Le peuple sahraoui, sacrifié par la presse marocaine

Le sahraoui s’étonne de ceux qui ne voient qu’à distance, au-delà du mirage : ceux qui ne souffrent que des gémissements émis à des milliers de kilomètres, ne s’affligent que de ce qui touche les « gens du Nord », ne prennent d’initiative, ne hurlent, n’appellent au secours que pour une partie de ceux qu’ils appellent « leurs concitoyens ».

Le sahraoui s’étonne de ceux qui ne voient ni n’entendent ni ne se lamentent de la souffrance et la douleur de ceux qu’ils appellent les frères des « provinces du sud ».
Ils voient les souffrances du peuple palestinien qui se trouvent à des milliers de kilomètres, mais ne voient pas ce que leurs tortionnaires font au peuple sahraoui dans la maison d’à côté.

Ils lancent leurs anathèmes comme leurs fusées en papiers, à Rabat et à Casablanca; sur les chaînes qui puent le pétrole et la mauvaise encre qui noircit les kilomètres de pages, et dénoncent ce qui touche leurs « frères à Gaza », mobilisent tout le lexique de la compassion et de l’affliction et incitent la population à se révolter contre ses agissements.

Son étonnement et ses interrogations sont ceux de milliers de sahraouis qui se posent des questions et essaient de comprendre. Ce qui fait le plus mal et fend le cœur c’est que ce silence se fait au nom de la défense de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de la grandeur marocaine.

Des hommes normalement constitués n’auraient pas pu ignorer nos malheurs, nous les sahraouis qui sommes victimes tous les jours de la répression et des insultes de l’appareil répressif du Makhzen traditionnel, des policiers, des gendarmes.
 
Nous sommes ignorés même par la presse indépendante
marocaine qui évolue dans une situation quasi identique à celle vécue par les défenseurs des droits de l’homme dans la partie du Sahara Occidental sous contrôle marocain. Ils sont tous les deux victimes de procès politiques déguisés par des diverses accusations avancées par la justice.
Cette presse est consciente que ces procès ne font que corroborer les soupçons sur les supposés acquis démocratiques du Maroc, des acquis qui n’ont jamais existé ou, pour le mieux, n’ont existé que dans le discours.
Les journaux qui se disent indépendants n’hésitent pas à s’attaquer au gouvernement,  à dénoncer la malversation, la corruption et les violations des droits de l’homme au Maroc. Cependant, il paraît qu’ils ont décidé, depuis le début, de sacrifier le peuple sahraoui pour réaliser leurs revendications. Un cadeau présenté au gouvernement en échange de quelques miettes d’une liberté d’expression jusqu’à présent inexistante.
A part un journal ou deux, la voix des dizaines de journaux marocains est unanime lorsqu’ils parlent du Sahara. Sur les violations des droits de l’homme, la répression et l’emprisonnement des militants sahraouis, c’est le silence absolu.
On peut comprendre qu’ils défendent leur position sur la « marocanité » du Sahara, qu’ils n’aiment pas le Front Polisario, mais de là à sauter sans gêne le pas de la vérité et l’accuser des pires diffamations n’est pas sérieux et jette des soupçons sur la véritable nature de cette presse indépendante. Pire encore, pas un mot sur les violations quotidiennes des droits de l’homme qui sont commises depuis 34 ans. Est-ce pour recevoir des chèques publicitaires en échange du feu vert pour la politique saharienne du régime? Ne peut-on pas appeler cela de la discrimination pure et simple?
Si les sahraouis sont considérés comme des citoyens marocains et des frères, aucun journaliste ne s’arrête un instant pour se dénoncer ce qui se passe au Sahara. Au contraire, on a donné carte blanche au gouvernement pour les exterminer. Quel drôle de traitement pour ceux qu’ils appellent les « sujets de Sa Majesté des provinces du sud  » !
Le journal Al Watan Al-An et Le Journal Hebdo sont les seuls qui ont décidé d’opter pour l’honnêteté envers les sahraouis et ils sont constamment punis pour cela. Le premier n’a droit même pas à une page web. Est-ce cela un indice de la complicité des autres organes de presse avec le régime en matière saharienne?
Apparemment, la réponse est oui. Cette presse est  à l’image du système qui est en place et semble être déconnectée de la réalité sahraouie. Tel un troupeau de moutons sages, dans l’affaire du Sahara elle est orientée par le palais dans toutes les directions sauf dans la bonne, celle qui indique que le peuple sahraoui est un peuple frère qui subit les mêmes exactions que le peuple marocain.
Le magazine TelQuel; qui se veut le plus transparent jusqu’au point d’aller faire un reportage sur le Front Polisario et les camps des réfugiés sahraouis, cache mal sa transparence. S’agissant du Sahara, il exprime une petite vérité pour faire passer un grand mensonge. L’art de la propagande et de se moquer de la naïveté des citoyens.
Ces héros de la lutte pour la liberté de la presse, et à leur tête Al-Massae, ne gâchent jamais une occasion pour s’attaquer au Polisario racontant des mystifications et des mensonges atroces sans preuves ni raisons et ils n’hésitent pas à se montrer comme une presse-poubelle distinguée par la bassesse lorsqu’il s’agit de défendre la pseudo-intégrité territoriale et alimenter cette hystérie collective cultivée par le régime pour les maintenir à sa merci.
Quand leurs maîtres foirent dans leur politique saharienne, tout le monde s’acharne contre l’Algérie, le bouc émissaire idéal pour détourner l’attention de la population.
Rachid Nini, le directeur du journal le plus vendu aura à cœur de se montrer plus royaliste que le roi. A côté de son portrait, qui illustre à merveille son despotisme, dénonce des complots imaginaires pour « affaiblir l’institution monarchique et ébranler la confiance que lui témoignent les Marocains ». Ensuite, il se pose en procureur pour dénoncer le manque de rigueur et de fermeté du gouvernement dans la question du Sahara à cause des succès « des ennemis de l’intégrité territoriale » pour lequel ne sont que des mercenaires à la solde de l’Algérie.
Espérons qu’ils tireront des leçons de celui qui, à force de s’en prendre à l’Algérie, a reçu une gifle en pleine figure : Le quotidien Assabah qui trouve que la main de l’Algérie peut traverser la Méditerranée pour influencer le dictat des magistrats français chargés d’élucider l’assassinat du célèbre opposant marocain Mehdi Ben Barka à Paris. Mais voilà une nouvelle qui met le pendule à l’heure : Le patron du quotidien marocain Assabah a été condamné par la justice française pour diffamation envers un journaliste de la chaîne publique France 3 qu’il accusait d’être un agent des services secrets algériens.
Abdelmounaïm Dilami, directeur de la publication du quotidien en langue arabe Assabah, avait été condamné par défaut le 14 octobre 2008 à 3.000 euros d’amende et 5.000 euros de dommages et intérêts.
En octobre 2007, le journaliste de France 3 Joseph Tual avait révélé l’existence de cinq mandats d’arrêt délivrés par un juge français à l’encontre de ressortissants marocains soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement de Mehdi Ben Barka en 1965 à Paris. Les mandats d’arrêt avaient été émis lors d’une visite du président Nicolas Sarkozy au Maroc. Dans son édition des 3 et 4 novembre 2007, Assabah publiait un article intitulé «Les services de renseignements algériens disposent du dossier Ben Barka».
Il est grand temps que les journalistes marocains fassent preuve de sagesse et de sacrifice pour leurs métiers en prônant la vérité comme seule dogme quel que soit le sujet et qu’on arrête de diaboliser les sahraouis pour le simple fait qu’ils ne veulent jeter l’éponge.

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