Mme Asfari interpelle la France sur les conditions de détention des Sahraouis dans les prisons marocaines

Paris, 03 fév 2011 (SPS) Mme Claude-Mangin Asfari, épouse du militant sahraoui des droits de l’homme Naama Asfari, détenu dans les geôles marocaines, a appelé jeudi la ministre française des Affaires étrangères, Mme Michèle Alliot-Marie, à intervenir pour améliorer les « pénibles conditions » de détention de son époux et de ses camarades détenus à la prison de Salé (près de Rabat).

« Madame la ministre, je vous demande d’intervenir, au nom des liens qui unissent la France au Maroc, pour améliorer les conditions d’incarcération de mon mari et de ses camarades et, en particulier, rompre l’isolement qu’ils subissent depuis bientôt trois mois », a-t-elle écrit dans un compte rendu à la ministre de sa visite « très éprouvante » de « quelques minutes seulement » qu’elle a rendue à Nama Asfari.

« Leurs conditions de détention, après leur enlèvement très violent à El-Aaiun par les forces de police marocaine, est une forme de torture psychologique incompatible avec le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, et comme tel condamné, par le droit international humanitaire. Cela en attendant que très vite une solution politique soit trouvée et que tous retrouvent la liberté qu’ils ont déjà chèrement payée », a-t-elle poursuivi.

« Comme le montrent les témoignages recueillis par les avocats et recensés par les associations de défense des droits de l’homme, mon mari et ses camarades ont tous été torturés les jours suivant de leur arrestation et ont subi des violences pour certains jusqu’au viol.

Durant un mois, nous n’avons pas eu de nouvelles, ils étaient au secret », témoigne Mme Asfari. « Dans quelques jours, cela fera 3 mois, que 16 des 20 militants sahraouis pacifiques des droits de l’homme sont à l’isolement total les 4 autres sont ensemble car très malades », déploré Me Asfari.

« Chacun est seul dans sa cellule, sans livres, sans moyens d’écrire, sans contact avec l’extérieur en dehors de la visite hebdomadaire de 10mn d’un membre de sa famille, s’il a les moyens de payer son long voyage du Sahara occidental vers Salé, soit 200 euros à chaque voyage, alors que la plupart des Sahraouis sont au chômage », a-t-elle ajouté.

Elle a également rappelé que plus de 200 personnes, dont deux jeunes filles, sont en prison. Les trois quart ont été arrêtés depuis le 8 novembre et les arrestations se poursuivent, alors que des centaines de jeunes ont été enlevés, torturés avant d’être relâchés et de nombreux Sahraouies et Sahraouis sont morts et disparus.

« Le décompte macabre n’est pas encore possible dans cette prison à ciel ouvert qu’est le Sahara occidental, n’en déplaise aux députés du groupe d’amitié France-Maroc en visite à El-Aaiun la semaine dernière qui ont tout trouvé si beau », a ajouté Mme Asfari.

« Les principes que Monsieur Sarkozy à rappelés lundi à Addis Abeba aux chefs d’Etat de l’Union africaine ne concerneraient-ils pas les peuples sahraouis et marocains », s’est interrogée cette militante des droits de l’homme, Chevalière de l’Ordre national du mérite.

« Les propos que vous avez tenus, vous même sur France 2, affirmant que vous aviez toujours défendu les droits de l’homme où que ce soit et que mourir pour avoir la liberté était intolérable, faisaient mal à entendre quand on connaît la position française concernant le Sahara occidental depuis toujours », a-t-elle regretté.

Enfin, Mme Asfari a interpellé le gouvernement français pour appuyer la Conseil de sécurité pour la mise en place d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso et à l’organisation d’une enquête internationale sous l’égide de l’Onu, pour faire toute la lumière sur les exactions commises par le Maroc au Sahara occidental.(SPS)

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