Le Sommet des monarchies du Golfe qui vient de se tenir à Riyad a accueilli favorablement la demande d’adhésion de la Jordanie et du Maroc à leur groupement régional, le Conseil de coopération des pays du Golfe. Les dirigeants du CCG ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères d’entamer des négociations avec leurs homologues de Jordanie et du Maroc, pour parachever les dispositions nécessaires à une telle adhésion. Le secrétaire général du CCG a lu devant les journalistes un bref communiqué, sans donner aucune explication à ces décisions inattendues, la Jordanie et le Maroc n’ayant pas fait acte, du moins publiquement, d’une demande d’adhésion au CCG, un club fermé depuis sa création en 1981.
En revanche, le Yémen, pays pauvre de la Péninsule arabique, cherche depuis de longues années à obtenir une pleine adhésion au CCG, qui ne lui a ouvert que certains de ses organismes techniques. Essentiellement consacrées à la situation dans les pays arabes secoués par des révoltes, ces demandes d’adhésion, surtout celle du Maroc, a crée la surprise lors de ce sommet réunissant les six États membres du Conseil des pays du Golfe. Sans vouloir rentrer dans les formalités, ou autres procédures, l’adhésion de ces deux pays est quasiment effective. Si la Jordanie, Royaume hachémite est un pays voisin du Golfe, le Maroc, Royaume chérifien, est en revanche plus éloigné. Du côté de certains observateurs à Riyad, on est certes dubitatif, mais on comprend que tous ces pays sont avant tout des monarchies qui veulent jouer la carte de la solidarité sur un plan économique et sécuritaire dans le Golfe. Une région qui n’a pas été épargnée par le vent des révoltes qui a soufflé ces derniers mois.
Le 25 mai prochain, le Conseil de coopération des pays du Golfe fêtera ses 30 ans. Un Conseil, doit-on le rappeler, crée sous la pression des États-Unis et dont le but est d’assurer la stabilité économique, financière et politique de toute la région. Mais en acceptant l’adhésion du Maroc et de la Jordanie, le CCG veut de toute évidence, changer de cap et de stratégie. Certains pays membres du Conseil tel le Qatar, font dans un activisme diplomatique débordant et se sont fortement impliqués dans la crise libyenne. Le petit Émirat ambitionne même de diriger la Ligue arabe et a déjà un candidat pour remplacer l’Égyptien Amr Moussa. Mais l’adhésion du Maroc, si elle se concrétise pose un certain nombre de questions dans la mesure où elle torpillerait l’Union du Maghreb Arabe, quasi-moribonde, même si Rabat s’est empressée de déclarer qu’elle restait attachée à l’Union maghrébine et continuera à oeuvrer à la consolidation de l’UMA. Certes chacun des pays maghrébins est libre et souverain de ses décisions politiques et de la conduite de sa politique étrangère.
Faut-il rappeler que le Maroc, du temps du défunt Hassan II, avait demandé le plus sérieusement du monde son adhésion à l’Union européenne. Il bénéficie aujourd’hui du statut avancé avec l’UE et de beaucoup de complaisances, notamment de la part de la France pour son occupation militaire illégale du Sahara Occidental. En définitive, son adhésion au CCG , ne vise-t-elle pas en réalité à isoler le grand voisin algérien, au moment où Rabat ameute le banc et l’arrière-banc de ses pays amis afin qu’ils fassent pression sur l’Algérie pour qu’elle ouvre ses frontières terrestres avec un pays qui vise notamment la manne des millions de touristes algériens qui ne sont pas très chauds pour se rendre cet été en Tunisie. Duplicité d’un pays, qui tout en clamant son amitié retrouvée avec l’Algérie, a manoeuvré habilement pour bloquer la candidature de l’ambassadeur Djazairi au Groupe des 77.
Mokhtar Bendib
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 12/05/2011
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