Guerre secrète du renseignement marocain contre lAlgérie : création et gestion des zones-grise 8e partie –

Les renseignements veulent également enrôler des militaires ou des employés dans larmée ou la sécurité à Tindouf afin dobtenir des informations sur les mouvements des dirigeants Front et de larmée du Polisario. Ils cherchent même à connaitre les différents dossiers qui se posent à la sécurité algérienne à Tindouf, quil sagisse de terrorisme, banditisme, corruption ou autre. 

Les renseignements marocains font tout leur possible pour infiltrer les sahraouis que ce soit dans la région ouest ou dans les camps de Tindouf. A lintérieur en revanche, où le Makhzen perpètre des crimes humanitaires, cest un peuple poursuivi par un terrible agenda conçu par les renseignements. Jamais je nen ai vu de pareil quen découvrant les coulisses à Dakhla. Les informations que jai pu obtenir de par mon expérience est que les renseignements marocains activent sur trois fronts pour infiltrer les camps de Tindouf: Dabord, ils semploient à recruter des réfugiés sahraouis surtout les responsables, pour exécuter des évasions collectives afin que le Makhzen puisse appuyer sa théorie sur la situation des réfugiés et lallégeance au royaume. Ensuite, ils poussent à la rébellion civile contre la direction du Polisario pour embobiner lopinion publique internationale sur ce qui se passe dans les camps. Moi-même, jai visité ces camps et jétais pour leur fermeture. Mais lorsque je me suis rendu dans les territoires occupés, jai acquis la conviction que ces camps étaient un salut pour les sahraouis.

Les renseignements veulent également enrôler des militaires ou des employés dans larmée ou la sécurité à Tindouf afin dobtenir des informations sur les mouvements des dirigeants Front et de larmée du Polisario. Ils cherchent même à connaitre les différents dossiers qui se posent à la sécurité algérienne à Tindouf, quil sagisse de terrorisme, banditisme, corruption ou autre.

Le troisième front a trait aux groupes terroristes qui activent dans le Sahel et le Sahara dans la région proche de la Mauritanie. Les services essaient dimpliquer des sahraouis dans les actes de kidnappings suivis de demandes de rançon, le trafic darmes, de mines et dexplosifs.
«Des efforts sont aussi consentis pour convaincre les sahraouis de fuir les camps vers le Maroc, directement ou via la Mauritanie, afin de les utiliser dans le cadre de la campagne pour lautonomie que veut imposer le Maroc. Le Maroc veut, en fait, faire croire que les réfugiés à Tindouf sont séquestrés, quils soutiennent lautonomie et refusent les requêtes du Front Polisario. Il veut justifier également ses positions en abordant le drame humanitaire dans les camps».

«Par ailleurs, les renseignements marocains Suvrent à créer des conflits tribaux et politiques dans les camps et les territoires libérés soumis à lautorité du Polisario en envoyant des agents qui incitent aux affrontements; des démarches qui visent à ébranler la stabilité et la crédibilité des dirigeants sahraouis».

«Jai eu affaire à des maghrébins avec lesquels jétais en contact et convaincu quils travaillaient pour les renseignements. Ils cherchaient au moins, à savoir ce que je savais, notamment des informations relatives à larmée, larmement, la position des casernes, des radars, les noms dofficiers en activités ou autres officiers influents qui pourraient avoir un rôle actif prochainement sur la scène des dirigeants, ou encore des informations sur des militaires qui vivent dans des conditions sociales précaires ou qui ont une situation exceptionnelle comme des dettes auprès de la banque».

«Jai compris alors que ces informations seraient transmises aux renseignements qui eux tenteront darriver aux noms que jaurais cité. Cependant, par conscience, vigilance et souci de garder les secrets de linstitution dont jai fait partie un jour, jai toujours affirmé que je nen savais rien et si jamais des informations mettant en péril la sécurité de la région du Maghreb métaient parvenues, je naurais pas hésité à les rendre publiques, quelles aient impliqué lAlgérie, le Maroc ou un autre pays».

Anouar Malek raconte quaprès les réfugiés sahraouis, les renseignements marocains sintéressaient à tout ce qui avait trait à la période des années quatre-vingt-dix et la guerre de larmée contre les terroristes, particulièrement les ratissages, la position des katibat lors des massacres collectifs notamment ceux de Bentalha, Rais, Beni Messous et Ramka… «Selon des informations que jai pu recueillir en France, le Maroc a discrètement joué un rôle dans le fameux « Qui tue qui ? », à travers des informations quil a fait parvenir aux renseignements français et certains cercles relevant de lInternationale Socialiste qui a eu un important rôle dans les accusations portées à linstitution militaire. Moi-même, jai pu voir que les questions posées dans des documents étaient lSuvre de marocains ne serait-ce quà travers les dates écrites en arabe, du dialecte marocain pour les mois&».

