L’un des objectifs des Nations Unies est de faciliter la coopération dans les domaines du Droit et de la sécurité internationale, du progrès social et des Droits de l’Homme. Il y a quelques jours, nous avons pu voir comment les Nations Unies ainsi que toute la diplomatie internationale peuvent être efficaces dans le cadre d’une violation flagrante des droits des citoyens.
À l’issue des présidentielles en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a refusé de laisser le pouvoir à Alassane Ouatarra, vainqueur des élections. Cette atteinte aux Droits en présence d’observateurs internationaux ainsi que les violences qui ont suivi ont entraîné une condamnation unanime de la part de la communauté internationale.
Toutefois, la réaction internationale n’est pas toujours aussi rapide dans la condamnation des atteintes au droit international ni aux Droits de l’Homme. Presque muette après les 35 ans d’occupation illégale du Maroc au Sahara Occidental, cette même communauté internationale, si véloce à défendre les Droits du Citoyen et à protéger les principes des Droits de l’Homme, n’a pourtant pas bougé il y a moins de deux mois lorsque les forces militaires marocaines ont détruit avec violence un campement pacifique de Sahraouis.
Le secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon a déclaré, il y a deux jours, que le maintien de Laurent Gbagbo conduirait à une « parodie de démocratie ».
Mais qu’en est-il de la démocratie marocaine lorsque des manifestants sont attaqués et arrêtés par des forces armées et leurs biens détruits ? Qu’en est-il de la démocratie lorsque les disparus se comptent par centaines et que les témoignages de torture des Sahraouis dans les lieux de détention de la police nous arrivent tous les jours ? Ban Ki-moon trouve inacceptable que les observateurs internationaux, journalistes et ONG, ne soient pas libres de travailler en Côte d’Ivoire, alors qu’à aucun moment il n’ai parlé du fait qu’aucun journaliste étranger ni membre d’ONG n’ai été autorisé à mettre le pied sur le sol du Sahara Occidental. Deux poids, deux mesures ?
L’Union Européenne ainsi que les Etats-unis se disent prêts à prendre des sanctions économiques et diplomatiques contre Gbagbo et ses proches. Par contre, sur la question sahraouie, le Conseil de l’Europe se cache derrière le fait que « le Sahara occidental est en dehors du champ d’application géographique du Conseil de l’Europe. En conséquence, l’organisation n’est pas directement impliquée dans les efforts internationaux visant à trouver une solution au conflit dans cette partie du monde. »
Pour Nicolas Sarkozy, « Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est parfaitement inadmissible ». Le président français non seulement parle de sanctions, mais surtout fait de cette question un problème urgent à résoudre au plus vite. Lors de l’attaque des soldats marocains sur les civils sahraouis, la réaction n’a pas été aussi prompte et la seule action de la France a été d’utiliser au Conseil de Sécurité son droit de veto pour faire en sorte qu’une mission d’enquête indépendante ne soit pas envoyée sur place pour une investigation sur les derniers événements.
Protéger le Maroc et son roi à tout prix ? Pourtant Nicolas Sarkozy le dit : c’est « à lui de choisir quelle est l’image qu’il veut laisser dans l’Histoire. S’il veut laisser l’image d’un homme de paix, il est encore temps, mais le temps presse ». Une phrase que devraient aussi bien méditer Laurent Gbagbo que Mohamed 6.
Parfois, certains scrutins prennent aux yeux de la communauté internationale plus d’importance que d’autres. Entre les élections présidentielles de la Côte d’Ivoire et le référendum d’autodétermination de la dernière colonie d’Afrique, le choix semble avoir été fait.
APSO, le 18 décembre 2010.
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