La France épinglée par le président sahraoui

La France intervient militairement en Côte-d’Ivoire et en Libye en invoquant la défense des populations, alors qu’au Sahara occidental, elle refuse l’établissement d’un mécanisme pour protéger les Sahraouis des violations de leurs droits commises par le Maroc, a déploré hier le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz.
Le président Abdelaziz a souligné ce paradoxe lors d’une intervention devant une délégation d’élus français en visite au camp de réfugiés Chahid El Hafed. «La France intervient militairement en Côte d’Ivoire, en Libye, en invoquant la protection des populations civiles, mais refuse l’établissement d’un mécanisme au Sahara occidental pouvant aider à protéger les populations des violations et des abus», a indiqué le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), également secrétaire général du Front Polisario.
«Le peuple sahraoui défend les principes universels que sont la liberté, la démocratie et le droit de déterminer librement et sans contrainte son destin», a-t-il affirmé.
Il a estimé à cet égard que «la France gagnerait en influence et en prestige, en cessant son soutien à l’occupation et à l’expansionnisme marocains au Sahara occidental» et en observant une position de neutralité et en exigeant le respect et l’application du droit international.
C’est dans ce sens qu’il a souligné qu’une telle position n’impliquerait pas une «remise en cause» des intérêts de la France. Bien au contraire, a-t-il dit, «cela renforcerait sa crédibilité et assoirait sa notoriété de partenaire privilégié du Maghreb». «Beaucoup pensent que le conflit du Sahara occidental serait réglé depuis belle lurette n’eût été l’attitude manifestement hostile de l’Etat français à l’endroit des revendications légitimes à l’autodétermination du peuple sahraoui», a-t-il observé.
De son côté, le représentant du Front Polisario en France, M. Omar Mansour, a estimé dimanche, au camp de réfugiés sahraouis du
27-Février, près de Tindouf, que la France était plus que jamais interpellée sur sa position de «soutien total» à la puissance d’occupation marocaine au Sahara occidental. Dans une déclaration à l’APS,
M. Omar Mansour, qui a souligné le revirement de la position française lors de la révolution en Tunisie, a appelé la France à reconsidérer sa position de soutien «total» à la force d’occupation marocaine au Sahara occidental, estimant que le contexte prévalant en Afrique du Nord l’interpelle plus que jamais sur sa position dans ce conflit».
«Nous ne demandons pas à la France de bombarder le Maroc comme elle le fait en Libye, au nom des droits de l’homme, mais d’exercer des pressions sur la monarchie marocaine afin de l’amener à respecter les droits de l’homme bafoués dans les territoires occupés», a-t-il souligné.
La France avait opposé son veto, l’année dernière, à un projet de résolution du Conseil de sécurité d’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance et à la protection des droits de l’homme au Sahara occidental. 
S. T.

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