Les Sahraouis se sont retrouvés dans une démarche originale à Madère, au Portugal. Une fois n’est pas coutume, l’objet de ces retrouvailles qui sont supervisées par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) , est au delà de leur lutte jamais démentie pour l’indépendance, leur farouche préservation de la culture Hassanya, que le Maroc n’a jamais réussie à éradiquer.
Pour cette rencontre, dont la portée symbolique est indéniable puisqu’elle permet aux Sahraouis vivant dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc de se retrouver. Le HCR a inclu cette démarche dans le cadre de mesures de rétablissement de la confiance entre les deux parties, décidées lors des rounds de négociations directes Polisario-Maroc.
Le choix est d’autant plus pertinent que ce programme s’inscrit en droite ligne des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Ce sont 34 Sahraouis, venant à la fois des camps de refugiés sahraouis et des territoires sahrouis occupés par le Maroc qui se sont réunis quatre jours durant, depuis le 14 septembre dans l’archipel portugais. L’objectif de cette rencontre à fort cachet culturel et humanitaire, est de sensibiliser et de renforcer les mesures de confiance. Outre cette rencontre, le programme de rétablissement de la confiance comporte d’autres mesures. La plus emblématique est l’opération d’échange de visites entre les membres des mêmes familles séparées. Une consolation provisoire pour les Sahraouis, frustrés de voir les pourparlers sur l’avenir du Sahara tourner en rond.
Pour l’Envoyé special du Secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, l’élargissement des mesures de confiance au volet culturel constituent une priorité, qu’il aurait à maintes fois réitérées aux parties au sein des négociations informelles qui se poursuivent épisodiquement mais régulièrement à Manhasset. La démarche est d’autant plus importante que l’experte indépendante des Nations unies dans le domaine des droits culturels, Farida Shaheed, a exhorté le gouvernement marocain à respecter les droits culturels du peuple du Sahara Occidental, dénonçant les mesures coercitives menées contre la promotion de l’héritage culturel des Sahraouis, a indiqué l’ONU. La représentante de l’ONU a fait ce constat à l’issue d’une visite effectuée au Maroc et au Sahara Occidental afin d’évaluer les efforts fournis par les autorités marocaines pour promouvoir et protéger les droits culturels et pour identifier les meilleures pratiques ainsi que les obstacles dans leur réalisation.
«J’ai également visité le Sahara Occidental où j’ai fait la connaissance d’une multitude de festivals qui promeuvent l’héritage culturel de la région», a souligné Farida Shaheed. Cependant, a-t-elle regretté, «certains musiciens sahraouis ont été empêchés de participer à ces festivals en raison du contenu spécifique de leurs spectacles ou performances.Certains ont également été empêchés de citer des noms sahraouis». En conséquence, a recommandé la représentante de l’ONU, «les mesures qui empêchent ou limitent les droits culturels de la population du Sahara Occidental devraient être révoquées immédiatement» par le gouvernement marocain. En outre, elle a insisté pour souligner que «pour assurer le respect des droits culturels pour tous, il faut garantir la protection des droits de l’Homme par des cadres juridiques».
M. B.
Le Courrier d’Algérie, 20 septembre 2011
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