Un journaliste algérien dans la ville occupée de Dakhla (III)

Echorouk pénètre dans la ville de Dakhla : les Marocains ont organisé un colloque pour appuyer le Plan dautonomie, qui sest transformé en un plaidoyer pour lautodétermination
Anouar Malek (3e partie)

Concernant mes propos sur le Sahara Occidentale, et pour garder lauthenticité de ma communication, javais dit, littéralement : « Si on ne se presse pas pour trouver une solution juste à ce problème, on ira droit vers une guerre dans lavenir. Aussi, faut-il trouver une solution dans le respect du droit international, et à la tête de ce droit, celui des propres enfants du Sahara Occidentale. Pour ce faire, il faut que les Sahraouis se prennent en charge, et personne na ainsi le droit de sexprimer à leur place, de leur interdire la parole ou de faire du commerce avec leur avenir ». Jai dit aussi que « les solutions venues de lextérieur, tout autant que celles imposées de lintérieur, naboutiront à rien, car lexpérience a démontré que seul subsiste ce que cherche le peuple ».
En arrivant près du port de Dakhla, nous avions pu remarquer le nombre incalculable de barques et de chalutiers amarrés. Les produits qui arrivaient par mer et les quantités de poissons pêchées étaient inestimables. Daprès les chiffres en notre possession, il y a près de 3000 barques sur les 667 kilomètres de littoral à « Rio de Oro », ainsi que quelques 15 000 marins très actifs pendant la saison de la pêche au sépia.
Daprès nos sources, seuls les Marocains sont autorisés à partir pêcher au large. La pêche est strictement interdite aux Sahraouis de souche. On dit aussi que cest le chef de la Gendarmerie royale, le général Benslimane, qui a fait main basse sur le circuit du littoral de Dahkla, qui gère les fortunes colossales de la richesse maritime et largent généré par le poisson.
Le soir venu, je suis rentré à ma chambre dhôtel, à « Bab al-Bahr », mais avec lintention den ressortir dès que possible, seul, pour faire le point de situation, loin des regards des services secrets et des hommes chargés de nous accompagner et de surveiller nos moindres faits et gestes. En fait, jétais arrivé à la conviction que la face cachée de Dakhla comporte beaucoup de secrets.
Le matin du 27 juillet, jour du colloque, qui devait consacrer le plan dautonomie marocain, bien quil fut enrobé dans un emballage de sécurité dans la zone maghrébo-méditerranéenne. A partir de Paris, et avant même de donner mon accord pour venir à Dakhla, javais conditionné ma présence au Maroc par la nécessité de ne pas sen prendre à lAlgérie, ni à son Etat, ni à son peuple, sans quoi je ne participerais pas. Mes conditions acceptées parce quil avait besoin de moi pour cautionner le projet et donner un tant soit peu de légitimité au colloque- jajoutais que si les organisateurs ne respectais pas leurs engagements, je quitterais aussitôt le colloque et jétais libre alors de dire tout sur le colloque. Leur réponse était effirmative, là aussi.
Les organisateurs avaient divisé leur colloque en deux parties : lune consacrée à expliquer le bien-fondé du plan marocain dautonomie, et lautre pour analyser la sécurité dans la région. Je suis arrivé à la salle dhonneur du Conseil communal de la ville vers dix heures trente minutes, et la première chose qui attira mon attention était la présence de près de 15 enfants en tenue de scouts. Ils tenaient des drapeaux marocains dans leurs mains.
Evidemment, le premier volet du colloque a été une longue sérénade sur les mérites du plan dautonomie, ses bienfaits et sa « magie », car « il résolvait tous les problèmes posés par les Sahraouis », mais personne ne put nous expliquer en quoi consistait ce plan dautonomie. De rares critiques fusèrent ça et là, soutenant que « un plan pareil, nayant pas ladhésion du peuple sahraoui, navait aucune chance de réussite », et que « ce nétait que du vent », etc. Des Sahraouis étaient présents dans la salle et on sentait dans leur regard du mécontentement. Comme entendu, personne parmi les courtisans de la Cour ne dit un traître mot contre lAlgérie, et tous leurs propos étaient des généralités qui évitaient soigneusement de sen prendre à lAlgérie, ou de la citer, ou de citer des noms, comme à lhabitude des hommes du Makhzen.
Le deuxième volet, qui devait discuter de la sécurité en Méditerranée, débuta avec ma communication, qui sintitulait « Observations sur lavenir et la sécurité de la région maghrébine ». Je commençais par dire quil était « impossible dassurer la sécurité à lombre de gouvernements tyranniques et non démocratiques, ni de diriger un peuple à lombre de gouvernants qui navaient aucune légitimité ». Jai parlé aussi de la situation sociale qui sévit dans la région et jai salué la position algérienne concernant la gestion du terrorisme. Javais dit que « sur le plan sécuritaire, lAlgérie avait pu maîtriser la situation dans une large mesure, grâce à la vigilance de ses services de sécurité, et que sur la plan politique, lélaboration de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale avait asséché les maquis terroriste et laminé par le fond les groupes armés ».
Concernant mes propos sur le Sahara Occidentale, et pour garder lauthenticité de ma communication, javais dit, littéralement : « Si on ne se presse pas pour trouver une solution juste à ce problème, on ira droit vers une guerre dans lavenir. Aussi, faut-il trouver une solution dans le respect du droit international, et à la tête de ce droit, celui des propres enfants du Sahara Occidentale. Pour ce faire, il faut que les Sahraouis se prennent en charge, et personne na ainsi le droit de sexprimer à leur place, de leur interdire la parole ou de faire du commerce avec leur avenir ». Jai dit aussi que « les solutions venues de lextérieur, tout aussi que celles imposées de lintérieur, naboutiront à rien, car lexpérience a démontré que seul subsiste ce que cherche le peuple ».
Jai aussi rejeté les accusations de connexion entre le front Polisario et Al Qaida au Maghreb, et jai démontré que ce nétait quaffabulations et mensonges. Ce à quoi la plupart des participants étrangers ont applaudi chaleureusement.
La parole a été donnée ensuite aux intervenants et aux questions, et la majorité des intervenants étaient des Sahraouis, qui ont relaté en long et en large leur souffrance à lombre dune omerta internationale et à lombre de flagrantes violations des droits de lHomme dans les territoires occupés.

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