Le Maroc est en crise interne majeure. Un échec historique du modèle, un effondrement de la gouvernance spoliée par une monarchie prédatrice et un exécutif corrompu, sous influence, sans vision et exténué.
Le soutien au Maroc dans l’affaire du Sahara Occidental ayant sérieusement baissé dans le monde entier au cours des dernières années, notamment suite au départ de Bush et de Peter van Walsum et aux violations graves des droits de l’homme, les dirigeants marocains tentent de compenser le déficit d’affection, via une armada d’internautes payés pour relayer leur propagande.
Celle-ci inclut des accords passés par les responsables de Rabat avec une batterie d’organisations, de sites internet et d’initiatives privées qui font la promotion de l’image du Maroc dans la presse, à la télé et sur internet, et diffusent toute sorte de désinformation sur la réalité du conflit et de la situation au Maghreb. A titre d’exemple, on peut citer : Maliweb, Mauritanie-web, Africaguinée, Courrier International, Continental News, Le Matin Dz, sans parler de ceux à connotation nationale (E-Marrakech, Sahara Marocain, Info-Maroc, Casa Free, etc).
Le web est devenu le nouveau théâtre du conflit marocco-sahraoui et Rabat est convaincu qu’il doit d’être actif sur ce théâtre, sans quoi il perdra cette mine d’or qui est le Sahara occidental. Pour cette raison, à présent, toute la force du Makhzen s’est concentrée pour faire taire la voix du peuple sahraoui. Pour cela, une brutale campagne de piraterie informatique s’est déchaînée contre les sites Internet sahraouis.
La désinformation est une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés :
1) La diabolisation est une forme de désinformation, car elle vise à détruire l’image de l’adversaire (ou de ses chefs) par des méthodes pseudo-objectives. Ainsi, vous pouvez lire sur certains des sites mentionnés ci-dessus que « trois éléments du Front Polisario ont été arrêtés par la police mauritanienne à cause de leurs liens avec Al-Qaïda », « l’Algérie s’en prend à des polisariens autonomistes », »L’Algérie ne peut sous-traiter la question des droits de l’homme au Polisario, selon Human Rights Watch »… Ces fausses informations seront relayées par tous ces sites, chaqu’un à son tour, pour assurer sa diffusion le plus longtemps possible.
2) Un ton protecteur, paternaliste (Le Maroc rempart contre le terrorisme, contre l’immigration illégale, contre le trafic de drogue, etc)
3) Tracer un parallèle entre le Maroc et l’Occident, y compris la nécessité de combattre le terrorisme. Le langage du Maroc est celui des pays occidentaux : Démocratie, liberté, sécurité et paix.
4) Répéter que « le pays a besoin de stabilité pour affronter tous ces dangers » et cette stabilité est liée à l’annexion du territoire sahraoui.
5) Se vanter des faux acquis démocratiques et d’une transition imaginaire qui n’existe que dans les discours du roi Mohamed VI.
La désinformation qui vise aussi le peuple marocain a été massive sur des prétendus progrès en matière de démocratie, sur les répercussions de la crise financière au Maroc, sur le sentiment des sahraouis envers l’occupation marocaine, sur Aminatou Haidar, sur le développement économique dans « les provinces du sud depuis leur récupération »…
Le conflit qui oppose le Maroc au peuple sahraoui est un conflit inégal. Le Maroc a des amis puissants qui mettent à sa disposition ses lobbies, beaucoup d’argent et une force physique plus grande.
Dans un article intitulé «K Street vs The Tribesman», le très réputé hebdomadaire The Washington Legal Times avait décrit comment en 1998 le roi Hassan II a retenu les services de Cassidy & Associates. Pour 1,2 millions de dollars, la plus grande firme de lobbying américaine devait aider à renverser la tendance de l’opinion des membres du Congrès américain et à inverser la remarquable réussite de Mouloud Saïd. Ce dernier est décrit comme l’homme orchestre travaillant en solitaire.
Malgré son armée de lobbyistes chevronnés à Washington, le pays a essuyé des résultats peu satisfaisants. Dix ans plus tard, le Maroc a changé ses armées de lobbyistes -cinq différentes firmes- sans une véritable évolution. En effet, le Maroc a dû dépenser près d’un demi-million de dollars en 2009 pour plaider sa « cause » auprès des sénateurs américains et des hommes d’influence à Washington.
Les lobbies aux Etats-Unis n’apportant pas leurs fruits, Rabat ajoute une nouvelle stratégie. L’activité de l’inamovible président du Conseil des Communautés Israélites du Maroc et ambassadeur itinérant, Serge Berdugo, multiplie ses déplacements au sein de cette communauté au niveau mondial. Jason Isaacsson, président de l’AJC (Comité Juif Américain), Isaac Siboni, président de la Fondation espagnole Centre Peres pour la paix et de l’assemblée universelle Séfarade, et d’autres, ont été décorés par le roi Mohamed VI avec des Wissam de haute distinction. Et pour enfoncer le clou encore plus loin dans le dos du peuple marocain, Tzipi Livni est réçue les bras ouverts à Marrakech pour participer dans un forum organisé par l’Institut Amadeus sous le titre de MeDays2009, une rencontre conçue comme une préparation pour la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Deux autres personnalités israéliennes ont été invitées à MEDays 2009: l’ancien ministre des Affaires étrangères Shlomo Ben-Ami et la vice-ministre de l’Industrie Orit Noked.
Le Maroc a dû payer des énormes sommes d’argent et recourir à ces méthodes à cause de ses sérieux problèmes. Après 35 ans de conflit, ni les alliés, ni l’opinion publique, ni les différents lobbies en Europe et aux Etats-Unis n’ont pu l’aider à s’approprier définitivement du Sahara Occidental.
Nonobstant, les portes ne sont pas encore fermées. Il reste la voie de la sagesse, celle qui passe par le respect de la volonté du peuple sahraoui.
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