Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six monarchies de cette région (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), s’apprête à accueillir de nouveaux membres : le Maroc et la Jordanie.
Deux pays qui ont la double particularité d’être des monarchies, mais aussi éloignées géographiquement du Golfe, le premier se situant au Maghreb tandis que l’autre appartient à la sphère moyen-orientale. Est-ce que, s’interroge-t-on déjà, parce que ce sont des monarchies puisque la simple logique aurait voulu que toute extension se développe à l’échelle de la région, comme s’il s’agissait de cercles concentriques, l’opération incluant un large accord politique sans lequel rien ne sera possible ?
Le secrétaire général du CCG a lu devant les journalistes un bref communiqué, sans donner aucune explication à ces décisions inattendues, la Jordanie et le Maroc n’ayant pas fait acte, du moins publiquement, d’une demande d’adhésion au CCG, un club fermé depuis sa création en 1981. En revanche, le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, cherche depuis de longues années à obtenir une pleine adhésion au CCG, qui ne lui a ouvert que certains de ses organismes techniques. Le CCG, rappelle-t-on, est un ensemble régional arabe, aux côtés de deux autres, l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui ne s’est plus réunie en sommet depuis 1994, et le Conseil de coopération arabe (CCA) incluant l’Egypte, l’Irak et la Jordanie, appelé aussi «conseil de conspiration arabe» lors de la première guerre d’Irak, en 1991. Cet ensemble mort-né n’a d’ailleurs jamais fonctionné. Le plus actif, constate-t-on encore, reste le CCG, alors qu’à titre d’exemple, l’UMA vit une véritable paralysie depuis que le Maroc a demandé, en 1995, la suspension de ses activités en signe de protestation contre le soutien de l’Algérie au peuple du Sahara occidental.
D’ailleurs, Rabat a toujours conditionné la relance de cet ensemble au règlement de cette question qui entérinerait une reconnaissance de son occupation du Sahara occidental dans le cadre de ce que les Marocains appellent leur «intégrité territoriale». Ce que les autres Etats membres (Algérie, Libye, Mauritanie et Tunisie) n’ont jamais accepté, considérant que l’intégrité en question, telle que reconnue par l’ONU lors de l’admission du Maroc en son sein, n’est nullement menacée. En outre, le Maroc, malgré ses déclarations en faveur de l’UMA, a toujours voulu privilégier ce que l’on appelle parfois la coopération verticale, tentant même de vouloir intégrer l’ensemble européen, même si l’opération est impossible. Quelles sont donc les raisons objectives d’un tel rapprochement, l’idée qu’il s’agisse d’un Conseil de monarchies paraissant irrecevable ? Quant à la coopération politique ou sécuritaire, celle-ci a occupé une place véritablement réduite, sinon nulle, comme l’ont prouvé les différentes crises et même les guerres qui ont affecté cette région. Reste donc le volet économique et, pour le Maroc, il ne devrait pas être négligeable.
Le récent attentat de Marrakech est apparu comme un signal d’alarme. Il a permis de rappeler au royaume ses points faibles puisque cela s’est vite traduit par une baisse des réservations et, conséquemment, des revenus liés au tourisme. Cela s’ajoute au fait que la Caisse de compensation marocaine, dotée d’une enveloppe de plus d’un milliard de dollars pour soutenir les produits de base, pourrait se retrouver à sec dès le mois de juillet prochain si le pétrole et les autres matières premières poursuivaient leur ascension.Repousser en quelque sorte le cadre géographique, car il n’est pas sûr que la coopération avec l’UE soit mutuellement bénéfique. Ce qui laisse alors croire que la réouverture de la frontière terrestre avec l’Algérie demeure au stade des vœux.
Mohammed Larbi
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