Sahara : Régionalisation, répression et spoliation

Dix-huit ans se sont écoulés depuis l’application du plan de paix onusien pour le Sahara Occidental. Une période beaucoup trop longue pour un simple problème de décolonisation qui a créé tant de tension et empêche la mise en marche d’un véritable programme de coopération et de développement dont les peuples de la région ont besoin. La seule raison de ce blocage est que le Maroc n’est pas prêt à accepter une solution qui ne vise pas à entériner l’assimilation pure et simple de ce territoire. Les holdings du roi et les généraix de l’armée sont retranchés, avec beaucoup de poids, dans l’économie locale du Sahara Occidental. De la contrebande aux milliards de dollars de l’industrie de pêche et des phosphates, leurs mains sont dans chaque partie de cette tarte qui est le Sahara.

Dix-huit ans après le cessez-le-feu, le Maroc cherche toujours à gagner la bataille du Sahara Occidental par les manœuvres dilatoires, les mensonges, les manipulations et le défi à la communauté internationale.
La présence de la MINURSO (Mission des NU pour le référendum au SO) contribue à créer un faux espoir de solution, au moment où les négociations qui durent depuis plus de 8 ans n’aboutissent à rien. Cette présence sur le terrain offre au gouvernement marocain l’occasion de poursuivre l’occupation du Sahara Occidental sans aucun souci, le renforcement de ses fortifications militaires et l’exploitation de ses ressources naturelles, et le plus important, la situation de « ni guerre ni paix » qui a contribué sérieusement à porter atteinte à la cause sahraouie sur le plan médiatique.
Pour le Maroc et ses alliés, la France et l’Espagne en particulier, la MINURSO agit en temps que force de dissuassion dans la région et le royaume alaouite ne veut pas apparaître comme le coupable de son départ. Donc, la MINURSO, à travers le cessez-le-feu, consolide un statu quo considéré par les marocains comme un atout dans leurs mains. Le Maroc, se trouvant dans une position assez confortable avec le statu quo,  préfère maintenir cette situation indéfiniment avant d’entrer dans un terrain diplomatique inconnu.
Tous les analystes sont unanimes que les négociations n’aboutiront à aucun résultat. Le spectre de la guerre plane en permanence. Par conséquent, l’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, Christopher Ross, finira par présenter une proposition dans le but de sortir cette situation de l’impasse. A ce moment-là, le statu quo tant aimé par les autorités marocaines s’effritera, raison pour laquelle Rabat cherche par tous les moyens à arrêter le processus des négociations conscient qu’il se verra obligé à accepter toute nouvelle proposition suggérée par le responsable onusien. Les négociations doivent cesser sans que le Maroc soit pointé du doigt.
Les conseillers de Mohamed VI ont imaginé que l’escalade dans la campagne de répression, la détention des sept militants des droits de l’homme sahraouis et l’expulsion d’Aminatou Haidar pousserait le Front Polisario à boucotter la prochaine rencontre prévue au mois de janvier courant. Leurs prévisions sont tombées à l’eau, lorsque le Secrétariat National du Polisario s’est réuni le 30 décembre 2009 pour annoncer que le mouvement sahraoui est prêt à reprendre les négociations et à collaborer avec les Nations Unies dans la recherche d’une solution basée sur le droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination. Cela a fait l’effet d’une bombe à Rabat. Trois jours après, Mohamed VI a été obligé d’annoncer un discours pour le lendemain qui n’était pas dans son agenda. La surpise était générale et cela a soulevé beaucoup de questions. Est-ce que le roi va déclarer la guerre à l’Algérie? Va-t-il annoncer quelque chose de grave?
La déception était grande. L’apparition soudaine du monarque n’était que pour répéter une vieille chanson : la régionalisation. C’est le cadeau offert après le fiasco Haidar et une tentative désespérée de convaincre la communauté de ses bonnes intentions envers le peuple sahraoui et la société marocaine. En vain. L’année écoulée a été une preuve inéluctable de la volonté du régime de rester dans l’immobilisme.

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