Les relais français du Maroc ciblent Tindouf : Rabat tente de desserrer l’étau

Dans une lettre adressée à la ministre française des Affaires étrangères, l’ex-ministre français de l’Intégration accuse le Polisario de détourner les aides destinées aux réfugiés sahraouis de Tindouf (originaires du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ils ont fui l’occupation et la politique de génocide marocaine, ndds)
Michèle Alliot-Marie a été destinataire d’une sollicitation bien encombrante. «Il s’avère en fait, que le Polisario bien loin d’aider les Sahraouis, les retient prisonniers, dans des conditions dramatiques, dans les camps et que les moyens financiers dispensés par différents organismes humanitaires internationaux ou européens servent à des fins plus militaires que réellement humanitaires», souligne dans son message celui qui avait déclaré dans une réplique à l’ex-Premier ministre de François Mitterrand, Edith Cresson, à propos des Japonais qu’ils étaient «plus habitués au langage de velours des geishas qu’à l’argot vulgaire des femmes de poissonnier.»

A peine installée dans son fauteuil de responsable de la diplomatie française, qui a pour mission d’apaiser des relations politiques bien tumultueuses entre Paris et Alger, que son prédécesseur a exacerbées par des sorties médiatiques aussi maladroites qu’inappropriées, Michèle Alliot-Marie est mise dans une position plutôt inconfortable.

Dans une lettre adressée à la ministre française des Affaires étrangères, l’ex-ministre de l’Intégration accuse le Polisario de détourner les aides destinées aux réfugiés sahraouis de Tindouf. Une opération qui cible à diaboliser le Front Polisario et qui touche directement l’Algérie. «Eric Raoult a dénoncé le détournement inacceptable par le Polisario de l’aide humanitaire destinée aux populations des camps de Tindouf avec le silence complice de différents organismes humanitaires européens et demande à la France d’obtenir un contrôle de la part de la communauté internationale pour que cette situation ne soit plus tolérée», rapporte dans une dépêche datée du 05/12/2010, l’agence de presse officielle marocaine MAP.

«Cette situation est inacceptable et ne peut pas être tolérée plus longtemps par la communauté internationale.

La France se devrait d’obtenir un contrôle de ces fonds pour éviter ces dérives préjudiciables à l’image de l’action humanitaire, comme des pays qui acceptent ces détournements», a demandé le député de la majorité présidentielle (UMP), dans une missive adressée à la ministre française des Affaires étrangères.

Gageons que cette requête à défaut de se retrouver au fond d’un tiroir, finira au fond d’une poubelle. D’où le député maire du Raincy (Seine-Saint-Denis) tient-il ces allégations? Cette propagande qui n’a cessé d’être relayée par le pouvoir marocain, a fini vraisemblablement par contaminer des cercles proches de l’Elysée.

L’élu du Palais Bourbon presse le chef de la diplomatie française de lui indiquer la position de Paris sur ce dossier. «Différents témoignages concordants prouvent que ces fonds sont détournés au vu et au su des structures humanitaires, sans souvent les voir réagir, car leurs responsables partagent plus une cause, qu’ils ne s’assurent de la régularité de la diffusion des crédits humanitaires, à destination des populations civiles sahraouies», accuse celui qui en plein débat sur les retraites a déclaré: «Pour moi, Israël c’est plus important que les retraites.»

Pas un mot cependant n’a été prononcé au sujet de l’assaut lancé contre le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik qui s’est soldé par des dizaines de morts et plus de 4 500 disparus ou sur les enlèvements de militants sahraouis des droits de l’homme dans les territoires occupés. Un silence complice qui caractérise les courtisans du trône marocain. C’est le prix – de la lâcheté – à payer pour se dorer sous le soleil de Marrakech. Eric Raoult peut aller se faire…bronzer.
Mohamed TOUATI
L’Expression, 7/12/2010 

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