La voix des prisonniers sahraouis retentit au Maroc. Abbas El Fassi face à un drame humanitaire

La présidente de lAssociation marocaine des droits humains, a appelé le Premier ministre marocain à intervenir pour «sauver la vie» des détenus politiques sahraouis. Létat de santé des militants des droits de lhomme détenus dans les prisons du Royaume saggrave jour après jour. Ils ont entamé leur second mois de grève de la faim. Leur message, leur cri de détresse sont entendus à travers le monde, portés par des organisations non gouvernementales, des associations internationales des droits de lhomme…Leur voix a, cette fois-ci, retenti au Maroc. LAMDH sen est fait lécho. «Nous vous appelons à intervenir durgence auprès de vos services chargés du dossier pour sacquitter de leur devoir et respecter les droits et les libertés, sachant que la question relève du droit à la vie, consigné dans la Déclaration universelle relative aux droits civils et politiques, ratifiée par notre pays», a écrit dans une lettre adressée au Premier ministre marocain, lAssociation marocaine des droits de lhomme. Le texte répercuté par lagence de presse officielle sahraouie SPS est signé par sa présidente, Khadija Riyadi. Quelle sera la réaction du gouvernement marocain à la démarche de la militante marocaine des droits de lhomme qui a été désignée «personnalité de lannée 2009»? Le discours musclé du souverain marocain prononcé le 6 novembre 2009 à Ouarzazate, à loccasion du 34e anniversaire de la Marche verte, ne laisse pas de marge de manoeuvre à ce type dinitiative. «En toute responsabilité, nous affirmons quil ny a plus de place pour lambiguïté et la duplicité: ou le citoyen est marocain, ou il ne lest pas. Fini le temps du double jeu et de la dérobade. Lheure est à la clarté et au devoir assumé. Ou on est patriote ou on est traître. Il ny a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison. On ne peut jouir des droits de la citoyenneté, et les renier à la fois en complotant avec les ennemis de la patrie», avait déclaré Mohammed VI. Lhériter du trône alaouite a joint le geste à la parole. Une semaine après, le 13 novembre 2009, Aminatou Haïdar, de retour de New York où elle venait de recevoir le Prix du courage civique de la Train Fundation, a été expulsée vers lîle de Lanzarote aux Canaries pour avoir inscrit Sahara occidental sur sa fiche dentrée pour indiquer son pays de résidence. LAssociation marocaine des droits humains nest pas restée silencieuse. Dans un communiqué, son bureau central qui sétait réuni le 30 novembre a déclaré: «Le Bureau central sest concerté sur la mesure arbitraire prise à lencontre de la citoyenne Aminatou Haïdar lexpulsant et partant, la forçant à lexil sans aucune décision judiciaire et demande aux autorités marocaines de lui permettre de regagner son pays.» Le soutien de la présidente de lAMDH à la militante sahraouie des droits de lhomme nallait souffrir aucune ambiguité. «A cette occasion, jappelle Madame Aminatou Haïdar, en tant que présidente de lAssociation marocaine des droits humains, à cesser sa grève de la faim pour la préservation de son droit à la vie et son intégrité physique et afin quelle puisse retrouver, saine et sauve, ses enfants et regagner sa ville Laâyoune. Jappelle, de même, les autorités marocaines à corriger lerreur commise en expulsant Aminatou Haïdar et lui permettre de regagner son pays dans les plus brefs délais avant quil ne soit trop tard», avait clairement affirmé Khadija Riyadi. Ceux qui connaissent lesprit de cette dame généreuse qui sest totalement dévouée à la défense des droits de lhomme et qui mène une lutte farouche contre toutes les formes dinjustice la décrivent ainsi: «Farouchement indépendante et animée dune réelle conviction, Madame Riyadi appartient à cette espèce rare de femmes et dhommes politiques qui ont su se tenir à lécart de la courtisanerie, de la lâcheté et de la prostitution politique. Quand tout ce que compte le Royaume délites, courrait derrière les privilèges liés à la proximité du pouvoir, à commencer par la proximité avec lami du roi et son parti, Khadija Riyadi a préféré la fréquentation et le soutien des pauvres, des laissés-pour-compte et de ce qui reste encore de contestation sociale. Cest son monde, cest sa vie», peut -on lire sur la Toile. Le roi du Maroc qui a fait de la question du Sahara occidental une affaire de souveraineté nationale, restera-t-il silencieux face à cette voix puissante et indépendante? Le discours de Ouarzazate qualifie de «traîtres» tous ceux qui soutiennent ou reconnaissent la légitimité du peuple sahraoui. «Ils savent plus que dautres que le Sahara est une cause cruciale pour le peuple marocain, uni autour de son Trône qui est le dépositaire et le garant de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale», avait indiqué dans son message, Mohammed VI, le 6 novembre 2009. Khadija Riyadi a, quant à elle, choisi la voix de la justice, quitte à faire grincer des dents les autorités marocaines.
LExpression, 20/4/2010

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*