La France en territoires occupés rencontre les colonisateurs, pas les colonisés

Les 22, 23, et 24 mars 2010, une délégation française officielle s’est rendue au Sahara Occidental occupé par le Maroc.

Selon des témoins, le groupe reçu par le Wali de El Aaiun. Selon la presse marocaine, la délégation était composée de deux haut fonctionnaires du ministère de l’intérieur français, de deux représentants permanents de la France à l’ONU, accompagné du conseiller politique et de l’attaché à la défense de l’ambassade de France au Maroc.

Les informations en provenance des territoires occupés du Sahara Occidental sont tous les jours plus inquiétantes, les atteintes aux droits de l’homme se multiplient sur la population Sahraouie.

Il y a quelques mois, Aminatou Haidar a mis sa vie en jeu par plus d’un mois de grève de la faim pour le respect de ses droits.

Aujourd’hui, 32 prisonniers politiques, militants Sahraouis, sont en grève de la faim depuis 16 jours pour le respect du minimum de leurs droits, à Salé, Tiznit, Marakech et El Aaiun. L’état de santé de certains était déjà précaire du fait des conditions carcérales marocaines.

Au niveau international, le Secrétaire de l’ONU est quotidiennement sollicité par des organisations Sahraouies, des institutions et individus du monde entier pour que son prochain rapport n’omette pas cette réalité, et que la Minurso soit chargée de la surveillance du respect des Droits de l’Homme au Sahara Occidental.

Les associations Sahraouies de défense des Droits de l’Homme et de défense du Droit à l’Autodétermination, ASVDH, et CODAPSO, ont adressé une demande d’audience à cette délégation française.

Le courrier ci-dessous, adressé à la représentation permanente de la France à l’ONU, et à l’ambassade de France au Maroc est resté sans réponse jusqu’à ce jour.

Malgré un relais en France, le courrier n’a pu être adressé directement au Ministère des affaires étrangères Français. Les services du quai d’Orsay ont refusé de communiquer le nom des interlocuteurs à contacter pour prendre rendez-vous. Ils ont indiqué que les fonctionnaires n’avaient pas à « rendre de compte aux citoyens, ou associations, qui ne sont rien ni personne».

La délégation officielle française, pays des Droits de l’Homme, n’a pas souhaité entendre les deux parties, dans cette période où il est question de faire cesser l’impunité totale des brutalités commises en territoire occupé par la puissance illégitime, pour assainir la situation et favoriser le travail de l’ONU vers la décolonisation du territoire, action soutenue internationalement.

La délégation aurait-elle préféré le faste et les apparences, à l’image de son président qui était à Noël l’invité personnel du roi du Maroc…
Voir ci-dessous la lettre des organisations sahraouies.

ASVDH et CODAPSO
El Aaiun
à Messieurs les représentants du MAE Français les représentants de la France à l’ONU
Objet : demande d’audience

Messieurs

Nos organisations, ASVDH et CODAPSO, défendent respectivement les droits de l’homme au Sahara Occidental, militent pour la protection des Sahraouis et la reconnaissance des exactions qui sont commises contre notre population par l’état Marocain, et défendent le droit à l’autodétermination de notre peuple, sur notre terre et nos ressources naturelles.

Depuis le 21 mai 2005, la population Sahraouie de la zone contrôlée par le Maroc exprime sa demande que soit respecté son droit à l’autodétermination par des manifestations pacifiques dans les différentes villes du Sahara Occidental.

Vous savez que nous n’avons jamais cessé de résister depuis 1975 date de l’invasion militaire marocaine de notre territoire, et de demander l’application de notre droit à l’autodétermination depuis les accords de cessez-le-feu signés sous l’égide de l’ONU en 1991, et qui en était la condition mutuellement acceptée.

Depuis 1999 et plus encore 2005, les autorités marocaines répondent invariablement par de violentes répressions, des arrestations et emprisonnements arbitraires, des mauvais traitements et tortures dans les commissariats et dans les prisons, de l’intimidation et des menaces, des procès sommaires avec de très fortes condamnations, et cela à chacune de nos revendications, et manifestations, toujours pacifiques.

Nous avons appris que vous veniez en visite dans notre pays du 22 au 25 Mars 2010 et souhaitons vivement vous rencontrer pour vous expliquer ce que nous vivons, mais aussi entendre de votre part les raisons de la position de la France.

Nous sommes à votre disposition pour toute rencontre, nous vous prions d’agréer, Messieurs les représentants du ministère des affaires étrangères en France, messieurs les représentants de la France à l’ONU, nos salutations distinguées.

APSO, le 2 avril 2010 

 
 

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