L’écrivain Jean Lamore déplore le parti pris de la France dans le conflit du Sahara occidental

 L’écrivain-journaliste américain Jean Lamore a déploré le silence entretenu par la France autour de la question du Sahara occidental, exprimant sa crainte qu’une reprise de la lutte armée par le peuple sahraoui ne soit la seule issue au conflit.
 
Dans un entretien à l’APS, M. Lamore a affirmé que le silence entretenu par la France, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, sur le conflit du Sahara occidental « n’a rien de surprenant », le gouvernement français n’ayant « aucune intention d’intervenir sur cette question pour trouver une solution acceptable ».
« Je regrette de dire que la reprise de la lutte armée par le peuple sahraoui risque d’être le seul facteur qui puisse amener le Maroc et la France à envisager une réelle solution à ce conflit », a-t-il dit à ce propos.
« L’ex-ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, n’a-t-il pas dit que le peuple sahraoui n’existait pas. Quant à l’ancien président Jacques Chirac, n’a-t-il pas déclaré que le Sahara Occidental était une province méridionale du Maroc », a rappelé M. Lamore pour illustrer le parti pris de la France.
Il a souligné, aussi, qu' »après avoir participé directement au conflit armé en bombardant le Front Polisario au profit du Maroc, Paris a toujours ouvertement cautionné l’occupation illégale du Sahara par le Maroc », estimant que la position de la France est « indigne d’une grande démocratie ».
« Se privant de tout contact avec le Front Polisario et le peuple sahraoui, Paris a, de fait, un regard asymétrique sur la question », a indiqué l’écrivain-journaliste, relevant que cette vision « dissonante » ne permet pas une juste appréciation de la réalité sur le terrain.
« Quelque part, nous retournons au 19ème siècle, à l’époque où la carte de l’Afrique se dessinait en Europe. S’accrochant à son passé colonial, la France continue à vouloir dicter sa ligne politique et à agir à fond sur une question qui ne la concerne pas directement », a observé ce journaliste qui soutient la cause sahraouie.
Sur la nature des relations qui la lient au Maroc, il a constaté que la France entretient des relations économiques « très importantes » avec son allié marocain et qu’elle a un « passé riche en ingérences dans cette zone », estimant, par ailleurs, qu’elle « n’a jamais vraiment digéré l’indépendance de l’Algérie ».
Il a réfuté, en outre, les arguments marocains repris par le cabinet de l’Elysée et même par le Département d’Etat américain, qui « ne sont plus, a-t-il dit, acceptable au 21ème siècle ».
« On entend que le Maroc aurait si massivement investi dans les infrastructures au Sahara occidental, que ce territoire illégalement occupé lui reviendrait de facto. C’était, également, l’argument de base des anciens pays colonisateurs en Afrique et cela n’a pas empêché les colonisés d’accéder à l’indépendance », a souligné M. Lamore, affirmant que « l’Etat sahraoui existe déjà » et qu’il est « parfaitement viable ».
Interrogé sur les manifestations et rassemblements initiés ces derniers mois en France par les  associations solidaires avec la cause sahraouie pour sensibiliser l’opinion publique sur la justesse de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à autodétermination, M. Lamore s’est dit sceptique sur la portée de ces actions.
Radio Algérie, 8/1/2011

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