Paris cumule les erreurs depuis lapparition des GIA à ce jour.
Cest au contraire dune politique ambiguë, qui a frôlé parfois la déclaration dhostilité, dont sil sest agi quand on considère lattitude française depuis la période mitterrandienne à aujourdhui. En effet, le souvenir de cette France de Mitterrand sempressant de condamner linterruption du processus électoral en Algérie, qualifiant celle-ci, pour des raisons de propagande anti-algérienne, dinterruption du processus démocratique, alors que linitiative de 1992 cela Paris le savait bien consistait justement à sauver la démocratie dune fin certaine à laquelle la destinait le FIS qui utilisait les ressorts de la démocratie en promettant à ses électeurs sa mise à mort prochaine. Le gouvernement français dalors faisait-il une grave erreur de jugement quant à ce qui se passait, ou avait-il trop misé sur lislamisme en Algérie au point dêtre contrecarré dans sa stratégie par linterruption du processus électoral ? Quoi quil en soit, par cette prise de position et lappel consécutif, qui prenait le ton dune injonction, à «reprendre le processus démocratique», la France cédait, de façon maladroite, à ses tentations dingérence dans les affaires internes de lAlgérie. Le prolongement de cette politique française vis-à-vis de lAlgérie devait ensuite consister en une ouverture extraordinaire du territoire français aux militants du FIS, quon voulait volontiers considérer et traiter comme des réfugiés politiques, favorisant, de la sorte, la constitution de très nombreux et importants réseaux de soutien et de bases arrières du terrorisme, ciblant lAlgérie, dans lensemble de lEurope, y compris ceux du GIA, dont le recteur de la Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubekeur, avait dénoncé la prolifération et un certain laisser-faire français : «Nous avons depuis longtemps soulevé le problème des petits foyers de subversion et dintégrisme (en France, ndlr), mais il faut dire quil y a eu beaucoup de laxisme (de la part des autorités françaises, ndlr). Je crois que lOccident a pensé que ces groupes ne pouvaient pas faire de mal à lEurope elle-même et quils ne sattaqueraient quaux pays musulmans. Nous avons attiré lattention sur la barbarie qui frappait lAlgérie», devait conclure le Dr Boubekeur. Une politique qui allait mal finir pour la France où devaient avoir lieu, dans la capitale, les attentats de 1995, créant une véritable psychose citoyenne. Cette épreuve, ajoutée à la fermeté de Charles Pasqua, alors ministre de lIntérieur, ont produit quelques changements dans lattitude française et, commençait, alors entre la DST et les services spéciaux algériens une collaboration importante. Ce ne fut pas le cas, en revanche, une année auparavant, exactement en décembre 1994, lorsquil a fallu gérer la crise du détournement de lAirbus dAir France. Au contraire, une volonté de sabotage de laction algérienne était patente ; ce que peuvent, après coup, justifier et expliquer des informations sûres indiquant que laffaire a été montée par les services secrets français (la DGSE). Ce qui explique également le manque flagrant de collaboration du pilote, qui avait tout tenté pour faire capoter une intervention des services algériens de sécurité à laéroport Houari Boumediène. Les autorités algériennes ayant compris ce qui se tramait et le destin tragique auquel on promettait à cette affaire sur le sol algérien, ont finalement décidé de laisser décoller lavion vers Marseille. Les faits changent, mais la politique française de lAlgérie est demeurée la même, insidieusement tournée vers les voies et moyens de discréditer lEtat algérien à linternational et de laffaiblir devant des populations éprouvées par le terrorisme. Cest ainsi que des relais ont été actionnés, à travers certains médias et maisons dédition, pour promouvoir le fameux «Qui tue qui ?». Les éléments les plus zélés qui ont nourri cette opération, ont surtout été des journalistes français, tous émargeant à la DGSE, en loccurrence Florence Aubenas, José Garçon (journalistes à Libération), Jean-Baptiste Rivoire (journaliste à Canal+) et dautres dans le monde de lédition, dont le fameux François Gèze, patron de la maison déditions La Découverte. Le complot contre lAlgérie a consisté à propager, via des témoignages et des dénonciations, présentés comme indubitables, voire authentiques, la thèse selon laquelle les généraux algériens seraient des tortionnaires et des massacreurs. Le procès de Khaled Nezzar, général en retraite et un des principaux acteurs de linterruption du processus qui allait «introniser le FIS», intenté à Paris contre Habib Souaïdia en 2002, allait battre en brèche cette thèse en témoignant et en prouvant quil navait rien à se reprocher quant aux accusations et autres plaintes farfelues, formulées en France même, par des militants du FIS et leurs relais pro-islamistes. A Paris, Khaled Nezzar déclarait que «les commanditaires de toute cette stratégie sournoise visent, entre autres, à disqualifier la décision historique de linterruption du processus électoral initiée et soutenue dabord par la société civile, comme ils visent à sanctionner historiquement et politiquement linstitution militaire qui a eu le mérite de faire échec à lextrémisme religieux et à ses groupes armés, au prix de lourds sacrifices, pour protéger la société de la terreur et de la mort.» Autre dossier, celui-là plus récent, et qui démontre une singulière constance dans la manière avec laquelle la France prend le contresens du bon sens quand il sagit de lAlgérie. Il sagit du paiement, par la France, de rançons contre la libération dotages français aux frontières sahélo-sahariennes. Un acte qui équivaut à un financement du terrorisme dans la région et qui pourrait faire des centaines de victimes. Tout récemment, la France est de nouveau mise à mal par le terrorisme quelle a habitué (avec une certaine Allemagne) au paiement des rançons, avec lexécution dun ressortissant français, Michel Germaneau, par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il ny a pas une seule action antiterroriste que la France ait réussi à mener correctement et selon les règles de léthique antiterroriste internationale. Le cavalier seul, la volonté de manipulation et parfois même de nuisance envers des pays tiers ont souvent donné des tournants catastrophiques aux affaires de terrorisme gérés à la française. Cela a coûté cher à l’Algérie, à toute la région voire au monde entier qui subit aujourd’hui les affres d’un terrorisme transnational. Alors que l’Algérie n’a pas cessé d’avertir la communauté internationale sur la menace qui pesait sur le monde depuis des années. La France n’a pas voulu écouter, a tout fait pour court-circuiter les efforts antiterroristes de l’Algérie et a, du coup, induit le monde entier en erreur, prêtant, aveuglément loreille aux informations chaotiques que lui faisaient parvenir certains relais médiatiques. Lun des prix que la France a payé demblée, a été de perdre des parts de marché très importantes au moment où dautres pays encourageaient leurs opérateurs économiques à venir se placer en Algérie.
Farès N.
La Nouvelle République, 4/8/2010
Soyez le premier à commenter