Le 5 août 1979, la Mauritanie et le Polisario décidaient « de signer entre eux une paix définitive ». La première déclarait qu’elle n’avait et n’aurait « pas de revendications territoriales ou autres sur le Sahara Occidental » et le second faisait la même déclaration concernant la Mauritanie. Celle-ci décidait « de sortir définitivement de la guerre injuste du Sahara Occidental suivant les modalités arrêtées » avec le Polisario.
Dès le 9 août, Hassan II ordonna le retrait des troupes marocaines de la Mauritanie, où se trouvaient encore 6000 soldats, surtout dans la région minière de Zouérate, mais non de la zone mauritanienne du Sahara, alors qu’il y avait à Dakhla 1500 hommes avec des blindés et des avions. Au contraire, avec les troupes retirées de Mauritanie, le Maroc renforça son dispositif militaire au Sahara Occidental, qu’il comptait occuper tout entier.
Le 10 août, le Premier Ministre mauritanien se rendit aussi à Rabat, avec quatre de ses ministres, et il rencontra Hassan II pour lui expliquer les raisons de l’accord avec le Polisario. Mais cette visite fut marquée par un sérieux incident diplomatique. En effet, un ancien membre du CMSN et du gouvernement mauritanien, le lieutenant-colonel Mohamed Ould Ba ould Abdelkader, qui avait formé un mouvement d’opposition – le Front Islamique et démocratique de Mauritanie, appelé aussi le Front des Officiers Libres, donna une conférence de presse à Rabat, où il exprimait son hostilité à l’accord d’Alger et demandait la démission du gouvernement mauritanien. A l’évidence, cette conférence avait été encouragée par le Maroc, qui escomptait un changement de régime à Nouakchott.
Le roi Hassan II, dans son discours du 14 août 1979, qui considérait jusque-là le Polisario comme une création de l’Algérie, modifia, d’une manière surprenante son interprétation sur la nature de ce mouvement. Il assimilait les guérilleros à des Mauritaniens dans leur écrasante majorité et les invitait à retourner dans leur pays, la Mauritanie, qui avait besoin d’eux. De même, dans une conférence de presse tenue à Fès le 19 août, il affirma que le Polisario était un « mouvement mauritanien » et que, s’il prenait le pouvoir à Nouakchott, le Maroc n’interviendrait pas dans cette « affaire interne ». Ces propos n’étaient nullement fondés, malgré les ressemblances et les liens entre sahraouis et mauritaniens, mais ils reflétaient le refus de voir la réalité et étaient de nature à inquiéter la Mauritanie.
Depuis, le Maroc n’a jamais résisté à la tentation de se mêler des affaires intérieures de la Mauritanie et a fait tout le possible pour déstabiliser ses gouvernements.
Le retrait de la Mauritanie changeait profondément les données du problème et entraînait deux sortes de conséquences : d’une part, il laissait face-à-face le Maroc et le Pölisario, qui pouvait désormais concentrer toutes ses forces contre un seul adversaire ; d’autre part, il privait le Maroc d’une caution fort utile sur le plan international et portait un grave coup à la légitimité d’une entreprise déjà très contestée. C’est pourquoi les combats devraient s’intensifier sur le terrain, tandis que la cause sahraouie trouvait un soutien plus large sur le plan international.
Un an plus tard, la guerre du Sahara Occidental connaîtra le début de la construction, par le Maroc, de murs de défense, destinés à contrer les attaques du Polisario. Les sahraouis les appelleront les murs de la honte.
Soyez le premier à commenter