L’annonce par le président américain, Donald Trump, du retrait le plus rapide possible des quelque 2.000 soldats américains engagés en Syrie, n’a pas tardé à donner sa première réplique. Elle émane, 24 heures après, du chef du Pentagone Jim Mattis, qui a annoncé, sa démission du gouvernement Trump, affichant ainsi son désaccord avec la nouvelle stratégie de la Maison Blanche qui annonce le retrait des troupes de Syrie et la préparation d’un désengagement partiel d’Afghanistan. La nouvelle met le congrès américain dans le dur et embarrasse Trump.
La démission de Jim Mattis, homme respecté sur la scène internationale qui incarnait une forme de stabilité au sein de l’administration Trump, est considérée comme un camouflet pour le président US qui soutient que son pays n’avait pas vocation à être le «gendarme du Moyen-Orient». «Il est temps que d’autres se battent enfin», avait lancé Trump sur Twitter, estimant que l’Amérique n’avait «rien» obtenu d’autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars, et invitant «la Russie, l’Iran, la Syrie et beaucoup d’autres» à prendre le relais contre l’organisation terroriste Daech.
Dans un courrier adressé au locataire de la Maison Blanche, Jim Mattis, cet ancien général des Marines âgé de 68 ans, qui entretenait des relations difficiles avec M. Trump depuis plusieurs mois, insiste sur la nécessité pour les Etats-Unis de «traiter les alliés avec respect».
L’intention de Trump de rapatrier également la moitié des 14.000 soldats déployés en Afghanistan, et peut-être de réduire le contingent de 5200 hommes en Irak, aurait visiblement scellé la décision de Mattis de quitter l’administration Trump.
Jim Mattis signe ainsi son désaccord avec un président qui a pris pour cible un à un au cours des derniers mois les dirigeants des principales puissances occidentales. «Je pense que me retirer est la bonne chose à faire», a-t-il écrit dans son courrier de démission dans lequel il n’évoque pas directement le dossier syrien, sachant que son départ sera interprété comme la marque de son clair désaccord avec M. Trump, qui a annoncé mercredi le départ le plus rapide possible des quelque 2.000 soldats américains stationnés en Syrie.
Selon le journal turc «Hürriyet», Donald Trump a pris la décision de retirer les soldats américains de Syrie lors d’un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, après que ce dernier se soit engagé à poursuivre la lutte contre Daech.
Par ailleurs, l’administration Trump prépare également un retrait «important» des troupes stationnées en Afghanistan, a indiqué jeudi soir à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un responsable américain. Au sein de la classe politique américaine et à l’unanimité, des élus des deux bords politiques ont exprimé leur déception suite au départ de Jim Mattis. «C’est un jour très triste pour notre pays», a lancé Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre des représentants alors que Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a déploré le départ de l’un des «rares symboles de force et de stabilité» au sein de l’équipe au pouvoir.
Pour le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, les Etats-Unis doivent «garder une claire compréhension de qui sont nos amis et nos ennemis et reconnaître que des nations comme la Russie figurent parmi ces derniers».
Du côté des médias américains, Le «Wall Street» Journal et le «New York Times» évoquent le départ de la moitié des 14.000 militaires américains engagés sur le sol afghan dans ce conflit vieux de 17 ans lancé après les attentats du 11-Septembre 2001. Pour sa part, la présidence afghane a assuré hier que le retrait de «quelques milliers de militaires étrangers» d’Afghanistan «n’aura pas d’impact sur la sécurité» du pays, sur laquelle l’armée afghane exerce déjà son «contrôle».
Le président russe, Vladimir Poutine, dont le pays est impliqué dans la crise syrienne, a salué, quant à lui, une décision «juste», soulignant que l’EI a vu son «califat» autoproclamé se réduire comme peau de chagrin face à de multiples offensives, après une montée en puissance fulgurante en 2014.
France, Royaume-Uni et Allemagne, alliés des Etats-Unis dans la lutte contre l’EI et cibles régulières de ses attaques, n’ont pas caché leur inquiétude après l’annonce du retrait américain. La coalition anti-Daech au Levant «a un travail à finir» malgré «la décision lourde» prise par le président Trump de retirer ses soldats de Syrie, a estimé vendredi la ministre française des Armées, Florence Parly.
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