La fausse tentative dassassinat de Ferhat Mhenni

Parmi les multiples tentatives dinduire lopinion en erreur, celles, très graves, dassassiner des têtes daffiche, des personnalités connues. Dans ce volet, le renseignement marocain avait décidé un jour dassassiner lopposant algérien Ferhat Mhenni, initiateur dune conception farfelue dautonomie de la Kabylie, chose farouchement rejeté autant par lEtat que par le peuple, dont les Kabyles eux-mêmes.

Pour ce faire, le site « Hespresse » a commencé à faire le lit de pareille éventualité, en publiant un entretien avec un pseudo-chercher dénommé Dimitri Demby, sous le titre accrocheur de « les jours de Ferhat Mhenni sont-ils en danger ? ». Evidemment, le texte donne à croire que lEtat algérien cherche à neutraliser le chanteur par tous les moyens, quitte à lassassiner. 


«Les services secrets marocains usent, entre autres, dune stratégie dans leur guerre contre lAlgérie en tentant de contacter danciens éléments des services algériens quelle quait été leur poste ou leurs responsabilités afin de bénéficier des informations en leur possession et quils ont réussi à passer aux renseignements algériens».

«Les barbouzes marocains Suvrent à arriver aux éléments actifs qui avaient un rôle important lors de la décennie sanglante ou ceux qui sont toujours en service spécial sur le sol marocain ou européen, dans le but de les engager comme agents doubles afin darriver jusquaux sphères secrètes des services algériens. Ils tentent aussi de les abuser en laissant filtrer des pseudo-informations quils veulent faire parvenir à Alger».

«Par ailleurs, les services de renseignements marocains veillent à établir un contact avec les ex-officiers des services secrets algériens quils soient à la retraite ou quils aient quitté leur emploi pour diverses raisons afin de les recruter, surtout ceux qui se sont vus démis de leurs fonctions pour faute professionnelle. Et les cas prennent plus dimportance si le licenciement a trait à des dossiers de sécurité ou des enquêtes de malversations dans les hautes sphères du pouvoir ».

«Selon les informations en ma possession, les renseignements marocains ont échoué, nayant pu atteindre leurs objectifs même sils ont pu enrôler quelques agents dont le nombre se compte sur les doigts dune seule main, un ex-agent qui vit en Grande-Bretagne, deux ex-soldats qui sont actuellement au Maroc dont un soi-disant ex-officier dans les renseignements. Malgré cela, les services secrets marocains craignent encore le coté algérien et demeurent vigilants pour tout ce qui vient de leurs homologues algériens. Cest ainsi quils ont piégé une de leurs nouvelles recrues dans une histoire imaginaire exécutée par des algériens qui se proclament de lopposition».

«Si nous avons indiqué auparavant que les renseignements marocains tentent dinfiltrer le coté algérien par des réseaux existant sur son territoire, même sil est difficile darriver au sein du dispositif, ils ont un réseau de marocains qui résident légalement et ne suscitent aucune suspicion. Mes informations font état dagents marocains se faufilant au travers des frontières par des voies utilisées par les trafiquants de drogue et de marchandises et parfois sintroduisent en Algérie sous une fausse identité algérienne».

«Dans le même contexte, dans le but despionner, exécuter des missions de sécurité et de renseignements, le tribunal de Bechar avait condamné en octobre 2008 le dénommé (S.Aziz) à 12 ans de prison pour espionnage notamment et collecte dinformations inhérentes à la défense nationale au profit dun Etat étranger. Ce jeune de 22 ans avait été arreté en mai 2008 à bord dun moto dans la région de Hassi El Maleh, daïra dOum Lassel dans de la wilaya de Tindouf. Il avait reconnu avoir été envoyé par le dénommé Mohammed El Ghadri, membre de la gendarmerie royale, pour récolter des informations sur larmée algérienne et les positions du Polisario, en contrepartie de 200 dirhams». «Fait étrange, cest laccusé lui-même qui a dit quil sappelait Aziz et navait en sa possession aucune pièce didentité. Les autorités marocaines ne se sont pas inquiétées non plus de la situation de leur ressortissant Rédha Touidjni dont nous parlerons ultérieurement».
Echourouk Online, 9/10/2010

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