Ce temps qui manque à Israël aux Etats-Unis

Après maintenant plus de deux mois de guerre, non seulement Israël n’a toujours pas liquidé la résistance palestinienne, ni même du reste libéré par lui-même un seul de ses soldats, mais il ne se passe désormais plus de jour sans que le sentiment se conforte qu’en fait il en est tout simplement incapable, quand bien même la guerre devrait se prolonger pendant encore longtemps. Ce vendredi à l’aube, un groupe de ses forces spéciales a mené une opération destinée à libérer un soldat emprisonné et localisé, laquelle a été un échec cuisant, se soldant par la mort et de ce dernier et de celle d’un certain nombre des assaillants, qui auraient tous péri si l’aviation, jamais bien loin dans ce genre de situation, n’était pas venue couvrir leur retraite sous un feu nourri. Un hélicoptère est arrivé ensuite pour récupérer les morts et les blessés. Ces derniers jours, c’est sur le va-et-vient de ces hélicoptères d’évacuation que les journalistes présents à Ghaza, mais également à sa périphérie côté israélien, se repèrent pour se faire une idée à la fois sur l’intensité des combats au sol et sur le nombre des pertes israéliennes. C’est qu’il est de première importance pour Israël de récupérer ceux de ses soldats morts, dont les corps pourraient servir de monnaie d’échange sinon. Un soldat israélien tombé et non évacué est en quelque sorte doublement perdu. Il a un prix quand il est vivant, et un autre quand il est mort et qu’il n’a pas été évacué à temps. Les bulletins d’information des Palestiniens sont souvent confortés par le tournoiement de ces ambulances aériennes. A partir de maintenant, il ne se passe pas non plus de jour sans que les crimes d’Israël paraissent plus insoutenables encore aux yeux du monde, qui en effet en a déjà tant vu. De là l’insistance des Etats-Unis, qui s’apprêtent pour leur part à entrer dans une année électorale cruciale, pour que la guerre dure le moins longtemps possible. Leur secrétaire d’Etat passe son temps désormais à faire comprendre aux Israéliens qu’ils n’ont pas l’éternité devant eux, mais juste quelques semaines au bout desquelles ils devraient avoir atteint leur principal objectif, qui est de gagner la guerre, ou à défaut d’être du moins en capacité de pouvoir l’affirmer avec quelque vraisemblance. A cette impatience croissante des Américains, le porte-parole israélien en langue arabe vient de répondre en faisant remarquer que le plus sûr et le plus rapide moyen d’y mettre fin, ce serait que le Hamas rende tous les otages et se rende lui-même par la même occasion. On peut mesurer l’inanité, et même le grotesque de cette suggestion au fait que les Palestiniens l’ont complètement ignorée. Qui attend d’eux la reddition devrait s’armer de beaucoup de patience. Déjà lors de sa dernière visite à Tel-Aviv, et la veille de l’expiration de la trêve, Antony Blinken expliquait par le menu à ses chers amis israéliens que le temps dont ils disposaient pour gagner la guerre se mesurait en semaines non en mois comme eux-mêmes le croyaient, se fondant leur propre estimation sur le soutien de leur propre opinion. Et encore, des semaines plutôt que des mois, à condition qu’ils prennent un soin particulier à ne pas massacrer les civils palestiniens avec le même allant que précédemment. S’ils en tuaient autant, alors ces semaines de latitude se raccourciraient, pour devenir des jours. A vrai dire, Blinken n’a été ni aussi explicite ni aussi précis, mais c’est bien ce qu’on pouvait retenir du discours servi à ses interlocuteurs et rapporté en son temps par les médias israéliens, discours qu’il a d’ailleurs voulu répéter au pied de son avion au moment d’embarquer. Aux dernières nouvelles, on lui prête d’avoir dit qu’il y avait décalage entre les actes des Israéliens et leurs engagements à ce propos.



Mohamed Habili

https://lejourdalgerie.com/ce-temps-qui-manque-a-israel-aux-etats-unis/

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