Sahara : Boukhari hausse le ton devant les membres onusiens

«Le Sahara occidental reste un cas honteux pour la conscience universelle car nous attendons depuis 35 ans le référendum promis par les Nations Unies», clame haut et fort Boukhari, dans sa énième tentative de convaincre de l’option d’autodétermination du peuple sahraoui qui ne peut se faire que par un référendum. Il plaide pour l’option pacifique avec évidemment l’appui onusien, ce qui reste un long chemin à parcourir et pour preuves, les pourparlers qui n’ont pas abouti entre les deux belligérants. Le représentant du Front Polisario aux Nations Unies a prévenu jeudi à New York que sans un appui résolu de l’ONU à la question du Sahara occidental, l’option pacifique ne pourrait plus durer après 35 ans d’attente vaine d’un référendum pour l’autodétermination.

Intervenant devant la 4e Commission de l’ONU chargée des questions de décolonisation, le représentant sahraoui a soutenu que ’’le Sahara occidental ne peut pas être une exception au principe général qui a guidé les peuples colonisés vers leur liberté et leur indépendance’’. Le représentant du Polisario tente de convaincre à la manière palestinienne les membres de l’organisation onusienne chargés de gérer ce dossier de la dernière colonie en Afrique et de les interpeller que ’’Nous sommes certains que vous, membres de l’ONU, partagez cette vision et c’est pour cette raison que le peuple sahraoui continuera à avoir confiance en vous et en votre bon jugement’’. Considérant que le Sahara occidental reste ’’un cas honteux pour la conscience universelle’’, Boukhari a observé que l’indépendance obtenue par les peuples respectivement du Sud-Soudan et du Timor de l’est, ainsi que l’appui solide apporté au ’’printemps arabe’’ viennent de confirmer que la communauté internationale peut rendre possible le triomphe des bonnes causes. 

Pourtant, a-t-il relevé, ’’la solution au conflit qui confronte le Maroc au Front Polisario est, non seulement très simple’’ mais en plus, elle a été élaborée par l’ONU le jour même où cette dernière avait donné un mandat explicite à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) d’organiser au nom des Nations Unies un référendum d’autodétermination’’.Le Maroc et le Polisario avaient accepté cette solution, qui était aussi la seule solution endossée par le Conseil de sécurité en 1991, 1997 et 2003, avait-il rappelé. D’autant plus, a-t-il poursuivi, de 1969 à 1973, le Maroc avait affirmé solennellement devant la 4e commission de l’ONU de décolonisation, et avant d’envahir le Sahara occidental, qu’il ’’reconnaissait et soutenait l’indépendance’’ de ce pays. Permettre au peuple sahraoui d’exprimer sa volonté à travers les urnes.
Pour Boukhari il faut permettre au peuple sahraoui d’exprimer sa volonté, à travers les urnes, s’il veut faire partie de la puissance occupante ou faire partie des nations libres et souveraines, est la seule façon viable et efficace pour parvenir à une solution démocratique que l’ONU peut fièrement assumer’’. Abordant les pourparlers informels dont le dernier date de juillet passé, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU a souligné que ’la mauvaise foi du Maroc et son recours aux subterfuges ont empêché tout progrès significatif. le Front Polisario a informé l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU Christopher Ross, qu’il était encore prêt à reprendre les négociations à la date qu’il détermine quant à l’actuelle attitude du Makhzen, car ’’nous croyons sincèrement qu’il faut donner à l’option pacifique toutes les chances pour aboutir’’. 
Boukhari prévient que ’sans l’appui résolu de l’ONU, l’option pacifique ne peut plus durer car nous attendons depuis 35 ans le référendum promis par les Nations Unies’. En ce qui concerne les droits de l’homme, Mohamed Boukhari a tenu à rappeler que la MINURSO est la seule des missions du maintien de la paix créées par l’ONU depuis 1978 qui n’a pas de mécanisme chargé de la surveillance des droits humains.’’ Pourquoi cette anomalie ? Qu’est-ce que le Maroc veut cacher au monde ?’’, s’est-il interrogé en rappelant les massacres perpétrés par les forces marocaines en novembre dernier contre le camp de Gdeim Izik, et l’autre tragédie qui frappe la ville sahraouie de Dakhla depuis septembre dernier. 
Dans son intervention, pour plaider la cause de l’autodétermination de la RASD le représentant sahraoui a aussi évoqué l’appui demandé récemment par le Maroc aux Etats membres de l’ONU pour avoir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité. Soulignant que le Front Polisario ne veut pas s’ingérer dans les décisions des gouvernements souverains pour cette question, il a, cependant, rappelé que le Front Polisario et le Maroc sont les deux parties dans un conflit qui est à l’agenda du Conseil de sécurité.
Le représentant du Polisario dira encore à l’encontre des membres de l’ONU qu’Objectivement, vous pouvez comprendre l’inquiétude légitime qui découle du fait qu’une partie au conflit puisse siéger au Conseil alors que l’autre en soit à l’extérieur’’. Il est important de signaler que pour le remplacement, à partir du 1er janvier 2012, du Nigeria et du Gabon pour les deux sièges attribués aux pays africains comme membres non permanents du Conseil de sécurité, les chefs d’Etat de l’Union africaine avaient soutenu, lors de leur sommet de juin dernier à Malabo (Guinée équatoriale), les deux candidatures de la Mauritanie et du Togo. Cela changera t-il la donne ?

Par FOUDAD N.

Le Carrefour d’Algérie, 09 OCT 2011

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