monde devrait s’accommoder.

Sur le conflit sahraoui, la communauté internationale, ou plus exactement ceux qui se sont octroyé «le droit» de parler en son nom, rééditent la faute historique et le déni de justice haïssable qu’ils commettent à l’égard du peuple palestinien. Comme à celui-ci, il est en effet demandé au peuple sahraoui de «négocier» son destin national avec son occupant, alors que le droit international est censé déclarer inacceptable l’occupation d’une nation par une autre. Ce qui est le cas tant en Palestine qu’au Sahara Occidental. Ce qui devrait faire obligation à la communauté internationale à s’en tenir à ce principe et non se laisser «balader» par les stratagèmes dont usent les occupants pour pérenniser leurs méfaits. Celui du plan d’autonomie auquel les Marocains s’accrochent n’est que fuite en avant dont, hélas, le peuple sahraoui paie le prix fort en sang versé et en souffrances.

 Des réunions du genre Manhasset n’ont d’autre objectif finalement que de vouloir saper l’esprit de résistance des Sahraouis. Il ne faut pas s’étonner alors s’ils décident de mettre fin à la mascarade qui se joue dans ces réunions pour se faire entendre autrement. Et cela en usant d’un autre droit reconnu par la communauté internationale. La légitimité pour tout peuple à recourir à la résistance armée contre son occupant et oppresseur.

 Forts de la justesse de leur cause et après avoir fait montre de leurs bonnes dispositions à conclure un accord pacifique avec le Royaume marocain sur la base de l’exercice pour eux du droit d’autodétermination, les Sahraouis lancent les derniers appels à la communauté internationale pour faire entendre raison au Roi et à son Makhzen.

 Ce qui peut advenir en cas de silence et d’inertie internationale suite à ces appels ne sera pas à leur reprocher. 

par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran, 19/12/2010 

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