Le Soir : Ban Ki-moon refuse l'assistance à une population en danger

BAN KI-MOON REFUSE D’ÉLARGIR LES PRÉROGATIVES DE LA MINURSO
Non-assistance à populations civiles en danger
Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies a refusé d’élargir le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) à la protection des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir).- L’ONU n’est pas prête à assurer la protection des populations civiles vivant dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. Le secrétaire général de l’ONU l’a, encore une fois, confirmé dans son récent rapport relatif à la situation au Sahara occidental. «Je suis préoccupé par la situation en matière des droits de l’homme. Chacune des parties accuse l’autre de violations commises à l’encontre des Sahraouis dans le territoire et les camps de réfugiés et toutes deux nient les accusations portées contre elles. J’appelle une fois de plus les parties à poursuivre le dialogue continu et constructif engagé avec le Haut- Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en vue de garantir le respect des droits de l’homme du peuple du Sahara occidental dans le territoire et dans les camps de réfugiés. Il est dans l’intérêt de l’ONU et de l’ensemble de la communauté internationale de promouvoir le respect des normes internationales relatives aux droits de l’homme et de veiller à ce que chacune des parties au conflit comprenne ses responsabilités à cet égard», indique-t-il dans son dernier rapport. On note que Ban Kimoon met le Maroc et le Front Polisario dans le même sac. Un fait des plus étonnants puisque dans ce même rapport, il reconnaît que les violations des droits de l’homme sont commises par les services et l’administration coloniale. «En août, six jeunes Sahraouis auraient été arrêtés à l’aéroport d’Agadir et les autorités marocaines les auraient empêchés de se rendre au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, où ils étaient invités par une organisation non gouvernementale locale à participer à une conférence avec des étudiants marocains et des représentants des camps de Tindouf et de plusieurs pays européens (…) En octobre, un groupe de militants sahraouis bien connus qui s’étaient rendus dans les camps de Tindouf, lors d’une visite largement médiatisée, a été arrêté à son retour avant d’être accusé de trahison par un tribunal militaire. La seule femme du groupe a été libérée de prison le 28 janvier pour raison de santé. Les représentants du Front Polisario m’ont écrit à plusieurs reprises pour me demander d’assurer la sécurité et la sûreté des Sahraouis et de les faire libérer des prisons marocaines (…) S’agissant de la détention, le 14 novembre (voir par. 7), de Mme Haidar, résidente de Laâyoune et éminente militante des droits de l’homme, les autorités marocaines ont déclaré qu’elle avait refusé d’indiquer la mention “nationalité marocaine” sur son formulaire d’immigration. Elles lui ont retiré son passeport marocain et l’ont expulsée vers les îles espagnoles des Canaries. Mme Haidar a commencé une grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote pour réclamer son retour chez elle, auprès de sa famille, à Laâyoune. Sa situation a retenu l’attention des médias du monde entier. Sa grève de la faim a fini par susciter l’intervention de hauts responsables de divers pays, dont l’Espagne, la France et les États-Unis. J’ai fait part de ma préoccupation au sujet de la santé de Mme Haidar et de la montée des tensions au ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos Cuyaubé, et au ministre marocain des Affaires étrangères, M. Fassi-Fihri, que j’ai rencontré pour lui demander de résoudre cette situation. Après 32 jours, Mme Haidar a été autorisée par les autorités marocaines à retourner à Laâyoune et a suspendu sa grève de la faim», a relevé le secrétaire général de l’ONU. Il fera, toutefois, l’impasse sur les multiples atteintes que subissent au quotidien les populations, notamment les militants des droits de l’homme, actuellement en grève de la faim dans les prisons marocaines. Le seul acte relevé par Ban Kimoon sur de prétendues violations des droits de l’homme commises dans les camps de réfugiés a été rapporté par le ministre marocain des Affaires étrangères. Ce dernier a accusé l’Algérie et le Haut-Commissariat (HCR) d’être responsables de ces dépassements… Finalement, le secrétaire général de l’ONU n’aura donné aucune suite aux multiples demandes formulées par des personnalités et des associations internationales afin d’élargir le mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme. Comme ses prédécesseurs, Ban Ki-moon s’est contenté de reconduire la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.

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