Espagne : des ONG dénoncent le gouvernement espagnol pour ses ventes darmes au Maroc

Madrid, 10/04/2010 (SPS).- Sept ONG de défense des droits de lhomme ont déposé une plainte administrative pour dénoncer la vente darmes par le gouvernement espagnol au Maroc, un pays qui « viole systématiquement les droits de lhomme de la population civile sahraouie ».


Cest la première fois dans lhistoire de lEspagne quune plainte de cette nature a été présentée contre la vente darmes à un pays étranger, selon les plaignants qui ont exigé du gouvernement socialiste de Zapatero de « respecter la loi », de se conformer aux conventions internationales et de cesser de vendre de larmement au Maroc.

La plainte a été enregistrée vendredi au ministère de lIndustrie, du Tourisme et du Commerce qui est linstance chargée dautoriser, de sopposer aux exportations de larmement espagnol à létranger ou de révoquer les autorisations déjà accordées.

Cette dénonciation sest basée sur la loi sur le commerce des armes, approuvée en décembre 2007, selon laquelle lEtat espagnol doit tenir compte du code de conduite de lUE et ne doit pas, par conséquent, vendre de larmement à des pays en conflit qui violent les droits de lhomme, notamment.

Pour lavocate espagnole, Ines Miranda, membre de lAssociation internationale des juristes pour le Sahara occidental (AIJSO), le Maroc ne répond pas aux critères fixés puisquil « viole les droits de lhomme, constitue un risque pour la stabilité dans la région et ne respecte pas le droit international, et lacquisition darmes occasionne un grave déséquilibre dans son économie », a-t-elle affirmé dans une déclaration à la presse.

Lavocate de la militante sahraouie Aminatou Haidar a ajouté que le Maroc est « lexemple typique et visible » de ce profil car, a-t-elle expliqué, « depuis 1975, il occupe de manière violente le Sahara occidental, séparé avec un mur militarisé plus long que celui de Berlin, ne respecte aucune convention internationale et détient plus de 50 prisonniers de conscience dans des prisons militaires ».

« Le Maroc est donc lexemple le plus claire de pays qui ne doit bénéficier daucune licence ni autorisation de vente darmes de la part de lEspagne », a affirmé Ines Miranda, appelant dans ce sens les autorités de son pays à « naccorder aucune de ces autorisations tant que le Maroc persiste à violer systématiquement les droits de lhomme, à reconsidérer et annuler les licences déjà accordées et à respecter la loi dans ce domaine ».

Pour sa part, le président de lAssociation des familles de prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA), Abdeslam Omar, a dénoncé le Maroc qui « utilise les armes que lui vend lEspagne pour réprimer la population civile sahraouie dans les territoires occupés ».

« Cela pourrait être interprété comme un signe dencouragement pour perpétuer cette situation de violation des droits de lhomme, particulièrement à un moment où le Maroc continue darrêter, de manière arbitraire, des dizaines dactivistes et de défenseurs des droits de lhomme, dont 31 dentre eux sont en grève de la faim depuis plus de 24 jours », a-t-il ajouté.

La plainte a été adressée également aux membres du Conseil interministériel espagnol chargé des exportations, au président permanent de lUE, au Parlement européen, au Haut commissaire des droits de lhomme des Nations unies, au président du Conseil de sécurité de lONU et à son secrétaire général, Ban Ki-Moon, selon les plaignants.

Elle a été déposée par la Commission espagnole daide au réfugié (CEAR), lAssociation des familles de prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA), lAssociation de défense des droits de lhomme dEspagne (APDHE), lAssociation internationale des juristes pour le Sahara occidental (AIJSO), lObservatoire asturien des droits de lhomme pour le Sahara occidental, lObservatoire dAragon pour le Sahara occidental et lAssociation canarienne des juristes pour la paix et les droits de lhomme.(SPS)

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