Le mariage franco-marocain contre les sahraouis

Il est naturel que les personnes aient du mal. Les gouvernements des nations, davantage. Il est devenu fréquent dans l’histoire récente que des responsables français s’allient avec ceux qui violent les droits humains.

La classe politique française, avec son chauvinisme maladif a toujours eu une conception très particulière de leurs intérêts placés avant toute autre considération qui fasse référence à la justice par rapport à d’autres nations. Récemment, nous avons lu les textes des lettres envoyées par le président de la RASD, M. Abdelaziz, dénonçant l’impassivité de l’ONU face aux violations continues des droits de l’homme par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara Occidental, pays classé territoire non-autonome par l’ONU et censé être sous sa tutelle.

Le président sahraoui a aussi accusé la France sur trois points importans: être responsable du conflit sahraoui après avoir « encouragé » la Mauritanie et le Maroc à s’emparer du territoire en 1976 ; d’être responsable, en utilisant son droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, de la violation des DD.HH. par le Maroc au Sahara Occidental, et de ce fait stagner, avec son attitude, les négociations entre le Front Polisario et le Maroc sous les auspices de l’ONU.

Le six prisonniers sahraouis libérés de la prison locale de Salé (Maroc) connus sous le nom de « groupe de Tamek », étaient conscients de cette réalité lorsqu’ils avaient écrit : « La réalité est tergiversée au monde (…), elle cache des crimes inimaginables, et, (…), tout est supervisé par la France, le pays qui prétend avoir une légitimité fondée sur la défense des libertés (…) fournit au Maroc un parapluie pour lui permettre de poursuivre sa persécution de sahraouis pacifiques dans la partie occupée du Sahara Occidental ».

Les gouvernants français doivent sûrement savoir quelque chose sur la fin d’un processus de décolonisation lorsque, il n’y a pas si longtemps, un million et demi de morts a été le prix de Algérie, où la lutte pour l’indépendance a été déclenchée en 1954 et dura jusqu’a 1962 année dans laquelle la France a daigné enfin reconnaître le droit des algériens à l’autodétermination.Les dirigeants français actuels pensent-ils que d’autres peuples, comme le peuple sahraoui, sont moins constants ou moins décidés dans leur recherche d’indépendance?

Le parapluie français sert aussi aux Marocains à continuer de défier la communauté internationale au même temps qu’ils mènent une politique de manipulation sans gêne.

La manipulation est une attitude connaturelle au royaume alaouite et les dirigeants occidentaux montrent une sérieuse vulnérabilité face au chantage et à la mythomanie marocains et tombent souvent dans les pièges tendus par le Makhzen.

Le vice de manipuler comme stratégie principale de la diplomatie et des services secrets du Maroc, est visible non seulement sur le présent, mais son ombre obscurcit la vérité du passé récent et lointain, ils sont maîtres en matière de changer l’histoire dans le but de délégitimer les revendications sahraouies.

Des manipulations visant à promouvoir l’image d’un pays modéré au monde islamique, campagne qui compte avec le soutien de la France et les lobbyes des Etats-Unis qui ont empêché le Conseil de sécurité de faire respecter l’application de ses résolutions sur le Sahara Occidental, prétextant que le Maroc est un rempart contre le communisme pendant la guerre froide et ces dernières années, un allié important dans la lutte contre le terrorisme. Personne n’ignore que la réalité sociale ne répond pas à cette image.

Dans ce contexte de «nation exemplaire», il y a lieu de se demander pourquoi le Maroc empêche la MINURSO d’élargir ses prérogatives à la veille sur la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis?

Enfin, des manipulations qui cherchent à discréditer les sahraouis : En 2005, les marocains ont essayé d’impliquer le Front Polisario dans l’attaque contre le poste de Lemgheiti en Mauritanie et qui s’est soldé de la mort de 15 soldats mauritaniens. La même tentative lors de l’enlèvement des trois coopérants espagnols, manipulation dénoncée à l’époque par l’hebdomadaire marocain Le Journal Hebdo, dénonciation qui lui a coûté la fermeture.

Dans le même contexte, le ministre marocain des Affaires étrangères Fassi Fihri, dans une lettre, adressée le 28 Janvier dernier, au Secrétaire général de l’ONU mêlait la fin du terrorisme et du trafic illégal à la solution du «conflit régional» du Sahara Occidental. Dans d’autres déclarations, il jette la responsabilité du conflit aux indépendantistes du Front Polisario pour porter préjudice à la légalité sur la souveraineté des sahraouis sur le territoire : Il n’y a pas d’indépendantistes mais des légitimes propriétaires. Les médias marocains et leur relais français racontent toutes sortes de délires sur les réfugiés sahraouis de Tindouf : otages, séquestrés, déviation des aides humanitaires, etc. Ils veulent rendre les sahraouis coupables de tous les maux du monde : le Sahel, le terrorisme, le trafic et la toute dernière chanson du Makhzen, un éventuel soutien aux troupes de Gadhafi. Sans parler de la campagne menée contre l’Algérie.

Des manipulations qui font partie d’une stratégie bien calculée, car, incapables de légaliser l’occupation du territoire sahraoui, ils pensent que le temps va miner la résistance sahraouie. Dans cette direction, la France a poussé ses homologues européens à renforcer la coopération entre l’UE et le Maroc aboutissant au statut avancé accordé au Maroc.

Mais les intérêts qui guident la politique française et avec lesquels le Maroc a créé ses alliés ont une limite comme l’a prouvé l’attitude de certaines puissances lors de la chute de quelques têtes d’Afrique du Nord suite aux derniers évènements qui ont secoué le monde arabe. Les avantages matériels, souvent illégitimes, dont jouissent la France et d’autres nations pro-marocaines, qui tissent parmi eux une solidarité complice, sont toujours circonstanciels puisque dépendant d’un intérêt caduque. Les mensonges des intéressés durent le temps nécessaire jusqu’à ce qu’ils soient découverts, la vérité est intemporelle et, en lettres majuscules, nous rend libres. Un idéal est un objectif pour lequel se sacrifier jusqu’à sa réalisation, un intérêt injuste ne porte aucune satisfaction morale. La fin est toujours écrite dans une lutte inégale, non pas du point de vue du pouvoir militaire, mais d’un point de vue beaucoup plus profond qui parle avec la vérité de la justice.

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