Biadillah, le nouvel instrument du Makhzen

Voilà, nous l’avons dit et c’est fait! Biadillah est président de la Chambre des Conseillers. Après El Himma, c’est lui qui fera la une de la presse officielle. Mais il ne faut pas prendre les citoyens marocains pour des imbéciles encore pires que leurs parents l’ont été durant l’ère révolue de Hassan II.
Tous les ingrédients d’une mascarade et le folklore qui va avec se réunissent dans cette ascension fulgurante du PAM que certains veulent nous faire croire qu’elle n’est pas décidée sans concertation entre le roi et son ami d’enfance.
Hassan II est le précurseur de cette méthode. L‘instrument RNI et UC n’a-t-il pas fonctionné pendant 20 ans? Pourquoi ça ne marcherait pas avec le PAM? C’était prévu qu’il gagne et il a gagné, comme c’était prévu de mettre un sahraoui à la tête du parti et du Sénat. Le pas suivant? Les élections de 2012, où Biadillah sera à la tête du gouvernement.
Au Maroc il n’y a que le palais qui décide, le reste c’est des accessoires. Le PAM s’inscrit dans une stratégie de main basse de la monarchie sur la vie politique pour quelques années encore avant de soulever de nouveau le débat sur les prérogatives de la monarchie. Un débat aujourd’hui silencié au nom de la « stabilité du pays ».
Le PAM reste le parti de l’ami du roi au service des stratégies du palais. Nul besoin d’être un génie pour déduire que, dans ce pays, le véritable et l’unique décideur du champ politique reste le Palais Royal. Et pas forcément le roi parce que celui-ci s’est bien avéré sans aucune vision politique, mais ses conseillers derrière lesquels il se cache et fait semblant d’exercer son autorité.
Une certaine naïveté politique a laissé croire pendant un certain temps que l’on peut être démocrate tout en s’accaparant de tous les pouvoirs, politiques comme économiques, et laisser libre cours à l’évolution « naturelle » de la démocratie. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour comprendre que les choses sérieuses ne peuvent être faites d’illusions. La tendance générale, qui commençait à être relayée par la presse allait tout droit vers l’unique réforme fondamentale qui changerait la donne politique: revoir le statut constitutionnel du roi.




Aussitôt compris aussitôt contrattaqué. Le PAM est là pour toutes ces raisons, notamment pour maîtriser la réforme de la constitution dans le sens de la limiter à l’élargissement de la régionalisation. La première expérience qui en découlera doit être maîtrisée à 100% d’où l’acharnement pour mettre le PAM premier vainqueur des élections coûte que coûte.

Au début de son aventure, les marocains ont eu la faiblesse de croire El Himma quand il affichait son intention de renouveler la classe politique en y injectant du sang neuf, des cadres jeunes et compétents, vivier d’idées nouvelles pour le Maroc de demain. Et le voilà qu’il leur amène Biadillah Mohamed Cheikh, un homme avec une mentalité des plus archaïques. Un homme qui pulvérise tous les records de la mesquinerie et la médiocrité politiques, un  homme dont le seul fait d’arme est d’avoir été choisi par le palais pour jouer ce rôle.
Les seules idées politiques que l’on connaît de Biadillah ont été transcrites par sa plume dans le journal Al-Massae dans un article intitulé « La Patrie et le complot ».
L’article est destiné à mettre en perspective les événements qui ont occupé la une de médias marocains dernièrement. Dès le titre, on devine facilement que l’auteur met sur le compte du complot contre la patrie aussi bien le sondage sur la popularité du roi, le mouvement MALI, que les réactions qui ont suivi la publication du bulletin de santé du roi.
Justifiant son intervention par le sentiment qui le gagne par « la désertification que connaît l’espace public de tout débat » et par « le renoncement des élites à leurs diverses missions », Biadillah réagit en mettant ce complot sur le compte de milieux aussi divers et variés que les intégristes animés par l’utopie du Califat, les partisans des doctrines chiites, Wahhabites et Bahaii obéissant à des agendas étrangers, les séparationistes ou encore les prosélytes chrétiens.
Mais à ce mélangé explosif, l’auteur ajoute une catégorie pour le moins bizarre. Celle des missionnaires de l’ère de la Darija et de la disparition de l’arabe classique et ceux qui veulent utiliser les caractères latins pour la langue Amazigh, soeur de l’arabe.
Pour faire face à ces comploteurs, et là il ne laisse plus aucun doute sur la sa nature fasciste, Biadillah cite Althusser pour justifier le recours de l’Etat à la répression légitime à travers police et tribunaux, dans un contexte caractérisé, selon lui, par « l’effrayante panne des appareils idéologiques de l’Etat ».
Biadillah est tout un exemple d’une énième création d’un parti makhzénien, qui veut prendre le relais des partis de la même nature mais refléter cette fois le faire-savoir du Makhzen de l’ère Mohamed VI… voulant surtout opérer une rupture avec les politiques d’un Makhzen labellisé Hassan II omniprésent surtout dans les campagnes.

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