Or donc, Sarkozy, somme, aujourd’hui, mercredi 9 février 2011, ses ministres de passer leurs vacances en France. Pour étouffer les polémiques sur leurs vacances au Maghreb ? La sommation vaut « évidemment » aussi pour Sarkozy, écrit le porte-parole du gouvernement, François Baroin (à Matignon), dans un texte publié par l’Elysée (et non par Matignon ; on appelle ça coordonner l’information), texte qui ajoute : « Ce qui était commun il y a encore quelques années peut choquer aujourd’hui. Cela doit donc être strictement encadré » (j’aime bien la formule « peut choquer aujourd’hui »). Autrement dit, Sarkozy, qui s’était (un peu vite ?) aventuré à promettre en 2007 une République « irréprochable », croit pouvoir étouffer, d’une part, la polémique autour des récentes vacances en Tunisie de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie (avec son compagnon qui du reste est lui aussi ministre). Et d’autre part, la polémique autour des récentes vacances de François Fillon en Egypte.
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Les vacances à l’étranger seront, à l’avenir, uniquement autorisée en accord avec la « cellule diplomatique de l’Elysée » et si elles sont « compatibles avec la politique étrangère de la France ». Il semble y avoir ici mélange entre vacances et voyages. Les modalités des voyages (vacances ?) seront examinées par le « secrétariat général du gouvernement, qui les autorisera ou les interdira » (en accord avec la « cellule diplomatique de l’Elysée » ?). Le Premier ministre français Fillon, de son côté, a annoncé des mesures pour prévenir « les conflits d’intérêt dans la haute fonction publique ». Comme ceux qui ont coûté son poste à l’ancien ministre du Travail Eric Woerth en 2010 ? Fillon a annoncé le prochain dépôt d’un projet de loi pour fixer des « règles déontologiques ». A l’avenir, les ministres devraient théoriquement produire une « déclaration d’intérêts » qui ferait apparaître les « conflits éventuels ».
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Autrement dit, les voyages (vacances ?) à l’étranger seront, à l’avenir, uniquement autorisé en accord avec la « cellule diplomatique de l’Elysée », uniquement s’ils sont « compatibles avec la politique étrangère de la France », après examen par le « secrétariat général du gouvernement, qui les autorisera ou les interdira » et en respect des mesures pour prévenir « les conflits d’intérêt dans la haute fonction publique ». Purée, si j’étais ministre, je n’oserais même pas me rendre à Andorre ou à Monaco le week-end. Pour mémoire, il est reproché à Michèle Alliot-Marie (MAM) d’avoir « emprunté » (gratos) – à deux reprises – l’avion privé d’un homme d’affaires tunisien. En fait, ce qui est surtout reproché à MAM, c’est d’avoir raconté qu’en descendant de son avion à Tunis, elle (avec son compagnon qui est lui aussi ministre) est tombée par inadvertance sur un homme d’affaire tunisien (pro-Ben Ali à 300%), qui lui a inopinément proposé de monter dans son jet ; son jet qui se trouvait là, à ce moment précis, par le plus pur hasard.
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Fillon a de son côté admis avoir séjourné à Assouan, en Egypte, avec son épouse et ses enfants, à l’invitation des « autorités égyptiennes ». Fillon a également admis avoir « emprunté » (décidément l’emprunt est une manie chez ce gouvernement) un avion gouvernemental égyptien pour une excursion à Abou Simbel. A ce propos, Sarkozy (avec Carla) a lui-même passé quelques jours au Maroc, où il a été logé dans une résidence du roi Mohammed VI, lors des fêtes de fin d’année. Sarkozy a également passé le week-end dernier à New York, où il s’est rendu depuis Varsovie, à bord d’un avion de la flotte gouvernementale, pour visiter son fils Louis, en payant ce voyage privé « au prix des avions de ligne », raconte l’Elysée. Sarkozy a lancé le slogan de l’impérative diffusion d’une « véritable culture de la déontologie dans la vie publique » et il a ajouté que ce n’est qu’en étant « irréprochables que les personnes qui exercent de hautes responsabilités renforceront la confiance des citoyens dans les institutions de l’Etat » (il s’agit donc bien de propos tenus en 2011, en vue de 2012 ; et non pas de propos tenus en 2007, même si les mots utilisés se ressemblent furieusement).
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Sarkozy a encore ajouté que les exigences en matière de morale publique se sont accrues considérablement et qu’il « convient de le comprendre et d’en tirer les conséquences ». Il a donc dit cela (je précise) la veille de son intervention télévisée (demain) face à un panel de Français (auront-ils le droit de parler du Maroc, de la Tunisie et de l’Egypte). Sarkozy en a remis une couche en assenant que les attentes des Français en la matière étaient légitimes et qu’ils étaient en droit d’exiger de tout responsable public une « réelle transparence ». Il se raconte à Matignon que Sarkozy aurait songé ce week-end (songé avec Carla) à virer Michèle Alliot-Marie et à la remplacer par le ministre de la Défense Alain Juppé (qui lui a toujours été « irréprochable ») ou par le responsable de l’Agriculture Bruno Le Maire (qui a toujours eu de grandes compétences en matière de politique étrangère). Les révélations sur le voyage égyptien du Premier ministre Fillon auraient dissuadé Sarkozy de virer MAM. Car virer MAM, ce serait fragiliser Fillon. Et virer Fillon, ce serait fragiliser Sarkozy. Aussi.
Monde Info, 09/02/2011
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