Le Maroc panique et son roi le laisse apparaître. Dans son discours prononcé vendredi à loccasion du 31ème anniversaire de la fameuse marche verte célébrant loccupation du Sahara occidental en 1975, Mohamed VI semble douter de son «plan» dautonomie. Pour cause, le souverain alaouite a adopté un ton grave et parfois menaçant à légard du mouvement Polisario mais aussi de ses propres sujets qui critiquent sa démarche et les atteintes aux droits de lhomme.
«En toute responsabilité, nous affirmons quil ny a plus de place pour lambiguïté et la duplicité: ou le citoyen est Marocain ou il ne lest pas», a-t-il lancé demblée comme pour mettre en garde ces voix de plus en plus audibles qui mettent à nu les atteintes aux droits de lHomme et les arrestations arbitraires des militants sahraouis. A ceux là, le roi du Maroc siffle la fin de la récréation en des termes crûs. «Lheure est à la clarté et au devoir assumé. Ou on est patriote ou on est traître. Il ny a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison. On ne peut jouir des droits de la citoyenneté et les renier à la fois en complotant avec les ennemis de la patrie», a déclaré sèchement le souverain, dans une allusion à peine voilée au Front Polisario mais aussi à lAlgérie quil a citée nommément plusieurs fois dans son discours. Notre pays est coupable, daprès le roi du Maroc, de «sponsoriser» le Front Polisario et de «saboter lunité territoriale du royaume».
Le souverain a déclaré quil voulait, à travers le plan «dautonomie», épargner au «Maghreb ainsi quà la région du Sahel et aux rives méridionale et septentrionale de la Méditerranée, les risques calamiteux de balkanisation et dinstabilité quengendrerait limplantation dune entité factice».
Pour Mohamed VI, «cette redoutable hypothèse», cest-à-dire la République sahraouie indépendante, transformerait la région en «un marécage glauque servant de repaire aux bandes de terroristes et de malfrats faisant commerce dêtres humains et de trafic darmes».
Or, le roi semble avoir pris conscience de la sympathie sans cesse grandissante de la cause sahraouie, y compris au Maroc, quil a ordonné une mobilisation générale. «Le temps est venu pour que toutes les autorités publiques redoublent de vigilance et de mobilisation afin de contrecarrer, avec la force de la loi, toute atteinte à la souveraineté de la nation, et de préserver, avec toute la fermeté requise, la sécurité, la stabilité et lordre public qui est le gage effectif de lexercice des libertés». Ceci au niveau interne. Au plan diplomatique, le roi du Maroc veut également graisser sa machine de propagande. Pour ce faire, il réclame une mobilisation «accrue et davantage de ténacité pour contrecarrer les manSuvres et les complots des adversaires de lintégrité territoriale». Doù la nécessité «dintensifier les efforts pour faire valoir la légitimité de notre droit et la pertinence de notre position», dira Mohamed VI qui a souligné également que son pays est conforté par le «soutien des puissances influentes et agissantes au sein de la communauté internationale, et par lappui dun nombre croissant de pays frères et amis».
Le roi du Maroc affirme certes sa volonté de «continuer à honorer fidèlement son engagement pour une coopération franche et loyale avec lOrganisation des Nations unies, son secrétaire général et le représentant personnel du responsable onusien», mais avec cette précision quil est question uniquement «du plan dautonomie».
Or, cet ordre du jour ne peut constituer une «solution politique consensuelle, recueillant ladhésion sérieuse de toutes les parties concernées effectivement par le conflit» dès lors quelle exclut loption de lautodétermination du peuple sahraoui.
En clair, le roi du Maroc a voulu donner un second souffle à sa propagande annexionniste qui a du mal à trouver preneur dans les milieux diplomatiques.
Imane B.
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