Il y a trois semaines, l’Hôpital Al-Farabi recevait Zeineb, une enfant de 11 ans, dans un état critique avec les cheveux rasés et des traces de torture bien visibles sur tout son corps, des contusions à la tête et une haute fièvre à cause des brûlures dans la bouche et les parties génitales. Elle avait aussi des coupures et des contusions sur différentes parties du corps.
Sa famille a accusé son employeur et son épouse, un juge de la ville d’Oujda.
Plusieurs associations civiles se sont mobilisées pour éclaircir l’affaire et demandé de prendre les mesures adéquates contre les agresseurs.
Malgré que la petite fille avait dénoncé le couple employeur, la justice essaie de diminuer la gravité de l’affaire en limitant l’accusation à l’épouse du juge inculpé par la famille de la victime.
Ainsi le procureur général du Roi près la cour d’appel d’Oujda a annoncé que l’épouse a été déférée devant le Parquet général du tribunal de première instance de la ville, en état d’arrestation.
Un communiqué du procureur général du Roi près la cour d’appel d’Oujda, parvenu jeudi à la MAP, indique que le parquet général près le tribunal de première instance de la ville a décidé de poursuivre l’accusée pour les faits qui lui sont reprochés.
Le procureur général près la cour d’appel d’Oujda indique également avoir présenté une requête au Premier président de la même juridiction pour ouvrir une enquête sur cette affaire avec le juge, époux de la personne poursuivie.
Le juge d’instruction près la même cour a été chargé d’entamer la procédure d’enquête avec ledit juge, précise la même source.
Le cas de la petite Zeineb illustre la situation dans laquelle se trouvent les petites filles devant le regard complice du Gouvernement. Elles sont pratiquement réduites à l’esclavage et leur situation a été dénoncée par deux organisations nord-américaines, Human Rights Watch et Domestic Child, dans leurs rapports. Pour ces créatures la rémunération se limite à un peu de viande et quelque chose pour s’habiller. Et elles seront contentes si elles n’ont pas ét abussées sexuellement.
La réalité vécue par les enfants marocains issus de familles citadines ou rurales défavorisées est bien éloignée de l’idéal énoncé par l’ONU. La violence, les enfants la subissent sous plusieurs formes. Selon l’Organisation Internationale du Travail, le Maroc reste aux côtés de la Chine et de l’Inde « l’un des pays présentant les pires formes de travail des enfants ». Leur nombre est évalué à 600.000, dont l’âge s’échelonne entre 6 et 15 ans. Les salaires se situent en dessous de toutes les normes, les heures ne sont aucunement réglementées. Les garçons occupent des emplois dans les commerces ou des entreprises. Les filles sont employées dans le textile et de nombreuses autres, entre 7 et 10 ans, recrutées dans les campagnes et littéralement achetées à des parents très pauvres, deviennent les « petites bonnes » taillables et corvéables à merci dans les familles citadines. Des tentatives pour scolariser quelques heures par semaines ces enfants travailleurs restent des exceptions. Ceux qui ne peuvent plus supporter les conditions de travail accompagnées assez souvent de brutalités commises par l’employeur, s’enfuient et vont grossir le flot des « enfants des rues » issus de familles pauvres déstructurées, enfants de mères célibataires, enfants abandonnés. Ces enfants, certains très jeunes, vivent dans l’insécurité totale de la rue, sans aucune hygiène, mal nourris, exposés à l’exploitation sexuelle dès dix ans, aux rafles de la police, emprisonnés souvent puisque le vagabondage est un délit…
Cela se passe au Royaume du Maroc, pays qui, aux yeux de l’Union Européenne, a mérité un statut avancé par rapport aux autres pays du Maghreb, et aux yeux de la France, est un exemple en matière de droits de l’homme et démocratie.
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