Algérie: Le plan secret de Said Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Tayeb Belaiz pour les Présidentielle de 2019

La clarté commence progressivement à dissiper l’épais brouillard qui enveloppe les intentions du clan présidentiel quant à l’option à prendre en prévision de l’élection d’avril 2019.

Algérie1 a confirmé auprès de bonne source qu’une réunion des responsables des partis de l’alliance de soutien au président a bel et bien eu lieu mercredi dernier au palais du gouvernement, rue Dr Saâdane et non pas à la résidence d’Etat à Zeralda.

En plus d’Ahmed Ouyahia, Moad Bouchareb, Amara Benyounès et Amar Ghoul, cette réunion a vu la participation des deux ministres à savoir celui de l’intérieur Nourredine Bedoui et celui de la Justice Tayeb Louh. Etait également présent le conseiller du président de la république, Tayeb Belaiz.

C’est dire l’importance des sujets abordés entre les chefs des quatre partis et l’entourage immédiat du chef de l’Etat. Notre source confie qu’il a été question de la conduite à tenir pour négocier au mieux la prochaine élection présidentielle et comment sortir sans trop de casse de l’impasse liée à la maladie du président.

Le tour de table a ainsi permis aux conclavistes de retenir le principe d’une révision constitutionnelle devant déboucher sur la création d’un poste de Vice président pour suppléer l’incapacité d’Abdelaziz Bouteflika à exercer ses fonctions et exécuter les tâches protocolaires.

La révision de la Constitution servirait aussi à un «rééquilibrage» des pouvoirs entre le président de la république, son Vice-président et le Premier ministre, de telle sorte à ce que le chef de l’Etat, c’est-à-dire, Abdelaziz Bouteflika, ne serait pas tenu entre autres de présider le Conseil des Ministres. Une mission qui sera dévolu à son «adjoint» censé être élu avec lui sous forme de ticket à l’américaine.

D’un palais à un autre

Et aussitôt après la fin de la réunion au palais du gouvernement, un autre conclave a été tenu secrètement au siège de la présidence de la république. Mais, ici, point de Moad Bouchareb ni d’Amara Benyounès ni de Amar Ghoul. Seul Ouyahia en tant que Premier ministre et Tayeb Belaiz en qualité de conseiller du président étaient présents à la table de Said Bouteflika, le frère cadet du chef de l’Etat et néanmoins conseiller à la présidence de la république.

Notre source précise qu’Ouyahia et Belaiz firent le point à Said Bouteflika sur les résultats de la réunion du palais du gouvernement quelques heures plutôt et ce dernier de donner à ses interlocuteurs le point de vue présidentiel.

Suite à quoi, le principe d’une révision de la constitution était tranché pour instituer le poste de Vice-président, procéder à ce fameux «rééquilibrage» des pouvoirs mais aussi retoucher l’article 110 de la Constitution stipulant le seul cas où le mandat du Président de la république est prorogé de droit à savoir quand le pays est en guerre et ce jusqu’à sa fin.

Les conclavistes voulaient ainsi «caser» l’inévitable report de l’élection d’avril 2019 en injectant un autre motif qui le justifierait en dehors de l’état de guerre. C’est une façon subtile de contourner l’inviolable article 110 en le rendant élastique à souhait.

Mais ce triumvirat a buté cependant sur la manière avec laquelle cette révision devait se faire sans accros. Conscients que le peuple pourrait «mal voter», c’est-à-dire rejeter le projet, Said Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Taieb Belaiz ont retenu le principe d’une simple adoption par voie parlementaire après une réunion consensuelle élargie pour éviter une mauvaise surprise. Et une fois, l’onction parlementaire arrachée, il sera annoncé le report «légal» de l’élection présidentielle d’une année voire plus.

Said Bouteflika en maître de cérémonie

Sauf que l’adoption d’une telle révision par voie parlementaire qui plus est avec une Assemblée Populaire Nationale (APN) en mal de légitimité y compris pour son président, s’apparente à un passage en force.

La création du poste de Vice président et le «rééquilibrage» des pouvoirs est loin d’être une simple opération de lifting de la loi fondamentale. C’est en l’occurrence, une révision profonde qui touche directement la structure des pouvoirs voire change carrément la nature du système politique algérien.

De droit et de fait, cette révision envisagée tombe sous le coup de l’article 178 de la constitution qui évoque la «clause intangible» et acte la révision profonde qui doit obligatoirement passer par un référendum populaire.

Autrement dit, le plan secret du triumvirat Said Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Tayeb Belaiz, de mettre en place une nouvelle architecture institutionnelle et constitutionnelle devant permettre la «Istimrariya» (continuité) en douceur, ne peut faire l’impasse sur une consultation populaire.

A moins de tenter un coup de force pour imposer l’option d’une trituration profonde de la Constitution sans prendre l’avis du peuple. Ce dernier est censé être la source de tout pouvoir conformément aux articles 6 et 7 stipulant que «la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple» (Art 6) et que le «pouvoir constituant appartient au peuple» (Art 7).

Il est vrai néanmoins que ce qui est gravé dans le marbre de la Constitution n’est pas forcément intouchable quand les stratégies de pouvoir prennent le dessus sur la pérennité de l’Etat et de ses instituions.

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