Plusieurs organismes critiquent que le centre sera dirigé par des proches de Mohamed VI
BLANCA CIA – Barcelona – 26/10/2009
La Maison du Maroc de Barcelone ne peut pas être la prolongation du consulat ni un instrument sous le contrôle du gouvernement marocain et, par extension, du roi Mohamed VI. L’idée est défendue par des associations d’immigrants marocains de Catalogne qui se montrent très critiques envers la manière avec laquelle on gère le premier centre culturel pour la population émigrée du Maroc. Barcelone sera le siège de la première Maison d’un total de de cinq qu’on projette d’ouvrir dans les pays avec une plus grande concentration d’immigration marocaine. Le futur centre sera placé dans le bâtiment de l’ancien institut botanique, cédé par la Mairie de Barcelone à Montjuïc.
Dans le voyage récent du maire Jordi Hereu au Maroc, le ministre de la Communauté marocaine Résidante à l’Étranger, Mohammed Ameur, s’est limité à signaler que le nouveau centre pourrait être construit en 2011. Il n’a pas concrétisé le budget que destinera le gouvernement marocain, il n’a pas concrétisé quelles activités développera-t-il – au-delà qu’il comprendra de la promotion économique à tout type d’initiatives culturelles- et si dans tout ce processus on comptera avec les organismes et les associations d’immigrants marocains établis à Barcelone et à Catalogne, un collectif très atomisé- il y a plus d’une centaine d’associations et entités- et divisé.
Beaucoup d’associations renient ouvertement de ce qu’ils considèrent la ligne officielle marquée par le Consulat du Maroc à Barcelone. L’association majoritaire et plus ancienne de l’immigration marocaine est Ibn Batutta. Fondée en 1994, elle est présidé par le député socialiste Mohamed Chaib, personne clef dans tout le processus de la Maison du Maroc. Le député, qui a fait partie de la délégation qui accompagna Hereu au Maroc la semaine passée, est membre du Conseil Consultatif du Maroc pour les questions en rapport avec les Marocains à l’étranger.
Chaib rejette de plan les accusations de dirigisme qu’on lui reproche dans tout ce qui concerne à la Maison du Maroc : « Ce sont deux institutions qui propulsent le projet, le Gouvernement du Maroc et la Mairie de Barcelone. Il faut laisser que les deux administrations travaillent et on ouvrira ensuite la participation à tout le monde « , signalait à des questions de ce journal. Chaib a ajouté que la Fédération d’Organismes de la Communauté d’Origine marocaine (FECOM) soutient l’initiative de la Maison du Maroc.
Tout le contraire pensent différents entités, certaines d’elles avec poids comme l’Association de Travailleurs Immigrants marocains à l’Étranger (ATIME), et d’autres comme Llum le Nord et d’Adib Biladi. Un groupe d’associations est arrivé à constituer une commission de suivi de de tout ce qui est relatif à la Maison du Maroc. « Nous ne sommes pas contre l’idée, mais ne partageons pas comment elle est faite. Ils ne cherchent pas le consensus. Il y a beaucoup d’associations et nous voulons être des acteurs non des observateurs « , soutient Hassan Jeffali, président d’Adib Biladi.
La crainte que la Maison du Maroc soit un instrument entre les mains du gouvernement marocain est partagée par d’autres associations et considèrent que le rôle de la Mairie de Barcelone ne doit pas se limiter à céder le bâtiment en régime de concession : « Ils doivent le protéger pour garantir la participation ». Toutefois, l’Hôtel de ville barcelonais a laissé clair le fait que sa collaboration dans le projet sera limitée à la cession du bâtiment et Hereu lui-même l’a laissé entendre lors de sa visite à Rabat. Si le secteur critique à la Maison du Maroc maintient que le projet est trop tutelé par les socialistes grâce à l’influence du député Chaib, celui-ci répond que derrière les opposés se trouve CiU.
Kamal Ben Brahim, président d’ATIME à Barcelone, ajoute une autre critique à la représentativité du député Chaib de la Communauté marocaine dans tout le processus de la Maison du Maroc : « La Communauté marocaine ne se sent pas représentée par lui parce qu’il est délégué avec les votes de la population catalanne, non par les votes des Marocains ». Ben Brahim signale, en outre, que le Ministère pour la Communauté marocaine à l’Étranger ne prête aucun type d’aide aux problèmes réels des émigrés : « La crise passe une facture sérieuse à des personnes qui depuis beaucoup d’années se trouvent en Catalogne. Beaucoup travaillaient dans la construction et sont actuellement dans le chômage « .
Il explique que dans le bureau d’ATIME à Poble Sec ils sont de plus en plus nombreux les personnes touchées qui décident d’emmener de retour au Maroc ses femmes et fils parce qu’elles peuvent ainsi louer les chambres de l’étage dans lequel ils résident : « Soit ils retournent au Maroc soit ils vont en France, où les choses ne vont pas tellement mal », commente-t-il.
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