Le Maroc menace l’envoyé de l’ONU suite à une décision sur le Sahara Occidental

Pour Rabat, le conflit du Sahara doit rester dans le cadre du Conseil de Sécurité

La première tentative de l’Envoyé de l’ONU, Staffan de Mistura, visant à sortir le conflit du Sahara Occidental de sa paralysie et à impliquer un nouvel acteur dans la recherche de solutions, en l’occurrence l’Afrique du Sud, a déjà provoqué une confrontation avec le Maroc, qui a « mis en garde (De Mistura) des conséquences de son voyage ». Le voyage inattendu de De Mistura en Afrique du Sud – un pays clairement aligné sur la position du Front Polisario indépendantiste – a été annoncé mardi (un jour avant qu’il ne se produise) par le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, un jour avant qu’il ne se produise, et Dujarric a déclaré qu’il était « dans son mandat » d’ouvrir des consultations avec qui il jugerait opportun.

Le Maroc a attendu quatre jours avant de rendre public que ce voyage avait eu lieu après que Rabat, ayant eu connaissance du projet de voyage, eut communiqué « directement à De Mistura, ainsi qu’au secrétariat de l’ONU, l’opposition catégorique du Maroc à un tel voyage », selon les déclarations d’Omar Hilale, ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, à l’agence MAP de son pays.

Hilale a été plus loin dans ses déclarations et s’est permis de « mettre clairement en garde (De Mistura) des conséquences de son voyage sur le processus politique », rappelant qu’il espère « qu’il ne s’agit pas d’un défi au Maroc de la part de De Mistura, mais d’une simple erreur d’appréciation ».

Ce n’est pas la première fois que le Maroc entre en conflit avec un Envoyé de l’ONU en raison de divergences sur sa mission : en 2012, il a déclaré « persona non grata » à l’envoyé de l’époque, l’Américain Christopher Ross, et bien que le secrétaire général de l’époque, Ban Ki-moon, l’ait maintenu en poste cinq ans de plus, depuis lors, il était pratiquement « brûlé » et sans interaction avec Rabat.

La pertinence de l’Afrique du Sud dans le conflit du Sahara

Comme on pouvait s’y attendre, l’inclusion de l’Afrique du Sud dans les contacts de De Mistura a été accueillie de manière très différente par le Maroc et le Front Polisario, étant le pays qui, avec l’Algérie, est depuis des années le principal soutien diplomatique du Polisario sur le continent africain. Le poids politique de l’Afrique du Sud sur le continent est indéniable, d’autant plus depuis son rôle de premier plan dans la dénonciation d’Israël devant la Cour Internationale de Justice pour la guerre à Gaza, s’ajoutant à une position traditionnelle de soutien à tous les mouvements anticolonialistes.

Interrogé par l’agence EFE sur la raison pour laquelle l’Envoyé a inclus l’Afrique du Sud dans ses contacts, le bureau de De Mistura a refusé de donner des explications, se référant aux propos de Dujarric et à la discrétion avec laquelle le diplomate italo-suédois mène à bien sa mission.

Le représentant du mouvement sahraoui auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a quant à lui déclaré à l’agence EFE que la visite de De Mistura est pleinement justifiée « si l’on prend en compte le rôle important joué par l’Afrique du Sud en faveur de solutions pacifiques et équitables aux conflits en Afrique et au-delà de ce continent », faisant clairement référence à la dénonciation contre Israël.

Omar a ajouté que l’Afrique du Sud « est un pays reconnu internationalement pour sa ferme défense des causes justes, comme le Sahara Occidental et la Palestine (en plus d’avoir) un engagement fort envers le droit international et un ordre mondial basé sur des normes et ancré dans le système de l’ONU ».

Mais c’est justement cette proximité de l’Afrique du Sud avec le Polisario qui a irrité le Maroc, une proximité qui « disqualifie l’Afrique du Sud de toute interférence dans le dossier du Sahara marocain », a déclaré l’ambassadeur marocain dans ces déclarations. « Le Maroc ne permettra jamais à l’Afrique du Sud d’avoir un rôle quelconque dans le dossier du Sahara marocain. Pretoria a été et reste toxique pour la question du Sahara marocain », a conclu Hilale.

Pour le Maroc, le conflit du Sahara doit rester dans le cadre du Conseil de Sécurité et dans la formule de tables rondes où siègent Rabat, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, la présence de l’Algérie en tant que principal défenseur du Polisario étant obligatoire, mais l’Algérie refuse d’y participer.

C’est ce blocage qui a poussé De Mistura à explorer d’autres solutions, mais la voie sud-africaine semble être de courte durée. À moins que De Mistura ne tente de s’imposer au Maroc et de passer outre à ses avertissements.

https://www.larazon.es/internacional/marruecos-amenaza-enviado-onu-decision-sahara-occidental_2024020565c08a0d327cdd0001aefdda.html

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