C’est aujourd’hui que le Conseil de sécurité de l’ONU doit examiner le dernier rapport de son secrétaire général portant sur le mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Rapport qui, faut-il le rappeler, est contesté par les Sahraouis, au regard de la contradiction entre les observations et les conclusions de Ban Ki-moon : dans son rapport ce dernier recommande au Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso)
Pour une année de plus, allant jusqu’au 30 avril 2012, sans aucune modification de ses missions, ce que déplore le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, pour lequel les droits de l’homme au Sahara occidental, bafoués par les Marocains, doivent être une des priorités de la Minurso. Un avis que ne semble pas partager le SG des Nations unies. Bien que reconnaissant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et l’accord militaire SOFA conclu entre le Maroc et l’ONU (mis sous le boisseau de l’embargo médiatique et du blocus militaire qu’impose le Maroc sur les villes sahraouies occupées, selon l’Association sahraouie des victimes des violations des droits humains, ndlr) et saisissant bien la nécessité et l’urgence d’y «faire face», il préfère cependant confier la mission de surveillance de ces droits aux procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme basé à Genève.
Pour Ahmed Boukhari, «ce type de mécanismes ne constitue pas la meilleure réponse au sens de l’urgence soulignée par le rapport de l’ONU lequel relève, sans ambiguité, la gravité de la situation». D’autant, fait remarquer Ahmed Boukhari, que le Conseil des droits de l’homme et ses rapporteurs n’ayant pas de présence permanente au Sahara occidental «ne peuvent donc assumer la responsabilité et la charge, ô combien grave, d’une observation efficace en vue d’une protection crédible contre les violations des droits de l’homme». D’où la nécessité, selon Boukhari, de confier ce rôle à la Minurso dont la présence est permanente, en la renforçant toutefois par un mécanisme des droits de l’homme.Une mission qui avait été d’ailleurs, a rappelé le représentant du Front Polisario à l’ONU, «la» recommandation faite par l’Office du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme dans la version originale du rapport. Ces contradictions criantes avec lesquelles Ban veut embarquer l’organisation sont pour Boukhari révélatrices du rôle de la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. En allié du Maroc, il n’y a aucun doute pour le représentant du Front Polisario à l’ONU quant aux pressions que la France a dû exercer aux Nations unies en faveur du Maroc. Etablissant le parallèle avec la situation qui prévaut dans le continent africain et brocardant l’implication de la France dans les conflits majeurs, Boukhari a rappelé que ce pays, «tout en bombardant la Libye et la Côte-d’Ivoire au nom des droits humains, est toujours opposé à ce que la Minurso soit l’instance chargée de la surveillance de ces droits au Sahara occidental». Aujourd’hui, la France va-t-elle user de son droit de veto pour empêcher tout élargissement du mandat de la Minurso ? Si c’est le cas, Kamel Rezzag Bara, l’ex-président de la Commission de l’Union africaine des droits de l’homme et des peuples, anticipe et propose une autre solution, celle de recenser les cas de violation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et de les soumettre à la communauté internationale.
Par Djaouida Abbas
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