Même si c’est un scénario périodique auquel les autorités marocaines nous ont habitués, les évènements des derniers jours ont un signe clair d’escalade. Les espagnols sont unanimes : Derrière les agissements marocains il y a un objectif précis qui n’a rien à voir avec les plaintes officielles du gouvernement marocain et cet objectif est lié à la question du Sahara Occidental. Pour l’opinion publique espagnole, le voyage du ministre de l’intérieur espagnol à Rabat vise à calmer les responsables marocains qui n’occultent pas leur malaise quant à l’évolution du conflit du Sahara.
L’Espagne, en tant que dernière puissance colonisatrice a toujours défendu que la solution du conflit passe par le référendum, une position qui a changé avec l’arrivée de Zapatero au pouvoir, même si la diplomatie espagnole n’a pas encore donné le pas définitif voulu par le Maroc.
Mohamed VI, à l’instar de son père, manipule les conflits pour mettre de l’ordre à l’intérieur de son pays. Même s’il sait que Ceuta et Melilla n’ont jamais été espagnoles, dans le cas du Sahara, il l’occupe par la force et considère que le temps joue en sa faveur et n’a pas l’intention de céder tant qu’il croit au chantage et à la provocation.
Avec l’expulsion d’Aminatou Haidar, les relations hispano-marocaines ont changé. Malgré le communiqué franco-espagnol dans lequel Madrid et Paris reconnaissent que la loi marocaine gère le territoire sahraoui, une déclaration de la Secrétaire d’Organisation du PSOE affirmant que le parti socialiste espagnol n’a pas changé d’opinion sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne pouvait pas passer inaperçu à Rabat qui fait du dossier sahraoui la cause de son existence. « Le communiqué approuvé avec d’autres pays, ne signifie pas la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental », avait précisé Pajin. Le Maroc a dû encaisser ces déclarations en plus du retour d’Aminatou à sa ville natale.
Une fois passée la tempête Haidar, Mohamed VI n’a pas attendu pour sa vengeance. Déjà, au mois de mai dernier, Abbas El Fassi avait demandé devant le parlement un dialogue sur les enclaves espagnoles. Madrid n’a pas réagi. Rabat passe alors à la vitesse supérieure en faisant recours à des méthodes qui relèvent quasiment du terrorisme : blocage de la frontière avec Melilla, provocation verbale et physique, insultes aux femmes policières, etc. Des provocations que le Maroc n’aurait jamais osé faire avec la France, le pays qui défend depuis le début l’annexion sauvage du Sahara Occidental par le Maroc et le génocide du peuple sahraoui.
L’opinion publique espagnole est unanime : Les agissements du gouvernement marocain visent à serrer l’étau sur l’Espagne pour voir ce qu’il peut obtenir. Une vieille stratégie qui a permis à Hassan II d’avancer dans la direction qui lui convenait le plus. Des fois, c’est la question des eaux territoriales et les accords de pêche, des fois l’immigration ou les relations avec l’Europe, mais à chaque fois il y avait un objectif fondamental pour la monarchie : la stabilité interne pour inculquer du patriotisme dans la population marocaine. Il n’y a rien de plus que rincer un ennemi extérieur et soulever des revendications inatteignables pour faire que les marocaines oublient la corruption du régime, les violations des droits de l’homme, le manque de liberté publiques, la liberté de presse& et ainsi ignorer les tentations des intégristes. Personne n’ignore que tout ce qui touche aux poins sensibles dans les relations hispano-marocaines vient du palais. Chaque geste marocain est un message envoyé.
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