Rabat mis à mal pour sa politique coloniale

Lawlad Chikh Mahjoub enlevé et torturé à l’âge de 14 ans en 1981 a affirmé, jeudi à Alger, lors d’un point de presse animé par les membres de la délégation de défenseurs sahraouis des droits de l’homme venus des territoires sous occupation marocaine, que «l’oppression de l’occupant marocain n’entamera en rien la détermination du peuple sahraoui à poursuivre son combat jusqu’à la victoire». Présent parmi la délégation sahraouie, le président du Comité de défense du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui (Codapso), Mohamed Daddach, condamné à mort et incarcéré durant 24 ans dans les geôles marocaines. 
 
La colonisation conduisant inéluctablement à l’oppression et à la répression, qui sont le lot quotidien des Sahraouis dans les territoires occupés, du fait de leur revendication du droit à l’autodétermination. Un droit, il y a lieu de le rappeler, certifié par les textes juridiques des Nations unies qui a inscrit la question du Sahara Occidental en tant que question de décolonisation qui verra son règlement par un référendum d’autodétermination. Cela d’autant plus que c’est sous les auspices des Nations unies qu’un cessez-le-feu a été possible, en 1991, entre le Front Polisario, l’unique représentant du peuple sahraoui et les responsables marocains en vue de la tenue d’un référendum d’autodétermination. Dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine, une véritable chasse à l’homme est menée par les différents services du colonisateur marocain. Et c’est autour de cette répression que la délégation sahraouie articule sa campagne de sensibilisation et d’alerte en direction de l’opinion internationale sur les pires violations des droits de l’homme par l’occupant marocain dans les territoires sahraouis occupés. 
 
Les divers témoignages rapportés jeudi renseignent sur les pratiques sur lesquelles s’appuie le royaume chérifien pour opprimer les populations sahraouies. Pour preuves les témoignages de la militante Soukeina Jeddehlou qui a connu la torture sous toutes ses formes et également l’isolement dans les geôles marocaines, de Mohamed Daddache ou de Lawlad Chikh. Ce dernier a rappelé pertinemment les disparitions de Sahraouis du fait des services marocains comme c’est le cas de son frère aîné disparu depuis 1980. Réaffirmant la revendication sahraouie pour une solution juste et équitable sur la base du respect du droit international, l’ancien condamné à mort Mohamed Daddache a rappelé à l’adresse de l’occupant marocain que le peuple sahraoui «ne baissera pas les bras tant qu’il n’a pas arraché son indépendance». 
 
S’agissant de l’entêtement du Maroc à faire fi de la légalité internationale, les intervenants avertissent la communauté internationale quant aux conséquences qui peuvent en découler. L’escalade de l’oppression et de la répression dans les territoires occupés ne fera que conforter les Sahraouis dans leur détermination à poursuivre leur lutte pacifique visant au triomphe de la force du droit sur le droit de la force. Les multiples appels de l’opinion internationale, parlementaires européens et africains, ceux d’Amérique latine, des parlementaires américains et français ainsi que les organisations internationales pour le respect des droits de l’homme, sont unanimes à exiger de Rabat «l’arrêt des atteintes aux droits de l’homme dont sont victimes les Sahraouis dans les territoires occupés». Pour les orateurs, «il est urgent» que le Conseil de sécurité de l’ONU, lors de sa réunion prévue fin avril sur le Sahara Occidental, prenne en compte les atteintes aux droits de l’homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine, et de souligner leur souhait de voir mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso) s’élargir par la supervision du respect des droits de l’homme. Par ailleurs, les sept prisonniers politiques sahraouis arrêtés par les autorités marocaines, le 8 octobre dernier, dès leur retour d’une visite aux camps de réfugiés sahraouis, dans les territoires libérés de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), et détenus à la prison de Salé, ont entamé, jeudi, une grève de la faim illimitée revendiquant ou un procès équitable ou leur libération immédiate.

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