Après l’expédition sanglante contre les Sahraouis à El Ayoun occupée qui a fait des dizaines de morts, le régime marocain a mobilisé son appareil judiciaire, militaire et civil, pour achever son «œuvre» répressive.
Les autres personnes ont été présentées au juge d’instruction pour interrogatoire sur les «crimes» qui leur sont reprochés. Le parquet a précisé qu’elles étaient poursuivies pour «crime contre des forces de l’ordre et destruction de biens publics et privés». Face à cette répression barbare, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la fureur marocaine. Même la députée Guejmoula Bent Abbi du Parti du progrès et du socialisme (PPS), ex-dirigeante du Polisario passée au Maroc, a fini par sombrer devant la cruauté du régime marocain. Dans une interview accordée à la chaîne publique catalane, elle a déclaré : «A aucun moment, je ne m’attendais à ce que le démantèlement du camp à Gdeim Izik se fasse de la manière dont il a été fait (…) Cela s’est fait de manière violente. Il y a eu des morts, beaucoup de blessés. Et beaucoup de gens, beaucoup de femmes et d’enfants ont traversé ce désert long de 18 km dans des conditions très très difficiles, en marchant et avec la peur au ventre.
En réalité, j’ai été vraiment impressionnée de constater que des citoyens marocains, avec la police, ont menacé des Sahraouis en détruisant les maisons et en emportant les biens des Sahraouis (…).» Cependant, l’acharnement du régime de Mohammed VI ne fait que renforcer la détermination du peuple sahraoui dans sa lutte pour son autodétermination. Chaque jour qui passe, des secteurs importants de l’opinion internationale rallient cette cause juste. La preuve en a été donnée encore une fois, hier à Madrid, où plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre la répression marocaine.
La manifestation, initiée par la Coordination nationale d’associations solidaires avec le Sahara, a vu la participation des leaders des deux grands syndicats espagnols, Candido Mendez de l’UGT et Ignacio Fernandez Toxo du CCOO, ainsi que du célèbre acteur espagnol Javier Bardem. «Nous appelons l’Union européenne et l’Espagne à condamner cette brutale répression et les invitons à demander au roi du Maroc qu’il mette fin à cette violence injustifiée, disproportionnée et cruelle», a déclaré Javier Bardem dans un discours, à la fin de la manifestation. Les manifestants ont scandé à vive voix «Maroc coupable, Espagne responsable», «Sahara libre maintenant !» ou encore «Maroc dehors, 35 ans d’occupation cela suffit».
L’attitude du gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero a été vivement dénoncée par les organisateurs de la manifestation. Comment ne pas le faire alors que Zapatero préfère les intérêts bassement mesquins qui passent avant le droit d’un peuple à une vie libre et digne ? Il a expliqué, à partir de Séoul, que «les intérêts de l’Espagne devaient passer en premier» et que «la relation avec Rabat était une question prioritaire, une question d’Etat». Le dirigeant de l’opposition espagnole, Mariano Rajoy, a critiqué aussi cette position de Zapatero au cours d’un meeting en Catalogne, hier.
Par ailleurs, plusieurs gouvernements ont énergiquement dénoncé la répression marocaine. Le gouvernement sud-africain a indiqué avoir «appris avec consternation la manière brutale» avec laquelle les forces d’occupation marocaines ont attaqué le camp sahraoui et appelé à une «solution qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Même ton utilisé par le gouvernement vénézuélien. Caracas a condamné avec des termes forts l’agression «brutale» perpétrée par l’armée d’occupation marocaine contre les Sahraouis. Le gouvernement bolivarien a exprimé «son inquiétude» face à des actes de violence exécutés par les forces de répression marocaines.
Hacen Ouali
El Watan, 15/12/2010
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