Le Maroc a échoué à présenter son nébuleux plan d’autonomie qu’il ne cesse de promettre à l’approche de chaque échéance et sur lequel il a lamentablement échoué de convaincre. Ses efforts tendant à le vendre à la communauté internationale procèdent davantage d’une stratégie malsaine de fuite en avant qui ne saurait tromper la vigilance de la communauté internationale qui, elle, continue à considérer que toute solution qui ne garantirait pas le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination contreviendrait aux principes de la Charte des Nations unies et à la résolution 1514 (1960) et serait fatalement vouée à l’échec.
Le départ de George Bush et l’échec des agissements des lobbies pro-marocains à Washington a laissé le gouvernement marocain désorienté tel un enfant orphélin.
Lors de sa dernière tournée au Maghreb, Christopher Ross, l’envoyé onusien pour le Sahara Occidental, n’a pas été reçu ni par le roi du Maroc ni par le Premier Ministre, alors qu’à Alger il a eu l’honneur d’être accueilli par le président Bouteflika. Cela dit long sur l’état d’esprit à Rabat.
Agacé par la nomination de Ross par Washington qui veut régler le plus vite ce conflit de décolonisation, la lettre du président Obama, qui ne mentionne d’aucune façon la proposition d’autonomie marocaine, a été le coup de grâce pour Mohamed VI.
Depuis, l’inquiétude sévit au palais jusqu’au point du délire, ce délire qui a poussé à branler le drapeau de la guerre contre le courant chiite, qui n’existe presque pas au Maroc, et contre d’autres dangers imaginaires qui disent long sur le mépris marocain à la communauté internationale et sa confiance démesurée dans sa campagne de propagande.
Le reniement aujourd’hui par le Maroc de ses engagements antérieurs traduit une situation de désarroi et cache mal le piège dans lequel il est tombé en acceptant de chercher une solution mutuellement acceptable. Il serait enchanté de la pérennité du statut quo, seulement l’administration Obama est pressée d’amener la paix à cette région stratégique et vitale pour la sécurité mondiale.
Le Maroc ne fait plus l’objet d’intérêt, ni pour la lutte contre les communistes ni contre le terrorisme. Sa diplomatie est devenue mendiante, signe de pauvreté extrême.
Le Maroc a voulu s’ériger en bastion contre tous les maux de ses maîtres, la France et Cie. Pourquoi ne commencerait-il d’abord par contribuer à émanciper le peuple marocain, à libérer son propre peuple de la domination et de l’exploitation de toutes ces mafias politico-militaires qui n’ont cessé de sucer son sang depuis l’indépendance en 1956, de dilapider ses ressources dans des entreprises aussi hasardeuses les unes que les autres et de le cantonner dans le chômage et la misère, malgré l’énorme potentiel phopshatier et agricole que recèle son sol et son sous-sol et la force de travail de sa jeunesse.
Toute son énergie a été focalisée sur le dossier du Sahara Occidental. Une course infernale dont le résultat a été l’épuisement. Le budget loué pour l’achat des services des uns et des autres a été une dépense inutile, alors que le peuple marocain est meurtri par la faim et le désarroi. Sa diplomatie est boiteuse, voir paralytique. Le rêve du Grand Maroc est devenu un cauchemar, les desseins hégémoniques enterrés à jamais.
Trente-quatre ans après son invasion du territoire sahraoui, la communauté internationale est loin de reconnaître la moindre souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Pire encore, les grands holdings internationaux refusent d’investir au Sahara sous la pression des ONG internationales.
L’échec diplomatique puise des discours schizophréniques qui oscillent entre la menace, les larmes et le désespoir. L’alternative : la fuite en avant, la politique de l’autruche, enterrer sa tête pour ne pas voir la réalité en face.
Immédiatement après la tournée du Représentant Spécial, Christopher Ross, le ministre des Affaires Etrangères marocain, Fassi Fihri, s’est rendu en France pour exprimer ses craintes, demander le soutien de l’Ellysée et réclamer que l’ouverture des frontières soit considérée comme une mesure de confiance ayant tendance à préparer la réussite des prochains pourparlers à Vienne. Ainsi, le député socialiste et membre de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée Nationale française, Jean-Michel Boucheron, a souligné «l’identité de vues entre l’immense majorité des députés français et le Maroc» sur la question du Sahara. Dans une déclaration similaire, le député du Mouvement pour la France (MPF), M. Souchet a « déploré l’attitude de l’Algérie de maintenir fermées ses frontières avec le Maroc, d’une manière unilatérale, et de refuser tout dialogue au niveau ministériel dans tous les domaines » avec le Royaume. Comme si le seul mal de la région était la fermeture des frontières!
Soyez le premier à commenter