Le ministère de l’intérieur s’intéresse au « postérieur » d’un détenu islamiste

Rabat.- Plusieurs responsables de journaux marocains ont reçu, hier jeudi 19 mai, et aujourd’hui 20 mai, des « éléments de dossier » en insistant pour qu’ils soient publiés. Il ne s’agit pas d’un communiqué officiel, ni de documents officiels, mais plutôt d’ « informations provenant de bonne source » sur deux affaires récentes qui ont défrayé la chronique.

La « bonne source », comme a pu le savoir Demain, est un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur qui préfère garder l’anonymat. Ce haut fonctionnaire de l’intérieur, qui supplante le ministère de la justice dans cette affaire (les prisons dépendent jusqu’à nouvel ordre du ministère dirigé par Mohamed Naciri), a demandé à ces publications de publier ces informations afin d’éclairer l’opinion publique marocaine.

La première affaire a trait à Bouchta Charef, ce détenu islamiste dont le poignant témoignage sur les tortures qu’il a subies au centre clandestin de Témara (les hommes d’Abdellatif Hammouchi, le patron de la DST, lui auraient provoqué des lésions en introduisant une bouteille dans son anus) a été visionné par des dizaines de milliers d’internautes sur YouTube. (Voir Vidéo 1 et vidéo 2)

L’« information » facilitée à la presse marocaine tend à démentir les tortures subies par Bouchta Charef. Lundi dernier, explique ce haut fonctionnaire sécuritaire, le postérieur de Charef aurait été ausculté par des médecins qui n’auraient rien relevé de particulier. Comme si les médecins qui dépendent de l’Etat marocain avaient une quelconque indépendance professionnelle. D’ailleurs, les noms de ces médecins et leurs spécialités n’ont pas été fournies.

Ce qu’on sait par contre c’est que la « bonne source » du ministère de l’intérieur s’en prend nommément à l’épouse de Charef en assurant qu’elle ne peut pas confirmer ce que raconte son mari parce qu’elle n’était pas à Témara au moment des faits.

Heureusement pour elle, parce que sinon on ne serait pas aujourd’hui en train de parler d’un postérieur mais de deux postérieurs malmenés.

L’autre « élément de dossier » concerne les récentes mutineries d’islamistes de la prison de Salé. Ce haut fonctionnaire a donné à ses interlocuteurs les noms des six matons de l’administration pénitentiaire qui ont été séquestrés par les salafistes en début de semaine.

Et pour dramatiser l’affaire il leur a demandé de publier qu’une fatwa salafiste condamnant les six fonctionnaires à mort avait été édictée en prison.

Pourtant, d’après un reportage d’Al Oula, la première chaîne de la télévision publique marocaine, on voit bien ces 6 fonctionnaires retenus contre leur gré sur le toit de la prison de Salé, mais on ne remarque aucune violence à leur encontre.

Cette fatwa, dont l’existence a été démentie par une source salafiste de la prison de Salé, n’a apparemment pas beaucoup de valeur ni de force. Aucun des six matons n’a été tué ni même blessé.
Badr Soundouss

Demain Online, 21/05/2011

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