Paris dans ses petits souliers

Après les fracassantes révélations faites par l’émir national du GSPC : Paris dans ses petits souliers
Par Mohamed Abdoun
Comme il fallait s’y attendre, l’enregistrement sonore de l’émir national du GSPC Abdelmalek Droudkal, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, a jeté un large vent de panique dans les milieux décideurs français. Le président Nicolas Sarkozy et ses plus proches collaborateurs sont en effet pris en flagrant délit de mensonge. Un mensonge qui visait à cacher les véritables desseins que réservait Paris à toute la zone sahélo-saharienne. Un mensonge qui aura également coûté la vie à un humaniste français.
La France, par les voix de son président et son premier ministre, Nicolas Sarkozy et François Fillon, avait indiqué n’avoir jamais réussi à établir de contacts avec les ravisseurs. Or, non seulement Droudkal soutient le contraire (et a très certainement les moyens de le prouver), mais c’est au moment de l’aboutissement des tractations que le fameux raid franco-mauritanien, opéré sur le sol malien, a été déclenché, scellant par la même la mort du malheureux otage Michel Germaneau.
Les dirigeants français, très certainement gênés par ces fracassantes révélations, n’osent pas les démentir directement, tant il est évident qu’elles sont plausibles, proches de la réalité et, donc, faciles à prouver si le besoin devait s’en faire sortir. C’est donc un  » fusible « , occupant le poste de porte-parole du gouvernement, qui a hérité de l’ingrate tâche de démentir la sortie de Droudkal.  » Tel que conçu, ce démenti représente au contraire un parfait aveu « . C’est ce qu’expliquent des sources qui se réfèrent au mode de communication très agressif qu’a toujours suivi le président Sarkozy.
A présent, aucune diversion, de quelque nature qu’elle soit ne saurait détourner les observateurs, non plus les citoyens français, de cette accumulation de scandales, comme la France n’en a jamais connu depuis la chute de la monarchie en 1792.
Car, il ne faut pas oublier que ces évènements scabreux interviennent au moment où le scandale L’Oréal est encore loin d’avoir livré tous ses secrets, et où la France se dirige vers une loi qui prévoit de déchoir de leur nationalité, en violation flagrante de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, tous les citoyens naturalisés qui se rendraient  » coupables  » de tel ou tel délit et crime.
Certes, l’exploitation politique de l’insécurité est aussi imparable qu’un attentat terroriste. Mais, même si Nicolas Sarkozy est devenu le maître incontesté sur ce terrain, trop d’éléments et de scandales l’accablent aujourd’hui pour qu’il puisse mener ses projets jusqu’à leur terme.
Beaucoup de choses ont changé depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la ruée mondiale vers cette prétendue lutte antiterroriste.
Dans les pays du nord, Al-Qaïda sert à justifier des politiques sécuritaires au profit de la droite, et à soutenir des régimes illégitimes dans les pays du sud.
Sans Al-Qaïda, il aurait été difficile d’envisager l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan, la mise à genoux d’une grande partie du monde arabe, ainsi que la dévastation sociale et institutionnelle qui a frappé nombre de pays de la région. Sans Al-Qaïda, George Bush n’aurait pas fait deux mandats, et Nicolas Sarkozy n’aurait pas été élu.
La  » bêtise  » sarkozyenne vient même de faire renaître de ses cendres la  » Al Qaïda mauritanienne « . Son chef, El Khadim Ould Semane, qui n’a plus fait parler de lui depuis des années a profité en effet de ce raid pour menacer Nouakchott des pires représailles.
Quant au Mali, sur le territoire duquel se déroulent les plus dramatiques des épisodes et scénarios de ce mauvais film, il semble que la chute de Moussa Traoré, la signature d’un pacte avec les rebelles touareg et le démantèlement d’un certain nombre de postes de sécurité dans le Nord du pays aient largement contribué à l’extension du GSPC dans ces régions frontalières d’avec l’Algérie.
La Tribune des Lecteurs, 4/8/2010

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