Au pays du président du Comité Al Qods, militer pour la Palestine est devenu un « crime »


C’est une vidéo très intéressante et très instructive. Dans une cellule d’une prison marocaine, on voit un jeune homme, imberbe et un peu perdu dans ses réponses. Pourtant, selon l’expression consacrée, c’est un islamiste. Un salafiste. En somme, un membre de la nébuleuse de la Salafia Jihadia , dont tous les membres assurent qu’elle n’a jamais existé auparavant et qu’elle a été constituée en prison quand ils ont fait connaissance les uns avec les autres.
Ce jeune détenu est un étudiant en dernière année à l’Ecole Mohammedia des ingénieurs. Il ne porte pas de barbe et il est francophone. C’est-à-dire qu’il ne correspond pas du tout à l’archétype que l’on se fait du dangereux islamiste salafiste, très porté sur la langue arabe et maniant les sermons religieux à longueur de discours.
Mehdi, c’est ainsi qu’il se prénomme, raconte comment il a été séquestré durant un mois par la DST, la police politique, dans la sinistre prison secrète de Témara. Il tient à préciser qu’il « n’a pas été torturé », comme si c’était une exception alors que ça doit être la règle.
Puis, il raconte dans le détail comment il a été accusé de vouloir aller « en Somalie« , alors qu’il n’avait pas de passeport et que l’immense majorité, sinon la totalité, des salafistes opte plutôt pour l’Irak.
Pour ce qu’il dit de la justice marocaine, ce n’est vraiment pas un scoop. Le juge d’instruction Abdelkader Chentouf, une vraie marionnette judiciaire selon les avocats qui l’ont traité, n’a jamais eu affaire à des innocents. Pour lui, cela n’existe pas au Maroc. Tous les prévenus qui lui ont été présentés sont sortis accusés de son bureau. Un sommet de justice couchée.
Quant aux magistrats de la cour d’appel de Salé chargé des affaires terroristes, leurs méthodes sont amplement connues : Désintérêt manifeste pour écouter la version des accusés, refus systématique des preuves apportées par les avocats des accusés et foi aveugle dans les procès verbaux de la PJ, qui sont eux-mêmes des copies assermentées des rapports de la DST. La DST au Maroc, faut-il le rappeler?, n’a pas les prérogatives d’une police judiciaire puisqu’elle n’est pas soumise aux services du procureur.
Enfin, les condamnations. Cette cour spéciale de Salé pratique une véritable justice d’abattage. Tout le monde passe par la case prison. Et même ceux qui sont finalement innocentés ont dû passer plusieurs mois ou années derrière les barreaux. Même les organisations des droits de l’homme marocaines les plus indulgentes avec le régime estiment que si tous ces islamistes ne sont pas innocents, ils ne sont pas non plus tous coupables.
Mais ce qui aurait pu être marrant, s’il n’y avait pas l’histoire de ce jeune homme perdu au milieu de ces barbus, c’est quand Mehdi raconte l’un des interrogatoires menés par les fins limiers de la DST. Ceux-ci lui reprochaient de vouloir aller en Palestine pour soutenir les palestiniens et de penser beaucoup à « l’islam ».
Au pays du président du Comité Alqods et du « commandeur des croyants », « Sidna » Mohamed VI, militer pour la Palestine est-il devenu un « crime » ? Si c’est le cas, Israël peut dormir tranquille. Le Maroc veille !
Ali Lmrabet
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=2460

Lien vers la vidéo : http://youtu.be/tbfBVXz_6zU

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