Maroc: Les viols sur les femmes noires se banalisent

Rapport de Médecins sans frontières

Des femmes subsahariennes arrêtées et violentées au Maroc

Au cours de leur transit pour gagner lEurope, les femmes subsahariennes sont maltraitées au Maroc, où elles subissent notamment des violences sexuelles, comme le révèle un document de Médecins sans frontières, établi sur la base des cas pris en charge par cette organisation médico-humanitaire.
Devant le nombre de plus en plus croissant de femmes victimes, soixante-trois, révélé par les données et témoignages recueillis lors de ses projets daction médico-humanitaire, Médecins sans frontières veut contribuer à la recherche dune réponse globale à cette problématique qui touche toujours plus de femmes, et des femmes de plus en plus jeunes.
Le rapport réalisé par MSF a pour but de faire connaître « la problématique de la violence sexuelle subie par les femmes migrantes dorigine subsaharienne qui arrivent au Maroc » au cours de leur tentative alors de gagner lEurope.
Parmi les conséquences directes des sévères politiques dimmigration européennes, Médecins sans frontières fait remarquer que les populations subsahariennes candidates sont désormais dans lobligation de sembarquer dans des voyages de plus en plus longs et dangereux en la difficulté à utiliser les routes traditionnelles en raison des contrôles stricts aux frontières. Elles sont, par ailleurs, exposées à une situation de blocage à durée indéterminée au Maroc en raison tant de leur impossibilité de continuer vers lEurope que de rentrer dans leur pays dorigine.
En labsence de chiffres officiels, MSF estime, sur la base dun recensement réalisé en janvier 2010, que le nombre actuel de migrants sub-sahariens au Maroc sélève à 4 500. Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement exposées à toutes sortes de violence et dabus au cours du voyage et à leur arrivée au Maroc.
Les criminels communs et les réseaux de traite et trafic dêtres humains, en tant que principaux auteurs de ces attaques contre lintégrité physique et la dignité des femmes, selon la même source.
Même si peu de femmes osent parler des agressions quelles ont subies et encore moins les dénoncer, mais on devine, suite aux informations recueillies par MSF, un phénomène aux proportions immenses, qui requiert une approche immédiate et audacieuse sur le plan institutionnel, national et international, afin de fournir une prise en charge adéquate aux victimes. Ceci étant, les cas de violence sexuelle traités dans les projets sont une constante et une augmentation progressive a été enregistrée à partir de juillet 2009, ce qui démontre une tendance alarmante.
Entre mai 2009 et janvier 2010, une femme sur trois prise en charge par MSF à Rabat et Casablanca a admis avoir subi un ou plusieurs épisodes de violence sexuelle, que ce soit dans son pays dorigine, pendant le processus de migration ou une fois sur le territoire marocain.
« Ce chiffre pourrait être plus élevé puisque certaines femmes ont refusé de parler ou nont pas reconnu ce que leur propre témoignage mettait en évidence. Lusage de la violence sexuelle devient ainsi une des pratiques violentes les plus courantes subies par les femmes dans le contexte des migrations », ajoute la même source.
Ainsi, au total, dans ses activités, MSF a documenté lhistoire de 63 patientes (8) qui ont déclaré avoir été victimes de violence sexuelle. De nombreuses femmes subissent des viols dans leurs pays dorigine, sont à nouveau victimes d’épisodes de violence sexuelle sur le trajet avant dêtre de nouveau attaquées à la frontière ou sur le territoire marocain.
Lâge de ces 63 patientes allait de 2 à 40 ans. Il est particulièrement grave de constater que parmi ces femmes, 21,5 % sont mineures, dont 10% ont moins de 16 ans. Les femmes MSS sont majoritairement originaires de la République démocratique du Congo (RDC), principalement des zones les plus touchées par le conflit armé, et du Nigeria ; elles appartiennent majoritairement aux ethnies Ibo et Yoruba, celles qui sont le plus exclues du partage des richesses de ce pays.
Elles viennent aussi notamment du Cameroun, du Congo-Brazzaville, de la Côte dIvoire et de la République centrafricaine (RCA). Les femmes et mineures non accompagnées sont victimes dagressions qui demeurent impunies et presque cachées, de la part de criminels ordinaires ou d’autres migrants sub-sahariens de leur entourage. La peur engendrée par leur situation irrégulière les empêche généralement de dénoncer les faits. Dautres femmes sont sous lemprise des réseaux de traite ou de trafic dêtres humains.
Sur les 63 femmes interrogées, un tiers a déclaré avoir subi des abus sexuels au Maroc en dehors de la ville dOujda. Médecins sans frontières est un témoin direct de limpact de la violence sexuelle sur les femmes migrantes sub-sahariennes depuis leur lieu dorigine jusquà leur séjour obligé au Maroc et de limpact considérable sur leur santé physique et affective.
Bien quau Maroc, depuis quelques années, la lutte contre la violence domestique et sexuelle est devenue une priorité, comme lindiquent les différentes mesures adoptées par certains départements ministériels en collaboration avec les associations locales, les chiffres sont là pour montrer laggravation de la situation.

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